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Nous sommes à la veille des congés de Pâques. D'habitude je suis soit à la maison, soit quelque part avec mes parents qui trouvent enfin le temps pour leur demi-fille. Ma mère est mariée à un certain Agatha, nom étrange pour un homme. Ils ont eu 3 enfants et ils vivaient heureux. Un soir, elle a rencontré mon père qui lui aussi était marié avec 3 enfants. Un coup d'un soir et j'ai été créée. Comique hein.

Ils passent la plupart de leur temps au travail, c'est ce qu'ils me disent mais je sais parfaitement qu'ils s'occupent de leurs familles respectives. Après tout c'est moi la bâtarde de l'histoire.

Ils viennent me voir de temps en temps, ouais. De temps en temps mais ils ne restent jamais plus d'une journée. D'ailleurs ils s'évitent entre eux et je suis le lien qui les unit pour toute la vie. La seule chose sur laquelle ils s'entendent ce sont mes études, mes notes et les appréciations des profs sur mes bulletins.

Ils me louent une maison dans un quartier friqué. L'avantage c'est que je fais ce que je veux avec leur argent. Mon père est noir de peau et ma mère est brune. Le mélange a donné une fille noire aux longs cheveux noirs ondulés.

Je ne me plains pas vraiment, je les comprends mais je me demande si une personne autre que mes parents sait que j'existe. Je ne sais même pas celui dont je porte le nom de famille.

J'imagine qu'ils donnent comme excuse leur travail auprès de leur famille aussi pour passer les congés avec moi.






Je suis affalée confortablement dans le salon, il fait frais et je suis emmitouflée dans une couverture chaude. Je regarde la télévision en somnolant quand mon téléphone sonne. Je râle tout en me levant et m'étale par terre. Heureusement qu'il y a un tapis. Je tchipe et rentre dans ma chambre, pour voir trois appels manqués de Yves. Je souffle et retourne dans la pièce où j'étais. Je le rappelle et lorsqu'il décroche je raccroche.

-T'es une gamine en fait

Je souris quand je vois son message. Mais lorsque mes yeux tombent sur les autres messages qu'il m'a envoyé,

-Tina décroche

-Mais décroche merde, c'est important là.

-Fabien vient de m'apprendre un truc de fou.

Je le rappelle immédiatement :

-Qu'est ce qui se passe ?

-Godwin a fait un accident de voiture

-Quoi ? Comment ? Il est où ? Comment il va ?

-Il est mort sur le coup, je suis devant chez toi.

Je ne sais pas comment j'ai fais pour aller lui ouvrir la porte, encore moins comment j'ai fais pour m'endormir sur lui. Toujours est-il que quand je me suis réveillée, les paroles de Georges me sont revenues en mémoire :

-Ce que j'ai fais à ton amant n'est rien comparé à ce que je peux faire à ton copain ou tout autre garçon qui s'approchera de toi. Toi non plus ne me pousse pas à bout Tina.

J'ai commencé à pleurer doucement pour ne pas réveiller Yves mais il s'est réveillé quand même. Il est là depuis quelques minutes, m'a apporté un verre d'eau et est entrain de me caresser le dos.

C'est ma faute, il m'avait prévenu, il me l'avait dit. J'aurais dû m'éloigner de lui. J'aurais dû éviter de l'approcher, j'aurais pu éviter tout ça. J'aurais pu éviter tout ça.

-Hey, arrêtes de pleurer, arrête.

-Je...je suis...je l'ai vu vendredi, il...il allait mieux, co...comment ça a pu arriver ? Je...je vais, je dois aller le voir...

-Chut bébé, là, ça va aller, on ne prévoit pas la mort tu sais. Ça va aller.

-C'est ma faute. J'aurais pu éviter ça, j'aurais pu.

-Qu'est ce que tu veux dire ?

Non, Georges n'a pas pu faire ça. Il peut être complètement débile mais il n'est pas capable de faire ça, à cause de moi. C'est impossible.

-Rien, oublie, je vais prendre un comprimé. Ne me laisse pas seule s'il-te-plaît.

Mon  Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant