Chapitre 39 💥

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«Est-ce le feu qui nous brûle ou la froideur des abandons ? »

~










Comment vivre le fait d'avoir littéralement tout perdue ? D'avoir été séparée des miens ? D'avoir à jamais perdue la moitié de mon être ?
On a beau dire que le temps guérit les peines ; ma blessure elle, est toujours présente. Toujours aussi profonde ? Peut-être pas...
Je n'étais pas prête, d'ailleurs je ne l'aurais certainement jamais été.
Des fois, je n'arrive toujours pas à réaliser que tout ceci n'est absolument pas un cauchemar, malheureusement pour moi, mais bel et bien la réalité. Triste réalité.
Ce qui me pèse le plus, c'est qu'en les voyant ce jour, ne serait-ce que durant ce court instant, j'avais tout oublié, ce cruel passé, ces tristes événements, cette douleur intense. Mais il a fallut qu'une fois de plus, il fasse tout son possible pour me cracher sa haine au visage, me mettre à terre et essayer de m'acheve à mon tour.







Je sursaute instantanément en entendant un bruit à mes côtés. Je regarde autour de moi mais je ne vois rien de vraiment étrange. Au contraire, tout ce beau monde a plutôt le regard fixé sur moi, ou plutôt...sur ma main droite. Je baisse alors lentement mes yeux et je m'arrête en voyant le reste de mon jus naturel glisser sur la table en verre de ce restaurant. Pourquoi ? Dans un excès de colère j'ai cassé ce verre sans m'en rendre compte.
C'est en voyant des éclats de verre insérés dans ma paume de main et dans mes doigts que la douleur parvient à mon cerveau, me permettant ainsi de la ressentir enfin.



- Vous allez bien mademoiselle ? Fit une serveuse en se rapprochant de moi, m'obligeant alors à relever la tête.
- Bah... Pas vraiment.
- Ouais j'avoue bête question, ajouta-t-elle en se mettant à nettoyer la table.
- ...


Je ne saurais la contredire.




À sa suite, une autre s'approche avec du matériel pharmaceutique. Elle nettoie ma main et me fait un pansement assez rapidement.
La première revient vers moi avec un autre verre de jus, fraises bananes cette fois-ci. J'insère la paille violette enroulée sur elle-même, plongée dans ma boisson, dans ma bouche et commence à la siroter calmement.
Très agréable en bouche, elle me fait oublier que le temps ne cesse de défiler et qu'il est en retard.

En parlant du loup... Il prend place en face de moi. Comme la plupart du temps, bien mis dans un costume noir. Cet homme de la quarantaine approximativement, bien que ne faisant pas forcément de bonnes choses, est bien plus qu'élégant et vraiment pas mal en plus. Réel beaugosse. Il en a dû faire tomber un bon nombre et continue certainement à en rendre folles.
De par les rayons du soleil, son teint noir légèrement clair scintille fabuleusement. Contours bien tracés, regard de braise et sourire radieux, il a tout pour plaire.




- Pourquoi une telle absence ? Tu es encore sous mes ordres que je sache. Lança-t-il froidement en guise de salutations.
- Vous n'êtes pas sans ignorer que votre queue m'a envoyée à l'hôpital, j'étais inconsciente pendant quelques temps et après, répondis-je, j'ai dû bien terminer ma convalescence.
- Cela ne t'empêchait guère d'ignorer mes appels. Tout en sachant que tu l'as fait pendant fort longtemps ! S'exclama-t-il. Le temps, c'est de l'argent. Tu m'en as fait perdre.
-...
- Que cela ne se reproduise plus.
- Et mais.. Mais vous ne dites rien par rapport à ce qu'il a fait lui ? Le questionnai-je.
- C'est justement pour cela que nous sommes là, assis autour de cette table.
- Il n'est pas au courant de l'accord que je suis prêt à passer avec toi. D'ailleurs il n'est pas obligé de le savoir car ce ne sont plus ses oignons. Lâcha-t-il en choisissant visuellement son menu via la carte qu'on vient de lui tendre.
- Comment ça ? Pouvez-vous être plus clair s'il vous plaît ?
- J'y viens, j'y viens. En s'adressant à la serveuse qui se jouait les infirmières tout à l'heure, Le plat habituel et la même boisson qu'elle.

Ouais elle a juste voulu m'aider et moi je la casse par derrière. N'fin non, pas par derrière mais dans ma tête.

- ...
- En effet si tu acceptes ce que j'ai eu l'amabilité de me déplacer pour venir te proposer, tu changeras de... en faisant des guillemets imaginaires, manager.
- En gros je changerai de domaine quoi, répondis-je mitigée.
- Bingo !
- Mais c'est avec lui que j'ai passé un contrat...
- Mais, bien que je ne sois pas au courant de vos histoires, c'est dans mon affaire qu'il t'a insérée, répliqua-t-il en ricanant, de surcroît il est complètement à mon service. Ce qui veut dire que je peux contourner le bail comme bon me semble, tout en restant raisonnable tout de même.
- Je déglutis, Ah.
- Plus d'enthousiasme voyons. En principe tu as encore dans les cinq ans, c'est exact ?
- Oui boss.
- Je te propose de ne faire à présent plus que deux, étira-t-il un léger sourire, et ce, sans prostitution.
- Hum.

Je ne sais quoi dire, quoi faire.
Devrai-je faire pire que donner mon corps à tout va ?



- N'est-ce pas intéressant ? Me demanda-t-il.
- Si, bien sûr que si, reste plus qu'à savoir ce que je devrai faire.
- Devenir une mule, m'expliqua-t-il droit dans les yeux, et à tes heures perdues une dealeuse.



Chaud.
Je ne me suis jamais vue dans ce monde. Mais j'ai pas besoin de réfléchir ; si cela me permet de tout bacler en deux années, moi je suis toute ouïe. Je vois pas pourquoi chercher d'midi à quatorze heures.



- Je dois bien me rassurer...Au bout de ce temps j'obtiendrai tout ce qui est mentionné sur le contrat ?
- Oui, on changera juste la durée et le domaine, rassure-toi. Affirma-t-il en s'armant de son couvert argenté.
- J'ai votre parole ? M'enquéris-je.
- Affirmatif.
- Dans ce cas, en terminant mon jus, je suis partante.
- Parfait.
- Pourrais-je avoir plus de détails m'indiquant exactement ce que je ferai ?
- T'inquiète je te mettrai en relation avec ton nouveau manager et tu feras juste ce qu'il t'indiquera. Entre deux bouchées de son fameux plat, Livraisons ainsi que voyages et dépôts. Sinon y'a rien d'autres à savoir.
- Bien reçu boss.
- ...
- Je peux m'éclipser à présent ? Lâchai-je en prenant mon petit sac à dos.
- Ouais.
- Merci, fis-je rapidement en me levant, régalez-vous bien et bonne soirée.





Je me dirige vers la sortie et je me retrouve assez vite à l'extérieur. Le parking étant un peu plus loin, je me vois dans l'obligation de continuer cet instant de marche. Quelques instants plus tard, je me fais stoppée dans ma lancée, par une légère pression sur mon épaule venant de derrière. Je me retourne brusquement en balançant la main de la personne qui me fait désormais face.





- Mais qu'est-ce tu veux encore ? Lui crachai-je agacée.
- Désolée, en expirant lentement, ne le prends pas mal. Je veux te mettre en garde car je la connais tellement bien.
- Je comprends pas ce que tu racontes. Explique mieux le fond de ta pensée.
- Fais attention à elle, fais vraiment attention à elle ! S'exclama-t-elle en passant l'une de ses longues mèches derrière son oreille.
- Mais de qui parles-tu ?
- De Kyra, finit-elle par dire, je parle de Kyra.













Sainte j'étais, Allumeuse je suis.

Sainte j'étais, Allumeuse je suis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant