Whisper - Ombre Fauve Tome 2

Chapitre 12-2

— Enfin... peut-être, ajouta-t-elle d'une voix timide et hésitante, certainement intimidée par tous les regards fixés sur elle.

— N'hésite pas, Lyn, dis-nous à quoi tu penses. Si cela t'est venu à l'esprit c'est qu'il y a certainement une bonne raison, l'encouragea gentiment Thomas bien qu'une certaine urgence se fasse entendre dans son ton un peu plus sec que d'ordinaire.

— Non c'est idiot. Je vais vous faire perdre un temps précieux pour rien...

— Arrête de te faire prier Lynda ! tonna Aaron, que toute patience avait définitivement déserté. Thomas à raison, personne n'a d'idée à part toi, alors pertinente ou non, ce sera déjà quelque chose.

Je la vis déglutir, tandis qu'elle braquait momentanément ses yeux sur le sol pour ne pas montrer son trouble à l'étalage de puissance involontaire d'Aaron. Malgré notre amitié j'avais envie de la secouer et de lui dire de se dépêcher, que chaque seconde comptait. J'allais craquer lorsqu'elle redressa la tête et ouvrit la bouche pour parler.

— Lors de mon passage dans une communauté mixte près de la petite ville historique de Harper Ferry, je suis littéralement tombée dans une sorte de cave en me promenant aux abords du terrain de l'ancienne fabrique d'armes, nous expliqua-t-elle avec un débit de mitraillette. Mais c'est idiot, ce n'est certainement pas...

— Pourquoi y as-tu repensé ? la coupa Waahana, d'une voix sérieuse et concentrée.

— Je ne sais pas vraiment. Je me suis souvenue de l'odeur de renfermé et de moisie et de la sensation de confinement... la pièce où j'avais atterri semblait n'être que le début d'un réseau de souterrains. Tout cela associé aux mots « Arm » et « Fact », sur l'instant ça m'a paru être une possibilité, mais...

— C'est très loin d'être inepte comme idée, commenta Aaron, une étincelle d'espoir éclairant momentanément ses prunelles sombres. Ta découverte remonte à combien de temps ?

— Trois ans, environ.

— Tu avais pu explorer un peu ? lui demanda à son tour Thomas, alors que Cooper commençait enfin à se réveiller en gémissement faiblement, détournant mon attention quelques secondes.

— Non. Il pleuvait, j'étais trempée et il y faisait si sombre au bout de quelques mètres que même ma vue de métamorphe n'était pas suffisante pour m'éviter de me perdre. Et... je ne sais pas... je me suis sentie instantanément mal à l'aise.

Aaron et Thomas échangèrent aussitôt un regard lourd de sens tandis que mon cœur faisait un petit bond dans ma poitrine. On tenait peut-être quelque chose.

— Tu saurais retrouver l'endroit, même après tout ce temps ?

— Oui, je pense. Mais le bosquet où je me promenais fait parti de la communauté de Blue Mountain, dirigé à l'époque par Grant Richardson. Si c'est toujours lui aux commandes, la « grande révélation » n'a certainement pas dû arranger sa paranoïa et il ne se sera pas déclaré. Son territoire doit être un vrai bunker.

Thomas grimaça et Aaron poussa un juron créatif et retentissant.

— Ce type est un crétin arrogant, doublé d'une brute ! Tu y es restée combien de temps ? demanda ce dernier d'un ton sinistre.

— Heureusement pas assez pour connaître toutes les charmantes facettes de sa personnalité ! lui répondit Lyn avec humour. Tu me connais, je n'ai pas tenu deux semaines.

— Avec lui ça n'étonne pas ! Quel était l'idiot qui avait eu l'idée de t'envoyer là-bas ?

— Une métamorphe que j'avais rencontré en traversant l'état. C'était l'automne, elle avait eu pitié de moi et m'avait invité parmis eux.