Whisper - Ombre Fauve Tome 2

Chapitre 42-1

* à Sam... *

La pièce, certainement un ancien espace de stockage, était immense. A tel point que les veilleuses de sécurités ne formaient que des halos rougeâtres et diffus. Mais ce qui avait retenu notre attention et la captait toujours, était les cages en barbelés, identiques à celles de l'entrée. Alignées le long des murs et en double rangées, elles semblaient innombrables et surtout occupées. Dans certaines d'entre elles des corps gisaient, leurs souffrances et leurs désespoirs se lisant clairement sur leurs traits tourmentés.

— Mon Dieu ! entendis-je Lyn hoqueter.

Nicolas, qui la tenait toujours dans ses bras, s'empressa de la faire glisser doucement vers le sol. Elle chancela quelques instants mais parvint à rester debout, son regard choqué rivé au contenu macabre de la cage la plus proche.

— Tu penses qu'il peut y avoir des survivants ?

Ma voix, pourtant à peine plus forte qu'un souffle, me sembla retentir comme un coup de tonnerre dans le silence pesant et sépulcrale des lieux.

— Ils ont tout fait pour que ce ne soit pas le cas, me répondit Nicolas d'une voix vibrante de colère. Il n'y a ni eau, ni nourriture.

— On devrait peut-être s'en assurer ? dit Lyn en commençant à s'avancer vers l'une des cellules. Grant se trouve peut-être parmis eux !

— Stop ! lui ordonna Nicolas. C'est sûrement un piège.

— Pourquoi murer la porte dans ce cas ?!

— Justement pour qu'on ne se méfie pas.

— Piège ou pas, on se doit de vérifier, intervins-je en faisant les quelques pas qui me séparait de Lyn pour lui montrer mon soutien.

— Bien sûr, mais cette pièce est immense. Impossible de la sécuriser seul, attendons le retour de Storm, il ne devrait plus tarder,

Consciente qu'il avait raison mais frustrée de devoir patienter, j'employai les secondes qui s'égrenaient avec une lenteur désespérante à sonder la pénombre à la recherche d'un signe de vie. Mais les seuls sons qui me parvinrent furent les pas lourds de Storm, lorsqu'il nous rejoignit enfin quelques minutes plus tard. Je me tournais aussitôt dans sa direction, à l'instant où il déposait un corps inerte et ensanglanté sur le sol.

— Il est vivant ? demanda Lyn d'une voix sceptique.

— A peine, mais il respire toujours.

Nicolas les rejoignit en trois grandes enjambées et s'accroupis près du corps ravagé du loup-garou. Lorsque je m'approchai à mon tour j'eus du mal à reconnaître le jeune mercenaire blond et sûr de lui dans cette carcasse sanglante et à moitié carbonisée. Son visage était lacéré et brulé à plusieurs endroits et seul l'éclat d'une de ses prunelles bleues indiquait qu'il était malheureusement conscient.

— Ne lutte pas, lui murmura-t-il gentiment alors qu'une aura apaisante enveloppait le jeune loup qui émit un gémissement sourd pour toute réponse. Tu es jeune et assez fort pour t'en sortir, mais tu dois accepter de lâcher prise. Tu peux te laisser aller, on veille sur toi, continua Nicolas d'une voix apaisante et presque hypnotique.

Malgré la douceur et la quiétude qu'il envoyait par vague à Luc, je percevais l'inquiétude et la tension sous-jacente qu'il s'efforçait de canaliser. Lorsque le blessé céda enfin aux sirènes de l'inconscience, Nicolas se releva d'un bond, fusil à la main et regard braqué vers les profondeurs obscures de la pièce.

— Nous ne devons pas traîner ici, murmura-t-il. De toute évidence cette base est compromise depuis quelques jours au moins, vu le sors qu'ils ont réservé à leurs cobayes. Storm, porte Luc jusqu'à la voiture et...