"Lucie, je t'écris cette lettre par rapport à ton passage à la maison qui date de plusieurs semaines maintenant. Je sais que la réaction de ton père n'a pas été des plus accueillantes et qu'elle t'a sûrement déçue. Mais comprends-le aussi, tu es sa première fille et il espérait depuis un petit moment que tu lui présentes un gendre avec qui il aurait pu partager quelques matchs à la télé, boire l'apéro entre hommes et pleins d'autres choses. Je t'avoue que moi aussi je suis en partie surprise que tu te sois déclarée gay soudainement, tu n'as jamais fait comprendre à qui que ce soit ton penchant pour les filles et même si ça ne me dérange pas, j'aurai préférée te voir au bras d'un merveilleux jeune homme. Mathilde, du peu que j'en ai vu, à l'air d'être une personne formidable mais ce n'est pas quelqu'un pour toi. Ton père est convaincu, que ton couple ne tiendra pas et je pense qu'il a raison. La société actuelle n'est pas propice aux couples comme le tien. Comment tu feras quand tu voudras avoir des enfants et que tu n'auras pas de père pour le faire avec toi ? J'espère que tu n'espères pas te marier un jour avec cette fille, ton père a raison, il m'a fait réfléchir et c'est contre nature, les mariages homosexuels bien qu'ils soient autorisés maintenant ne sont pas conformes aux normes. Reviens à la maison nous voir rapidement avec une bonne nouvelle cette fois car je n'en peux plus d'entendre papa râler à longueur de temps, dès qu'un couple gay passe à la télévision ça lui rappelle qu'il a perdu sa fille et il le vit très mal. Nous espérons que tu reviennes à la raison un jour, quand tu auras fini de faire ta petite crise d'existence. Ce n'est qu'une passade et quand cette fille trouvera une autre proie, tu te rendras compte que c'est un homme, un vrai qu'il te faut. Je t'ai glissé un chèque dans l'enveloppe comme tu n'étais pas présente à Noël avec nous. J'espère que l'année prochaine tu seras des nôtres et que tu te seras rendue compte de ta bêtise. A bientôt
Ta maman."
PDV Mathilde :
Lucie parcourt des yeux ce que je suppose être une lettre de sa mère. Plus les minutes passent et plus son regard devient de plus en plus noir. Je ne sais pas ce qu'il y a dans cette lettre mais ce n'était pas une bonne idée qu'elle la lise ce soir. Les larmes lui montent aux yeux et je la connais, ce ne sont pas des larmes de tristesse ou en tout cas pas entièrement. C'est plus la colère qui domine ses émotions en ce moment. Je ne sais pas comment agir face à elle. Elle relève enfin les yeux vers moi et je sais pertinemment qu'elle ne va pas bien du tout. Elle n'a pas besoin de me parler pour que je sache qu'elle est énervée et que cette lettre n'est pas une lettre d'amour et d'excuses de ses parents.
Elle me la tend alors je commence à la lire. Plus mon regard parcourent les durs mots écrits et plus je suis dégoûtée de sa mère. Je ne l'ai vu qu'une fois et pas longtemps mais je suis complètement choquée de ce qu'elle a osé écrire à sa propre fille. Comment elle a pu laisser son mari lui retourner le cerveau à ce point ? Je ne le connais pas et déjà que je ne le portais pas spécialement dans mon cœur, je suis écœurée. Les parents de ma petite amie sont descendus encore bien plus bas dans mon estime qu'avant et je ne sais pas s'ils pourront remonter un jour.
-Tu veux en parler ?
-Je n'ai pas grand-chose à en dire... Ma mère s'est fait retourner le cerveau par son mari et je ne peux rien y faire.
-La seule fois où je l'ai vu, ta mère avait l'air de ton côté. Ca me surprend qu'elle se fasse manipuler comme ça.
-Je ne pensais pas du tout que ça se passerait comme ça. Je ne comprends pas l'intérêt de cette lettre si ce n'est pour me faire du mal.
-Ils espèrent sûrement que ça te fasse changer d'avis. C'est le cas ?
-Oui peut-être. Non bien sûr que non, j'aimerai qu'ils comprennent...
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Colocation de l'amour T1
RomanceLucie jeune étudiante en première année de Science de l'Education, va pour la première fois quitter ses parents pour s'installer dans une colocation avec des inconnus à Bordeaux. Mathilde, une jeune femme gay, en deuxième année de Staps. Nathan, un...