Whisper - Ombre Fauve Tome 2

Chapitre 36-2

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Une heure plus tard, nous nous reposions, encore détendus et heureux mais malheureusement de plus en plus conscient que notre parenthèse romantique touchait à sa fin. Je le sentais aux muscles un peu plus raidis de Nicolas reposant sous ma joue, tout comme à la tension qui refleurissaient dans ma nuque.

— Le départ est prévu pour quelle heure ?

J'avais posé ma question d'un ton innocent, mes doigts jouant doucement avec les poils de son bras, pourtant il se raidit et un soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'il tournait la tête vers moi.

— Je me demandais combien de temps tu allais tenir avant de remettre le sujet sur le tapis ? Tu espères vraiment que ce qu'il vient de se passer entre nous va me faire changer d'avis ?

— Te mettre un peu de plomb dans la cervelle, plutôt ! rétorquai-je aussitôt, essayant de masquer mon agacement et ma pointe de colère derrière de l'humour. 

Je me redressai sur mes avant-bras, puis m'assis contre la tête de lit, m'adossant à l'oreiller, le drap remonté sur la poitrine. Pour ce genre de discussion, les câlins et la nudité me paraissaient déplacés. Nicolas ne m'imita pas, se contentant de se hisser sur son bras droit en me regardant avec un demi-sourire.

— Tout ce qu'est parvenu à faire ce rapprochement, fort agréable d'ailleurs, c'est de finir de me persuader qu'il était indispensable que tu restes à l'abri.

— Tu peux m'ordonner ce que tu veux, mais...

— ... et mon crétin de loup a acquis la conviction que là où tu seras le plus en sécurité, c'est avec lui, interrompit-il ma réponse courroucée d'un ton encore plus agacé que le mien.

Pensant avoir mal entendu je restai un instant, coite, me contentant de le fixer la bouche ouverte, tel un poisson rouge neurasthénique.

— Tu veux dire que... tu as changé d'avis ?

— Mon loup, pas moi, grogna-t-il en se redressant avant de se positionner à genoux sur le matelas. C'est bien joué jeune louve, en liant nos loups aussi bien que nos esprits humains, tu t'es acquis un allié. Ombre est dorénavant tout dévoué à ta cause, du moment que tu restes près de lui.

— Cela signifie que tu vas renoncer à les accompagner pour rester ici et veiller sur moi ! m'exclamai-je, espérant avoir mal compris.

Pas que j'avais spécialement envie de me retrouver en présences de deux sadiques psychopathes cumulant plusieurs milliers d'années aux compteurs, mais rester là à attendre tandis qu'il risquerait sa vie était tout bonnement inenvisageable. Sans parler du doute atroce qui étreignait mon cœur mais que j'avais bridé jusqu'à présent pour ne pas me perturber plus que nécessaire. Ma mère était-elle toujours en vie ? Où était-ce encore un piège grossier d'Ivory ? Si c'était le cas, grossier ou pas, c'était un coup de maître car à présent que le doute avait pénétré mon esprit je ne trouverais pas la paix tant que je n'en aurais pas le cœur net.

— Non, cela signifie que tu viens avec nous, gronda-t-il en me montrant les dents dans un sourire crispé. Mais sache que je n'approuve toujours pas.

— Je sais que nous sommes très loin d'avoir le même âge, mais combien de temps va-t-il falloir pour tu me fasses confiance ?

— Plus que six petits mois, c'est certain ! Et tu te trompes, ce n'est pas un problème de confiance. Tu as beau être une louve très puissante, tu es aussi une sorcière, qui n'a derrière elle que six mois de pratique. Et encore, vu ce que m'a expliqué Lyn sur ton comportement d'autruche de ces derniers mois ! J'ai confiance en toi et en tes capacités, je trouve simplement que c'est beaucoup trop tôt et j'ai peur pour toi. Tu ne trouves pas ça normal ?