Mutante - Tome 2

Chapitre 36 : Ropen

La porte s'ouvrit devant moi dans un petit écran de fumée. Seule, j'avançais dans ma nouvelle arène. La serre. Malgré l'évocation d'un jardin chaleureux, l'artificiel de cette nature recréée crevait les yeux. Le plafond était déjà bien plus haut. Tout le contour se composait d'une rangée d'arbres, et le centre était complètement plat. Rien pour se cacher, ni s'abriter. 

Une étendue de sable bordée d'arbres, le tout assez grand pour que je puisse voler. Pour l'instant, mes ailes étaient cachées autour de mon ventre, attendant sagement de faire leur entrée. Je misais sur la surprise. 

Le Mutant ne devrait pas savoir que j'avais ces capacités. Enfin, je l'espérais. Caligo dans une main, mon arme secondaire accrochée à ma cuisse, c'était tout ce que j'avais. Je n'avais aucune idée de la nature de ma mission, ni si elle impliquait la mort d'un Mutant. Cependant, Lucy avait pu laisser la créature en vie après avoir obtenu un objet, et Zéphyr n'avait pas eu le choix après lui avoir coupé les cinq pattes. 

J'étais sûre que quelque chose de plus sournois m'était réservé. J'étais seule. Je ne voyais même pas de grille permettant à un Mutant d'intervenir. Je marchais quelque peu, cherchant un indice. Une voix retentit alors dans un haut-parleur. Je reconnus Sawada.

– Votre mission sera la suivante : récupérer l'anneau au Mutant, et le tuer.

Récupérer un anneau. Plusieurs hypothèses défilèrent dans ma tête, surtout sur la localisation dudit objet. Mais surtout, il allait me falloir le tuer. Je m'y étais préparée, et de toute manière, je n'avais pas le choix. Résolue, je chassais mes états d'âme pour plus tard. Il n'y avait aucune autre information. 

Pourtant, j'entendis un déclic au dessus de ma tête. Un objet doré tomba en plein centre de l'arène, et roula quelques instants sur lui-même. Je dus me boucher le nez quand la puanteur atteignit mes narines. C'était insupportable. 

Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que cet anneau était en grande partie composé de poussière écarlate. Et de sang. Rien de mieux pour attirer un Mutant. Je cherchais d'ailleurs ce dernier de mes yeux, ne bondissant pas sur l'objet de manière irréfléchie. 

Je tournais lentement sur moi-même, Caligo brandie. Mon cœur résonnait dans mes tympans, sans qu'une ombre ne vienne perturber le tableau. Je tentais de me concentrer sur les odeurs, mais la puanteur de l'anneau obstruait tout. 

Je jurais tout bas, la respiration saccadée. Ne voyant rien, je me dirigeais lentement vers l'anneau. Je ne pouvais me permettre de perdre trop de temps. Je savais que le Mutant allait me tomber dessus d'un moment à l'autre. L'anneau était plus petit qu'un cerceau, mais paraissait très lourd. 

Je le fis glisser vers moi du bout du pied. Mon cœur rata alors un battement. Immédiatement, je  roulais sur le côté, m'éloignant le plus loin possible. Le Mutant était arrivé par le dessus. Son cri aigu retentit dans l'arène, écorchant mes tympans. 

Le Mutant ailé tomba sur l'anneau. Il le saisit entre ses pattes, et s'envola de plus belle. J'examinais le Mutant. Pourquoi un type vol ? Normalement, ils étaient réservés aux diplômés souhaitant obtenir un grade supérieur ! C'était les plus compliqués à combattre, donc les plus dangereux. 

Je savais pertinemment pourquoi j'étais gratifié d'un tel privilège, mais je ne pouvais m'empêcher de pousser un grognement. J'allais vite devoir sortir mes ailes, sinon je ne pourrais jamais rivaliser avec lui, surtout avec une arme à courte portée. De toute manière, je devais récupérer l'anneau. 

Je détaillais la créature, perchée dans les arbres aux abords de l'arène. Un ropen. Une sorte de lézard volant aux teintes bleutées. Ses ailes de chauve-souris lui donnaient une envergure de plus de six mètres. Sans plumes, cette créature était de niveau quatre, avoisinant le cinq. Comme le nâga.