-Tu ne peux pas faire ça, tu ne vas pas me faire redoubler à cause d'une stupide envie. T'es complètement malade.
-Et pourquoi pas ?
-Tu ne pourras pas.
-Ah oui ? Continue sur cette voie et tu verras.
Il me met une petite tape sur les joues de ses...
-Vous feriez mieux de prendre un chapeau ou un parapluie, il va pleuvoir.
J'hoche la tête avant de retourner dans ma chambre d'hôtel. La femme qui vient de parler était en train de balayer le couloir. Je suppose qu'elle est la concierge alors. Demain et je ne me sentirai plus autant lourde qu'hier et aujourd'hui. Au moins j'ai pu descendre boire un café et manger un plat digne de ce nom. C'était du riz, des pâtes, des légumes et des fruits. Spécialité de la ville. En tout cas c'était délicieux. Aujourd'hui j'ai décidé de me rendre chez le Gouverneur, je n'ai aucune envie de me faire remarquer mais je suis bien obligée, je n'ai plus rien comme argent. J'ai pris le reste pour m'acheter quelques vêtements ce matin. Vu que ce Gouverneur est équivalent à un président, je me dois d'être à la mode de son pays, pour ne pas passer pour une étrangère imbue d'elle même et pour faire bonne impression.
Je me regarde dans le miroir et fait tourner ma jupe :
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Je ne suis pas si différente de celles que je croise. J'ai pris un chapeau mais je regrette de ne pas avoir pris de manches longues, il fait un frisquet et le ciel commence à s'assombrir, les femmes se dandinent gracieusement et leurs bijoux tintent à chaque geste qu'elles font. Certaines portent des paniers en osier sur la tête ou contre leur poitrine. Elles vont et viennent en groupe ou seules, visiblement très occupées. Je ressors le papier que m'a donné l'homme il y'a quelques jours et inscrit l'adresse dans mon GPS.
Quoi ? 35 Kilomètres ? Il veut que je vole ou quoi ?
Je vais dans Chrome pour taper moyens de déplacements à Farfay. Après quelques secondes j'ai une farandole d'applications de transport. Je télécharge le mieux noté et suis les instructions. Je commence à avoir mal aux pieds quand même à force d'être debout et le froid n'arrange rien. Espérons que je ne m'effondre pas avant que mon taxi n'arrive.
En fait tout est presque comme dans les autres pays. Le taxi est jaune-noir-blanc et l'intérieur est confortable. Une musique bizarre sort du poste radio et je constate sans grande surprise que c'est un homme qui se trouve au volant. J'ai l'impression qu'ici ce sont les hommes qui font tout, les femmes ne font que se déplacer et papoter à longueur de journées.
Je mets mes écouteurs dans les oreilles et lance une playlist détente sur Audiomack. Je sens que ça ne va pas être tendre, je suis en droit de réclamer mes papiers quand même. C'est sûrement un vieux bedonnant, chiant à mourir qui me joue cette farce. Je suppose qu'il ne s'est pas assez amusé dans sa jeunesse et qu'il a besoin de faire chier les étrangers.
Le chauffeur me dépose devant une immense maison, rouge dorée. Je n'ai pas le temps d'admirer la construction puisque le vent commence à souffler, ce qui donne une vision assez étrange du bâtiment devant moi. Je tremblote et me maudis intérieurement de ne pas être retournée prendre un pull-over ou de ne pas en avoir acheté. C'est la concierge aussi, elle aurait pu me conseiller de prendre un pull-over au lieu de me dire de prendre un chapeau ou un parapluie.
Je sonne et quelques secondes après, le portail s'ouvre sur une femme, voilée qui me sourit. Elle me fait entrer et m'entraîne sur la terrasse avant que je ne sois complètement mouillée. Je tremble littéralement de froid et je peine à tenir sur mes jambes. Je crois que je vais devoir attendre que la pluie cesse avant de repartir. Je vais devoir aussi demander quelque chose pour me tenir au chaud, la femme m'a l'air assez aimable. Elle me précède et je remarque avec surprise qu'elle ne porte rien à ses poignets. J'ai envie de lui poser la question mais je me retiens. Je dois bien me tenir maintenant. Pour faire bonne impression. Je lui demanderai après lorsque je m'en irai.
Je lisse ma jupe et enlève les gouttes qui glissent dans mon haut. Saleté de temps. La femme ouvre une porte et fait un pas en arrière avant de m'inviter à entrer. Je lui souris, et entre, les mains autour de moi pour me tenir chaud. La pièce est plongée dans la pénombre et la pluie fouette les fenêtres, me donnant presque envie de dormir. C'est à ce moment que je me rappelle que la jupe est doublée. Avec soulagement, je soulève le pan de derrière pour m'en recouvrir, ce n'est pas suffisant mais c'est déjà ça.