Mutante - Tome 2

Chapitre 26-1 : Remords

Le nâga poussa un long cri, presque enjoué. Je contrôlais le plus possible ma respiration, veillant à ce qu'elle reste stable. Il me fallait garder un tempérament calme, c'était la solution au contrôle des énergies.

J'avais observé Rubis utiliser le fluide, avec différentes situations. D'ailleurs, ça l'amusait bien de faire ces « expériences ». Et je m'étais rendue compte que quand il s'énervait, il usait bien plus les énergies que lorsqu'il était calme. J'en avais donc déduit que c'était de même pour moi.

Caligo brandie, je m'apprêtai à courir vers le Mutant. Mais ce fut lui qui vint à moi, et sans tarder. Il passa sur mon flan, je sentis presque ses écailles frôler mon bras. Sa tête allait me mordre, mais brusquement, je me retournai et lui tranchai le cou.

Comme je m'y attendais, tandis que sa tête repoussait, l'autre m'attaqua. Les énergies avaient un pouvoir régénérant démentiel. Je pivotais sur moi-même, coupant cette autre tête. L'autre avait presque fini de repousser, mais cela suffit à le déstabiliser. Insufflant en Caligo les énergies, je bondis, et tranchai le cou de la créature. J'entendis le public pousser un cri effrayé et surpris à la fois.

– La légendaire épée Caligo dans toute sa splendeur ! s'exclama le commentateur.

Mais les énergies furent d'un seul coup abondantes, me paralysant presque. Autour de nous, de la poussière commença à s'élever. Le nâga était aussi de type terre ? De par mon étonnement, je ne vis pas venir le coup du Mutant, qui me percuta avec sa queue.

Il donnait des coups à l'aveugle, n'ayant plus de « vue » grâce au fluide. Le sens qu'il obtenait grâce à lui se transmettait par les yeux, même si ceux-ci ne servaient à rien lorsque le fluide n'était pas activé. Usant de plus d'énergies, je pu rebondir sur mes pieds sans trop de problèmes. Je glissai sur quelques mètres, une main à terre et l'autre tenant fermement Caligo.

– Ça va ? me questionna Lucy dans l'oreillette.

– Oui, répondis-je en toussant.

La poussière obstruait de plus en plus la vue.

– Il se passe quoi ? cria Marco, dont je ne pouvais connaître la position.

– On ne voit plus rien ! poursuivit Ella.

– Sans rire, persifla Cathleen.

– Toi tu... commença Ella.

– Pas de dispute on a dit ! intervint Zohra, calmant le jeu. Il faut décider quoi faire ; la poussière ne fait que monter !

C'était presque en train de devenir une tempête de sable. Je voyais à peine l'ombre du Mutant.

– Il semblerait qu'un nuage de poussière monte dans l'arène, annonça le commentateur.

– Il est intelligent lui, ironisa Zéphyr.

– On s'en fout ! s'exclama Zohra. Faut se dépêcher ! Amy, tu lui as coupé le cou, qu'est-ce qu'il t'as pris ?

– Je voulais...

– Ça l'a juste énervé, et maintenant ça nous bloque ! cracha Cathleen.

– Je voulais récupérer le collier ! protestai-je. Je ne pouvais pas me douter qu'il allait appeler...

Merde ! J'avais failli dire « les énergies ». Heureusement que je m'étais tue. Lucy rattrapa la situation, complétant ma phrase.

– La terre comme ça. Il nous faut faire avec ! Va falloir se battre sans utiliser notre vue. De ma position, je peux juste voir la position du nâga comme une ombre.