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Avant de lire ce qui va suivre, vous devez avoir lu ''Ma'' à partir de 16.

Bien. Commençons.





















Alors par où commencer ?

Lorsque je me suis réveillée, j'étais à l'hôpital. Une machine ronronnait doucement derrière moi et je me suis sentie...mal. Sans savoir pourquoi, j'ai hurlé.
En fait, si, je sais pourquoi. J'ai vu le visage de Yves qui me souriait d'un air mauvais, hypocrite, moqueur :

-Tu viendras avec moi bébé, nous nous aimons n'est-ce pas ? Tu viendras me retrouver.

J'ai secoué la tête en rigolant faiblement. J'avais envie de lui répondre d'aller se faire foutre mais à la place, j'ai bafouillé :

-Je...je ne t'aime pas. Jamais, va-t'en, tu...tu n'es pas réel

Je chuchotais, en essayant de bouger. J'ai voulu me lever, crier, l'empêcher de me toucher vu que sa main s'approchait de mon corps.
Au moment où ses doigts se sont posés sur le rebord du lit, son visage a été remplacé par celui de Mofal, le même qu'il avait lorsqu'il m'enfermait dans ce sous-sol poisseux :

-C'est moi que tu aimes ma petite sauvageonne ? Tu veux voir ce que c'est que de m'aimer ?

Je reste immobile, le considérant. Il était habillé comme les hommes de Farfay, sa tunique était bleue clair, ses cheveux tombaient sur ses yeux, il avait l'air d'un fantôme ou d'une bête. Un long frisson a parcouru l'échine quand il a dit :

-Et si je te tuais ?

Là, j'ai hurlé, je me secouais, je tremblais, j'avais chaud et froid, très froid, j'ai senti ensuite que quelqu'un me touchait. La personne me parlait, essayant de me tranquilliser ou de me rassurer.

Je me suis endormie après, ils m'avaient sûrement donné un calmant.

Lorsque je m'étais réveillée plus tard, j'étais dans un état second. J'ai vu un plateau à côté de moi, et ça m'a rappelé les moments où il restait debout à me regarder manger. Avait-il réellement une double personnalité ou se moquait-il de moi ? Essayait-il de me rendre folle ? Pourquoi je l'avais. laissé faire ce qu'il voulait de moi ?

Même si j'essayais de me convaincre du contraire, je savais déjà au fond de moi qu'il était vraiment double dans sa tête. C'était tellement évident que ça me paraîssait presque normal, pourtant une partie de moi me criait que rien de tout ça ne l'était. Il n'était pas seulement double dans la pensée ou les envies comme les personnes normales, il était double en habillement, en caractère, en langage, en tics, en habitudes, en réflexion, en préférences et plein d'autres choses. Il était lui et lui. Ce n'était pas simplement une voix dans sa tête. J'ai compris qu'il était une autre personne à part entière relié à celui-ci par un même corps et un même esprit. Avaient-ils la même âme ? Peut-être bien.

Et là, sur ce lit, j'ai réalisé l'ampleur, l'absurdité et la bizarrerie de la chose.

J'ai passé près de la moitié de la journée à réfléchir à ces derniers mois. À tout ce qui m'était arrivé et en conclusion je n'y comprenais plus grand chose, je n'en avais même pas envie d'ailleurs. J'avais besoin de me réveiller chez moi, dans ma maison et voir que j'avais rêvé tout ça. Même l'idée que mon père me batte ne m'était plus si dégoûtante que ça, je préférais ses coups à ce que je vivais actuellement.

Ce qui me sidérait le plus, c'était ma propre réaction, la façon dont je me laissais aller dès qu'il posait ses mains et ses lèvres sur moi, la façon dont j'accusais ses humiliations et ses mauvais traitements sans broncher, la façon dont j'acceptais tout de lui, bon comme mauvais, bizarre comme normal.
J'avais eu envie un instant de partir très loin, ou de dormir le plus longtemps possible pour oublier. Mais ce n'était pas possible, je ne pouvais pas partir sans papiers, j'aurai trop de difficultés, de plus je ne connais personne pour m'aider. Il avait fait de moi ce qu'il voulait et je n'ai fais que me résigner. J'ai failli m'enlever la vie à cause de lui, à cause de sa méchanceté et de sa stupidité. Me suicider bordel, quelque chose que je n'ai jamais, jamais jamais pensé à faire de ma vie. Tout ça à cause d'un homme ?

Non, c'était allé trop loin là. Et ça allait changer. Beaucoup de choses allaient changer.

Il m'avait laissée affamée, assoiffée, dans un froid frigorifique. Voulait-il me tuer ? Ou était-ce sa façon de me faire payer mes paroles ?

Quoiqu'il en soit, j'avais décidé de ne plus le laisser me manier à sa guise. Je n'avais jamais été et je ne serai jamais une lâche, ni le genre qui déprime sur son sort, aucun homme ne m'avait jamais fait perdre la tête, c'était plutôt le contraire et les choses allaient revenir à la normale.

Mon  Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant