Chapitre 40 ;

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Le temps a passé, les jours, les mois, puis les années ont défilé au rythme de mes émotions stériles.

Un regard navré sur les moments si vite avalés. Si seulement j'avais pu les garder en bouche plus longtemps, savourer jusqu'à la dernière goutte ce nectar périssable. La date limite de consommation arrive toujours trop vite.

Un retour impossible sur le chemin de ma vie, comme un itinéraire promptement zappé, ne visant que la destination finale. C'est quand on se rend compte qu'il n'y a pas de but, pas de lieu d'arrivée ; qu'on se dit « merde, c'était sûrement ça l'important, le voyage. »

Sans parvenir à cadrer les plus belles photos de mon album thalamique, je me lamente, impotente, sur cette trame si fine et si décousue qui dessine l'œuvre de ma jeunesse fanée.

C'est avec précaution que j'avance désormais, tentant désespérément de savourer, croquer goulûment, mais avec retenue ce qu'il reste de mon fruit jauni. Car la lucidité n'empêche rien, pire, elle pourrait même amputer le peu de sens et de naturel subsistant.

C'est en noir et blanc que mon cerveau analyse mon présent, conscient de sa réalité sporadique et de sa facticité éternelle.

Une valise à la main, pieds nus dans le froid, je ne sais pas encore que le meilleur est juste devant moi.


LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant