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Il est arrivé ce matin. Je le sais. Thomas est venu et m'a amené à manger. Il m'a dit qu'il était de mauvaise humeur aussi, j'ai haussé les épaules et il est reparti.

Je suis face à la fenêtre, assise sur un lit. J'ai demandé à une femme de m'aider à voir dehors, la vue est magnifique. Elle a aménagé une sorte d'escalier qui conduit à un lit tout doux, au cas où je voudrais dormir près de la fenêtre a t-elle dit.

Je n'ai plus la perfusion et de ce que j'ai compris, je vais commencer à prendre des médicaments aujourd'hui. Tout ça ne m'intéresse pas plus que ça. Je m'en fiche pas mal. Tout ce qui m'intéresse, c'est qu'il franchisse cette porte. Je lui en veux, et encore, le mot est faible.



- -et puis c'est arrivé comme ça. Je ne sais pas, je ne sais pas comment t'expliquer, c'est f-

J'ouvre doucement un œil, puis le suivant. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il est là et qu'il me parlait dans mon sommeil. Sa main se retire de ma joue. Je me redresse pour me rendre compte que je me suis endormie dans mon lit.

Une colère intense s'empare de moi lorsque mes yeux rencontrent les siens. J'ai envie de le gifler, le- le simple fait d'y penser me donne des frissons dans le corps.

L'envie est de plus en plus forte, pourtant je ne bouge pas. Il s'attend probablement à cette réaction et je ne lui ferai pas ce plaisir. Je remets la couverture par-dessus ma tête et me recouche.

-Tina

Sa simple voix m'énerve encore plus. Je dois vraiment penser à autre chose, autre chose comme...des souvenirs. De la vie que j'avais à l'extérieur de cette maison, ah mais je n'ai pas encore compris le sens des bracelets que les femmes portent. Merde j'ai oublié de demander à Thomas ou à une des femmes qui viennent par jour. Je me demande bien si c'est une tradition ou une obligation. Est-ce un signe de respect ? Mais alors si c'est ça, ça voudrait dire que les femmes de cette maison ne sont pas respectées ?

Non, ça ne doit pas être ça. Connaissant le Bel de la ville, ce doit être quelque chose de pervers, de malsain ou de stupide. Peut-être les trois. En tout cas, je vais finir par savoir. Je ne connais pas grand chose de la tradition non plus. Je dois vraiment chercher des informations sur Farfay-

-Tu me boude ?

Je lève les yeux au ciel et serre les poings sous la couverture. Il est culotté quand même, je n'avais pas senti qu'il s'était couché près de moi.

-Tu sais que je n'en ai rien à faire de tes états d'âme ma-  Tina, je...n'écoute pas ce qu'il dit. Tu sais bien que tu es importante pour moi e-

-Et bien justement je ne sais pas Georges.

Ma voix sonne un peu fort, je respire discrètement pour me calmer. Pas besoin de lui montrer ce que je ressent, il s'en servira contre moi.

-Ouh, elle est fâchée la petite sauvageonne, elle va faire quoi ?

-Non, sérieusement fous le camp. Pourquoi tu la provoque là ?

-Oh mais déstresse

-Mofal tu fiches le camp. Je ve-

-Pourquoi tu me parles comme ça à moi ? S'il y'a une personne qui doit s'en vouloir c'est bien toi. Tu sais très bien ce que je suis et ce que je peux faire.

-Je suis conscient de ma responsabilité dans ce qui s'est passé. T-

-Eh bien on ne dirait pas hein.

-Mais tais-toi bon sang !

Je retire la couverture et je le vois remuer la tête dans tous les sens, ses mains s'agrippant à ses cheveux. Il est assis mais se lève précipitamment :

-Pour que tu joues au pitre ? Tu n'as rien trouvé de mieux à faire que parler dans le vide. T'as même pas les couilles pour lui parler en face.

-Parce que toi, tu peux peut-être ? Tu n'as donc pas honte de ce que tu as fais ?

-On a déjà parlé de ça mais je me répète encore si tu veux. Si c'était à refaire, je referai exactement la même chose.

-Tu mens.

Le ton est incertain, il sait qu'il dit vrai. Je le sais aussi.

-Ah oui ? Laisse la moi et tu verras. Tu veux tenter le diable ?

Je me lève et malgré moi m'approche de lui. Il est maintenant assis par terre, ses mains griffent le tapis. Il secoue la tête :

-Je ne suis pas fou Mofal. Si tu continue comme ça, tu vas la tuer

Mon sang se glace quand il ricane, me regardant :

-Peut-être que c'est ce que je veux.

Il se relève et s'approche de moi, un sourire mauvais sur les lèvres.

-Ce n'est pas ce que je veux. Tu es totalement malade Mofal. Je l'aime et donc tu l'aime aussi.

Il me fait dos maintenant, il tremble, je sursaute légèrement lorsqu'il me fait face à nouveau brusquement :

-J'aime la baiser, nuance. Non mais tu crois sérieusement que je suis capable d'aimer ? Ne sois pas naïf s'il-te-plaît.

-Tu-

Il se mord la lèvre, si fort que je tend la main vers lui pour lui toucher la mâchoire. Il s'arrête immédiatement et ses yeux sombres se posent sur moi. Ses lèvres s'étirent en un rictus :

-Ma petite sauvageonne.

-C'est Tina son nom. Arr-

-Ta gueule merde. Bien. Ma douce, tu sais qu'au début, tu me plaisais beaucoup ? Tu es si belle et au lit oh Seigneur, une vraie petite sauvage comme je les aime.

Il tourne autour de moi, les mains dans les poches :

-Le problème, puisqu'évidemment il y'en a toujours un avec vous les femmes, c'est que j'ai remarqué que maintenant que tu es au courant pour Georges, ou moi, tu es devenue...fade. Comme les femmes de Farfay et tout le monde sait que je déteste les femmes fades. Alors tu vas me faire le plaisir de réagir à mes provocations et franchement, tu seras gentille si tu pouvais me gifler de temps en temps.

Il me fait un clin d'œil, je reste pantoise, les bras ballants.

-C'est quoi cette tête ? Bon, je vois, tu veux que je te fasse quelque chose de pire que ce que je t'ai fais ?

Devant mon silence il secoue la tête :

-Voilà, tu es sensée me dire non. Et j'aurais eu un plaisir immense à voir la peur dans tes yeux. Non mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Je pourrais te tuer putain. Tu sais ce que ça veut dire ?

Il secoue mon bras :

-JE PEUX TE TUER, MAIS POURQUOI TU N'ESSAIES PAS DE TE DÉGAGER ?????? PLEURE, CRIE, JE SAIS PAS MOI MERDE !

Qu'est-ce qui est entrain de se passer ?

-C'est bon je me casse. Tu fais chier.

La porte claque et j'ai du mal à comprendre ce qui vient de se passer. Je me laisse tomber sur le sol, vidée, rester si longtemps debout m'a épuisée.

Mon  Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant