En ce 19 décembre, j'ai tout d'abord une requête à vous soumettre : allez lire le dernier paragraphe du 18 décembre ; lorsque je l'ai posté, il n'était pas complet, allez savoir pourquoi. Un problème avec l'enregistrement de mon document Word, je suppose. Maintenant, je vous présente ce livre un peu particulier :
Titre : Lorsque j'étais une œuvre d'art
Auteur : Éric-Emmanuel Schmitt
Résumé : Qui n'a jamais rêvé de devenir un objet ? Mieux même, un objet d'admiration ?
Tel est le pacte que scellent un artiste excentrique et un jeune homme désespéré. Le premier, avide de scandale, propose au second, avide d'exister, de le transformer en œuvre d'art.
Après tout, il n'a rien à perdre, sinon la liberté.Statut :One-shot
Citation : « J'ai toujours raté mes suicides. J'ai toujours tout raté, pour être exact : ma vie comme mes suicides. Ce qui est cruel, dans mon cas, c'est que je m'en rends compte. Nous sommes des milliers sur terre à manquer de force, d'esprit, de beauté ou de chance, or ce qui fait ma malheureuse singularité, c'est que j'en suis conscient. Tous les dons m'auront été épargnés sauf la lucidité. »
Je vous offre les quelques premières lignes de ce roman. Saisissantes, non ?
Je ne cautionne pas, bien sûr : je ne pense pas que ne pas arriver à se suicider est un échec, mais ce n'est pas ma faute si c'est l'état d'esprit du personnage ici présent.
Contexte de lecture : Je l'ai lu lors de ma première année en bibliothéconomie, j'avais 19 ans. J'ai choisi spécifiquement Éric-Emmanuel Schmitt dans la liste des choix, parce que c'est un auteur qui a toujours beaucoup à dire sur les thématiques qu'il développe. Je suis contente de ne pas l'avoir lu lorsque j'étais trop jeune. Je pense que je n'aurais pas eu la maturité de comprendre toutes les subtilités, et je pense même que je n'aurais pas trop apprécié le livre. Mais – eh ! – c'est à ça que ça sert, de vieillir, non ?
Concrètement, ça raconte quoi ? C'est l'histoire d'un homme qu'on pourrait considérer comme ordinaire, lorsqu'on le rencontre. C'est perdre l'envie de vivre. C'est être manipulé lorsqu'on est au plus bas. C'est être utilisé comme outil d'un énième succès. C'est perdre son humanité parce qu'on est considéré comme un objet. C'est perdre le droit de se libérer des autres et de soi-même. C'est un esclavage moderne. C'est une interrogation sur la condition humaine. C'est une question sur la chirurgie esthétique et sur l'importance de l'apparence. C'est une histoire de désespoir et de détresse profonds. C'est un récit d'humanité perdue aux yeux des autres... et d'humanité à reconquérir à ses propres yeux.
Pourquoi je vous le conseille ? Je vous le conseille parce que c'est vraiment une réflexion très intéressante sur la condition humaine. Est-ce qu'on peut vendre son humanité au point de ne plus être réellement considéré comme un être-humain ? Est-ce que, lorsqu'on se vend pour devenir objet, on est considéré comme esclave ? Est-ce réellement de l'esclavage lorsqu'on a vendu de son plein gré son libre arbitre ? Est-ce de l'esclavage, si on a été manipulé pour céder sa liberté en toute connaissance de cause ? Aussi, peut-on réellement déshumaniser quelqu'un au point d'un faire un objet vivant ? N'est-ce pas plutôt lorsque l'on entreprend une telle chose que l'on n'est plus humain ?
Je trouve que le livre dépeint bien ce qu'on est capable de faire lorsqu'on est dans le désespoir le plus profond. Il suffit qu'une personne mal intentionnée sache parler et toucher correctement notre sensibilité, et il est possible qu'elle puisse faire ce qu'elle veut de nous. Le personnage principal est dans une très mauvaise passe. Tout ce qu'il veut, c'est d'être aimé. Et cet homme profite de son désespoir en lui promettant qu'il sera aimé et admiré, à la condition d'accepter d'être son œuvre d'art, n'ayant alors plus aucun droit sur son corps ou sur la personne qu'il est. C'est insensé, bien sûr, même pour lui. Mais son désir d'être aimé et cette pensée qu'il n'a rien à perdre le poussent à accepter. Et dans le processus, il a peut-être perdu la chose la plus importante pour une personne : sa liberté.
Pour terminer, ce récit soulève des questions très intéressantes quant à l'importance de l'apparence ainsi qu'au sujet de la chirurgie esthétique. Est-ce qu'on peut faire subir à son corps n'importe quelle chirurgie modifiant la plastique sous prétexte qu'on a de l'argent ? Pire encore : est-ce qu'on peut faire subir ces mêmes choses, sous le même prétexte, à quelqu'un d'autre ? Puis... C'est aller jusqu'où ? On commence à refaire ce qui nous complexe, jusqu'à ce qu'on n'ait plus que des nouvelles choses à faire, comme des extensions qui n'existent pas sur un corps humain ? Je ne sais pas, c'est beaucoup de problèmes d'étiques, tout ça. Entre ce qu'on est capable de faire et ce qu'on a le droit de faire.
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Conseils de lecture [Terminé]
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