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-Mais qu'est ce que tu fais ?

-Je t'inscris pour des cours en ligne. Tu vas suivre les cours pour les deux mois qui restent avant notre mariage.

Je déglutis, il a encore cette idée en lui ?

-Je ne veux pas t'épouser

-Évidemment que tu le veux.

-Non. Je ne vais pas épouser un simple professeur q-

-Tais-toi.

Il se tourne vers moi et je ne peux empêcher mes yeux de parcourir son corps. J'ai envie de le toucher, sans que forcément ça ne se termine en jambes en l'air. J'ai envie qu'il me parle de lui. J'ai envie de le connaître comme il me connaît. De savoir ce qu'il fait, où, quand et comment. Exactement comme lui surveille chacune de mes actions.

Peut-être qu'il a placé des caméras chez moi, peut-être qu'il me fait suivre, peut-être que c'est comme ça qu'il connaît chez moi, mon numéro et tout ça. Au moment où je m'apprête à lui poser la question, il se lève et me serre contre lui :

-Je ne suis pas un simple professeur. Je n'ai pas besoin de ce travail, je l'ai commencé à cause de toi. Maintenant j'ai démissionné et je te l'ai dis si c'est pour l'argent, j'en ai des tonnes.

Je caresse son dos, humant son odeur :

-Je n'ai pas envie de ton argent sale.

-Ce n'est pas de l'argent sale. C'est une fortune que ma famille m'a léguée.

Je me détache et essaie de voir si il ment. Il soutient mon regard. Je souffle, si il ment je ne peux pas le savoir, il ne s'ouvre pas assez à moi pour ça.

Je sens dangereusement que je deviens faible après ce mois passé avec lui. J'ai remarqué ses petites manières et parfois je me surprend à vouloir le piquer pour qu'il m'accorde toute son attention. Je dois faire attention à ne pas tomber amoureuse de lui. Il m'attire ça c'est indéniable. Je me demande ce que Yves penserait de moi à cet instant s'il était là.

2 mois plus tard

-Et qu'est-ce qu'il te voulait ?

Georges vient se poster derrière moi et enfouit sa tête dans mon cou. Je souris :

-L'heure.

-Et c'est l'heure qu'il t'a demandé pendant 3 minutes ?

-Non, il m'a demandé mon numéro. Je lui ai donné le tien. Il devrait t'appeler dans quelques heures.

Il se tait, pensif pendant que je savoure sa proximité,les yeux fermés :

-Ou si tu veux, élimine le. Ça ira plus vite.

J'arrête de respirer et ouvre les yeux, complètement bloquée par ce que je viens de dire.

Il me caresse les bras alors que j'ai les mains dans de la farine :

-Tu as changé, je n'aime pas ça.

Je me tourne vers lui.

Il me caresse le nez et les lèvres avant de me faire un bisou sur le front et de sortir de la cuisine. Je soupire et me reconcentre sur ma préparation.

Qu'est-ce que je viens de dire ? Je lui ai demandé d'éliminer quelqu'un. Non, ce n'est pas moi ça.

Je secoue la tête, riant légèrement. Je ne sais même plus quoi penser, ni qui je suis.

Je n'y arrive pas. Et le pire c'est que je suis entrain d'être amoureuse de lui.

Bordel, ça ne devait pas se passer comme ça. Je suis revenue me jeter dans ses bras pour le faire payer. Je suis revenue pour soulager la douleur dont il m'a affublée moi et ma conscience mais c'est pire. J'ai accepté de venir vivre avec lui. Je n'ai plus aucun lien avec mes parents et j'aurais dû prendre ce maudit train il y'a deux mois.

J'ai commencé à aimer sa manie de dépendre de moi. Il n'arrive pas à fonctionner correctement si je le boude, ou si je n'ai pas de contact avec lui de la journée et j'aime ça. J'aime cette façon qu'il a de me regarder comme si j'étais un diamant brillant de mille feux. J'aime sa façon de me toucher, de me posséder, de m'aider et de m'aimer. C'est horrible parce que je l'aime. J'aime l'homme qui a tué mon copain, j'aime cette lueur dans ses yeux quand il me regarde, même si c'est malsain, j'aime ça. Je me suis trompée en pensant que je venais pour le tuer, la vérité est que je suis revenue pour rester près de lui. Je le voulais, je voulais le revoir, sentir ses caresses, son sexe, son ricanement, ses piques, je ne voulais pas m'éloigner de lui. Il a raison, il a eu ce qu'il voulait. Il s'est ancré dans ma tête et maintenant dans mon cœur. J'aurais pu éviter tout ça si j'étais partie. Je le déteste pour ça. De me rendre si faible, moi qui manipule mon père, moi qui utilise qui je veux, quand je veux, moi qui me détache si facilement, j'ai l'impression qu'il m'a reliée à lui avec un fil si fin qu'il est impossible de voir et par conséquent de couper.

Il m'a fait réussir au BAC, avec mention très bien en plus. Je n'ai pas passé la dernière matière mais cet imbécile m'a fait être Bachelière. Je le déteste aussi pour ça. Je le déteste de me contrôler ainsi, je le déteste de m'avoir aidée, je le déteste d'être ce qu'il est. Je me déteste de l'aimer, de frissonner à chaque fois qu'il me touche et de me sentir en manque à chaque fois qu'il n'est pas là. Je me déteste d'être aussi faible face à lui. Georges est ce qu'on peut appeler une personnalité haut placée. Un des grands de ce monde. Le genre qui ne passe pas dans les journaux, le genre à qui on obéit sans réfléchir, le genre qui décide du cours du dollar, le genre qui a des actions un peu partout, le genre qui ne se montre pas mais que tout le monde connaît, le genre dont le nom de famille est connu un peu partout, le genre dont la famille est dominante depuis des siècles. Tout ce qu'il a fait est de continuer le chemin que ses ancêtres ont tracé depuis des générations et de profiter de la fortune de ses parents.

Je ne veux pas, je lutte de toute mon âme contre ce que je ressens.

J'ai chaque nuit l'occasion de le tuer, lorsqu'il dort contre moi, et qu'il s'accroche à moi comme si j'allais lui être enlevée. Je pourrais empoisonner chaque plat qu'il mange mais je n'y arrive pas. Je ne veux pas non plus. Cet homme est un monstre oui, mais c'est un homme quand même. Parfois j'ai l'impression qu'il a deux faces. Je déteste l'une et j'aime l'autre. À moins que j'aime les deux tout en les détestant à la fois. L'une m'a fait du mal, m'a manipulée, m'a prit celui que j'aimais et l'autre m'aime comme un malade. Il a tué pour moi. Et même si je refoule tout ça au plus profond de mon âme, j'ai un sentiment de culpabilité qui me ronge. Je me sens coupable de l'aimer. Cet homme est un monstre oui, mais c'est un homme quand même. Parfois j'ai l'impression qu'il a deux faces. Et je ne peux m'empêcher de m'inquièter pour lui, d'essayer de l'aider, de lui donner de la douceur car c'est ce qu'il cherche dans mes bras. De l'amour. Peut-être m'a-t-il manipulée, sûrement que si on me fait sortir de cette maison, je reviendrai à moi-même. Je le verrai comme ce qu'il est réellement, mais là avec lui, je me dis que ce n'est pas si grave qu'il soit un assassin, il a fait ce qu'il fallait pour que je sois à lui. Et même si je ne l'accepte pas encore, je commence à le comprendre. À comprendre cette envie qui le submerge parce que je ressens exactement la même chose. Je ressens la même électricité lorsque qu'il me fixe intensément de ses yeux noirs. Je me retiens de lui sauter dessus à chaque fois qu'on se retrouve seuls.

En réalité il n'y a que ça de réel. Le fait qu'on dépend l'un de l'autre et que nos corps s'attirent.

Mon  Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant