Chapitre 2 ; Vilain rhume

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Vendredi matin de la première semaine de juin.

L'horloge de mon smartphone affiche onze heures bien tapées et je devrais être en cours. Sauf que j'ai trop bu hier, oublié de régler mon réveil avant de me coucher, et surtout, surtout ; il fait très beau ! C'était une règle de conduite que j'essaye de m'imposer : si je sèche les cours, autant qu'il fasse beau.

Un peu plus tôt ce matin, après m'être réveillée comme une fleur sous les rayons du soleil caressant ma joue, constaté que j'avais déjà raté les deux premières heures d'amphi et envoyé dans la foulée un message à un de mes camarades pour qu'il signe mon nom sur la feuille d'appel, je me suis tirée hors du lit en vue d'aller m'installer au parc. J'y suis allée avec la ferme intention de profiter de cette belle journée et de mon emploi du temps désormais libéré pour reprendre le stylo et exorciser les démons de ma rupture. Utiliser mon Bic comme bistouri, pour aller chercher au fond de moi ce qui m'infecte et me ronge.

Mesquin doit être mon mal, car les symptômes sont bien discrets. Ma déception et ma peine n'ont pas décidé d'anéantir méthodiquement chaque partie de mon cœur comme la dernière fois. Mais la dernière fois, c'était la première fois, et il n'y a pas pire que la première fois.

Elle explose tout, brise chaque petite partie de votre cœur, de vos espoirs et de vos rêves.

Après la première rupture, la douleur a comme appris à se tenir, à se terrer, à se faire plus discrète ; peut-être se cache-t-elle dans mes entrailles, dans mon fluide cérébral, plaquée contre les parois de mon artère fémorale ?

Je la sens présente, mais diffuse, comme on s'habitue à une petite douleur chronique. À bien y réfléchir, plus qu'une douleur, c'est une sensation étrange, comme un chatouillement désagréable. Une légère démangeaison comparable à celle qui précède un éternuement.

Si je peux comparer mon premier chagrin d'amour à une asphyxie brutale et douloureuse causée par les cendres brûlantes d'un volcan m'immolant de l'intérieur ; le second, pour l'instant, s'apparente plutôt à un vilain rhume.


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