Je me réveillai en sursaut, le cœur battant la chamade. Je ne comprenais pas. Que venait-il de se passer ? J'avais mêlé cauchemar et souvenir ? J'allumais la lumière, vérifiais l'heure. Il était près de cinq heures. Je fermai les yeux, ne sachant pas comment interpréter ce que je venais de voir.
Je savais au moins à présent que ma greffe ne s'était pas passée comme prévu. Je devais sûrement garder mes ailes, mais comme le disait la femme, je les avais « absorbées » à l'intérieur de mon corps. Et elles ressortaient maintenant. Je voulais me rendormir, me reposer encore. Mais j'avais décidément trop peur de refaire un cauchemar.
Je me levai donc, et profitai du temps que j'avais pour prendre un bain. Il n'y avait personne dans les bains à cette heure de la nuit. Je vérifiai tout de même au cas où, et plongeai dans l'immense bassin. Il nous servait un peu de piscine, mais surtout de détente. L'eau était enduite d'élixirs qui permettaient de se soigner, et de nous requinquer. L'immense salle était éclairée par la lune, filtrant à travers les hautes fenêtres.
J'observais mes ailes, pour voir si elles avaient une réaction sous l'eau. Manifestement, aucune. J'étais tentée de les faire battre dans l'eau, pour voir ce que cela ferait. Mais je ne les maîtrisai toujours pas complètement. Je fus rejointe par Rubis quelques dizaines de minutes plus tard. Il savait toujours repérer les fenêtres entre-ouvertes.
Lui aussi se délectait de l'eau. Un vrai poisson. Je me surprenais à m'amuser avec lui, en l'éclaboussant. A un moment, il me regarda en tournant la tête. J'avais l'impression qu'il essayait de me dire quelque chose. Je ne comprenais toujours pas ce lien qui nous unissait. Un Mutant, qui aurait pu prévoir ?
Dans la Cantine, seuls les matinaux étaient là. Aujourd'hui, mardi, jour des combats. Je n'étais pas défiée, je n'en aurai donc aucun. Mais Zéphyr affronterait Sorin, une vieille connaissance. Lucy m'avait dit qu'ils avaient des comptes à régler. Zéphyr allait utiliser ses armes si spécifiques. Je ne l'avais vu les utiliser que quelques fois, cela m'intriguait donc beaucoup.
Je finis de grignoter mon toast et allai dans la grotte. Nous avions construits plusieurs émetteurs pour éviter les caméras, même si les autres ne duraient que dix secondes. Il fallait faire vite, mais nous avions développé un timing parfait. Nous avions aussi installé un système de poulie pour monter tout en haut de l'arbre. La corde et le baudrier étaient cachés dans les fourrés. Un vrai petit entraînement avant d'entrer dans l'antre.
Je m'équipai, et grimpai le long de l'arbre. Une fois en haut, je balançai le matériel dans un tuyau qui le renvoyait dans la cachette. Grâce à un élixir de camouflage, la corde et le baudrier prenaient l'apparence de ce qui les entouraient, comme un miroir. Cela permettait de tout cacher. Mais cet élixir était très toxique pour la peau, donc il fallait le manipuler avec précaution, et sans jamais le toucher. J'enlevai donc les gants que j'avais pris, et descendis dans le tronc.
Nous avions beau avoir nettoyé les tunnels, il restait toujours des bestioles. Je courrai donc à chaque fois, pour ne pas voir les araignées, où leurs toiles. Plusieurs fois, j'avais été paniquée et m'étais presque perdue dans ce labyrinthe. C'était la première fois que j'y allai seule. Lucy l'avait déjà fait, mais je n'avais jamais osé. J'avais pourtant envie de m'entraîner. Seulement, ce que je comptais faire risquait de blesser mes amis.
Rubis m'accompagna quand même, me rassurant quelque peu. Une fois dans la grotte, je déposai mes affaires et installai un holoprojecteur au milieu de la pièce. Il pouvait être loué à tour de rôle dans la boutique, j'y avais droit pendant une certaine durée. Les plus riches pouvaient se l'offrir, mais ce n'était pas vraiment mon cas. Il permettait de projeter des images à la façon d'un hologramme, mise à par que l'image restait brouillée, et verdâtre.
Il était très utile pour s'entraîner à affronter des Mutants. J'avais téléchargé quelques Mutants modèles, qui bougeaient aléatoirement. Mais je ne comptais pas l'utiliser pour cela. Le cerveau pouvait se faire avoir très facilement, c'était ce que je comptais tester aujourd'hui. J'allumai la bête, et un grizzli apparut devant moi. Je commençai à bouger pour éviter ses coups de griffes, utilisant surtout ma souplesse. Je réalisai cela plusieurs fois, passant d'un Mutant à un autre. Plusieurs fois, j'essayai d'activer le fluide. En vain. Rubis m'observa, perché dans un creux de la paroi rocheuse.
– Comment fais-tu ? lui demandai-je en haletant, mains sur les genoux.
Il s'envola de son perchoir et se posa près de moi. Je fronçai des sourcils, quand soudain il fonça sur l'holoprojecteur et le fit rouler sur le côté.
– Rubis ! m'écriai-je. Qu'est-ce que tu fous !
Je rattrapai en vitesse l'objet, il m'avait coûté assez cher comme ça ! En le remettant droit, une nouvel hologramme apparut. Je me figeai instantanément, prise de panique. La première question qui vint dans mon esprit fut : comment Rubis avait-il fait cela ? Car ce qui se tenait devant moi n'était rien de moins qu'une manticore. Un hologramme, certes, mais une manticore quand même.
La machine se mit d'ailleurs directement en route, et le programme m'attaqua. Je roulai sur le côté, plus par réflexe que par stratégie. C'était moi où ce Mutant était beaucoup plus rapide que les précédents ? Bordel ! Je cherchai Caligo des yeux, persuadée qu'il m'aiderait à la combattre. Une partie de moi ne résonnait pas que c'était un programme. Je n'agissais que par instinct de survie.
Je sautai, me baissai, bondis sans pouvoir atteindre mon but. L'hologramme continuait de se mouver, de chercher à me tuer. Mon cœur commença à s'emballer, me revenait en mémoire les images de l'incident avant la rentrée. Je crus même ressentir une douleur dans mon bras gauche. La manticore fondit d'un seul coup sur moi, et je me mis à hurler.
Tout en criant, ma vision changea du tout au tout. Ayant conscience que je venais de débloquer le fluide, je récupérais une énergie nouvelle. Je pu m'écarter loin, jusqu'à ce que la manticore ne puisse pu m'atteindre. L'hologramme avait une portée d'environ huit mètres de rayon. Je les avait quitté, le Mutant ne pouvait plus m'atteindre.
J'en pris conscience après de nombreuses secondes. Dans la foulée, je m'étais blessée à la jambe. Et mes ailes s'étaient déployées. Je fermai les yeux, cherchant à me calmer. Je sentis quelque chose de doux frôler mes bras. Je m'enfermai dans mon cocon de plumes, et tombai dans le noir.
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Mutante - Tome 2
Paranormal/!\ Cette histoire est la suite de Mutante - Tome 1 /!\ Des créatures imaginaires, qui cherchent à vous tuer. Vous y croyez, vous ? C'est pourtant ce à quoi je suis confrontée depuis que j'ai découvert l'existence des Clans. Tout paraissait limpide...