Chapitre 7-2 : Gravures

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– Tu vois une date notée quelque part ? questionna Lucy en examinant à son tour le rapport.

– Non, aucune. Mais tout porte à croire que cela remonte à un long moment. Je me demande pourquoi le sous-sol n'est plus utilisé. Et puis, on dirait bien qu'ils réussissaient à capturer les Mutants. C'est étrange.

– Je pense qu'ils ont capturés des animaux en pleine mutation, contrai-je. De ce que tu as lu, le sujet était en train de muter.

– Ça expliquerait, confirma Lucy. Et puis, peut-être qu'un jour un Mutant était devenu trop fort, a brisé les barreaux et le projet a été stoppé. Ça expliquerait pourquoi les grilles sont cassées. Je veux dire, même le temps ne peut pas casser aussi facilement ce métal.

– Mais un Mutant assez fort, oui, dis-je.

Ma meilleure amie acquiesça.

– Ce qui est encore plus étrange, c'est que des expériences comme ça soient faites dans ce sous-sol. C'est en dessous d'Hélios, donc c'est dangereux. Il y a des tonnes d'étudiants au dessus, remarqua Zéphyr.

– Mais est-ce que ces expériences étaient légales, déjà ? fis-je. Dans aucun livre d'histoire nous ne trouvons ça.

– Et qui sait depuis quand ça date ? Même si la poussière est bien présente, on ne peut donner un siècle comme ça. Tout reste approximatif. Et puis, faire construire tout ça, c'est quand même long et bruyant.

Zéphyr et moi hochâmes la tête. Je jetai un coup d'œil à ma montre, et proposai de remonter. Nous sortîmes de tout cet endroit, et retournâmes à la surface. Cela me faisait toujours bizarre, l'air du sous-sol était plus ou moins chargé d'énergie à certains endroits. Celle dont Rubis m'avait parlé, qui peut activer le fluide.

– Je vais m'entraîner au bac à sable, annonçai-je. Je dois travailler mon attaque. On se retrouve tout-à-l'heure ?

– Ça marche, fit Lucy, entraînant Zéphyr par la main, qui me salua de la main.

Je partis donc en direction de mon cher bac à sable, accompagnée de Rubis. Le temps se réchauffait doucement au fur et à mesure que nous nous approchions du printemps. Je déposai mes affaires sur un vieux banc posé à côté, et m'attachai les cheveux. Je m'échauffai rapidement, puis réglai le niveau sur moyen. Je passerai au difficile une fois que j'arriverai à celui-ci. Les rouages se mirent en marche, et les bras commencèrent à bouger. 

Je contournai chaque piquet, donnais des coups, sautais, voltigeais, tapais. Je faisais attention à ma respiration, la tenant bien régulière. C'était un de mes problèmes, je pouvais facilement m'énerver et perdre ma concentration en même temps. Je passai une vingtaine de minutes sur ce niveau, et décidai de prendre Caligo par la suite. 

Je pouvais utiliser mon épée, puisque le bac à sable fonctionnait avec des coups donnés. L'avantage que ce soit une épée, donc. Je contrai chaque bras, tranchai l'air un peu trop de fois à mon goût. Mon niveau d'escrime s'améliorait considérablement au début, mais maintenant il ne faisait que stagner. 

A un moment, alors que je levai mon épée pour donner un coup, Rubis se posa sur le piquet. Cela me déconcentra, et mon dos fut frappé par un bras. Je tombai à terre, non sans geindre. Ce n'était pas tant mon dos qui avait pris, mais surtout mes ailes. Et bon sang qu'est-ce qu'elles étaient sensibles ! Je l'avais appris à mes dépends. Je sortis du bac à sable en roulant sur le sol, et stoppai le mécanisme.

– Rubis, tu m'expliques ? haletai-je en reprenant ma respiration.

L'ababil voleta vers moi, et j'avançai mon bras. Mais il ne vint pas dessus, mais sur Caligo. OK, il aime bien ce perchoir ? Minute... pourquoi ne se brûle-t-il pas ? L'oiseau noir tourna sa tête sur le côté, interrogatif.

– Pourquoi ça ne te brûle pas ? me précipitai-je de demander.

Il pencha sa tête de l'autre côté. D'accord. Je suis sensée comprendre ?

– Caligo brûle tous ceux qui la touche, sauf moi. Et toi ?

Je me rappelai bien que quand j'avais touché l'airavata, cela le brûlait aussi.

– Ça ne brûle pas les Mutants de type vol, c'est ça ?

Rubis s'envola et se posa sur ma main cette fois. Une petite goutte de sang coula. Normal, Caligo coupe chaque personne qui la touche pour savoir si le sang est le bon. Attendez... J'avais donné un peu de mon sang à Rubis. Donc, un peu de mon sang coulait dans ses veines. Cela expliquait tout ! Vu la quantité qu'il avait bu et sa taille, ce qu'il avait ingéré était assez présent pour être reconnu.

– J'ai compris. C'est parce que je t'ai donné mon sang, lui expliquai-je.

Il poussa un petit cri, ce qui me fit rire.

– Tu l'aimes bien comme perchoir, hein ? gloussai-je.

Rubis ferma les yeux, et les rouvrit. J'avais tellement l'impression de connaître ces yeux. Ce rouge, ces nuances d'écarlate. C'était les mêmes que les miennes quand j'utilisai le fluide. D'ailleurs, l'ababil l'utilisa une demi-seconde, et me regarda intensément.

– Tu voudrais que je ressaye, n'est-ce pas ? soupirai-je. Je ne suis pas aussi douée que toi, tu sais.

Mais bon, ça ne me coûterait rien d'essayer, non ? Je demandai rapidement à Rubis de vérifier les alentours, pour être sûre de ne pas me faire surprendre. Il fit un rapide tour, et m'indiqua qu'il n'y avait personne. Bon, c'est parti. Je m'assis, croisai les jambes en tailleurs et soufflai longuement. Je fermai les yeux, et cherchai à ressentir toutes les énergies autour. 

C'était beaucoup plus dur que dans la grotte, là où l'air en était saturé. Ici, cette énergie était si infime qu'elle était à peine perceptible. Quand j'étais allée pour la première fois dans le sous-sol, je pensais que c'était mon arachnophobie qui avait provoqué le fluide. Mais en fait, ce n'en était que la goutte d'eau qui fit déborder le vase. La vraie raison, c'était parce que tout là bas sentait cette fameuse énergie. 

Je n'y faisais pas attention avant. C'était donc encore plus difficile d'appeler cette énergie, puisque je ne la ressentais presque pas. Malgré tout, je pris le petit coutelas de Caligo et me coupai. Je grimaçai sous la petite douleur, mais me concentrai à nouveau. Au bout d'un moment, je me rendis compte qu'il y avait une concentration d'énergie tout près de moi. Mes yeux étant fermé, je ne savais pas ce que c'était. J'avançais ma main jusqu'à cette concentration, et touchai un métal froid. 

J'ouvris un œil, et vis que c'était Caligo qui renfermait toute cette énergie. Étrange. Étais-ce parce l'arme était composée de poussière écarlate, et qui venait donc d'un Mutant ? Je pris l'épée dans ma main, et passai mes doigts dessus. Mon annulaire, celui que j'avais coupé, le frôla. Et là, l'épée s'illumina pendant un très court instant. Une demi-seconde, pas plus. C'était tellement infime que je crus avoir rêvé. 

Je réitérai la chose, et passai un peu de mon sang sur la lame. Non, je ne rêvais pas. Les gravures se mirent à luire d'une couleur rosée, et cela se propagea par vagues. Elles s'illuminaient les unes après les autres, pendant quelques secondes.

– Ouah, soufflai-je.

Pourquoi cela ne l'avait jamais fait avant ? Comme quand elle m'avait coupé la première fois ? Ce qu'il y avait en plus là, c'est que j'essayai d'attirer l'énergie... qui justement était venue vers Caligo ! Je refermai les yeux, et me concentrai de nouveau sur ce que je pouvais sentir autour de moi. Je sentais de nouveau cette énergie, en constant mouvement. 

Mais si je faisais bien attention au chemin qu'elle prenait, elle allait surtout vers Caligo. Et non vers ma blessure, comme l'avait démontré Rubis. Mais à cause de quoi ? Si c'était la poussière écarlate, il me suffisait de faire la même chose avec une autre arme. Je réfléchis un instant, et décidai de faire cela. Je ramassai rapidement mes affaires et partis d'un pas rapide vers ma Sphère. Il me fallait quelque chose, même tout petit, qui était composé d'un minimum de poussière écarlate. 

Mais où trouver cela ? Une idée me vint à l'esprit. Lucy allait ronchonner.

Mutante - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant