PROLOGUE

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2001

- Tu ne me prendras pas mes filles !

- Tes filles ? Tu ne sais même pas nourrir tes filles ! Et tu veux que je parte sans elles ? Que je te laisse les tuer ? La tuer ?

- Repars en France si tu veux, mais tu laisses Kania ici ! Avec moi.

La plus vieille des deux sœurs sert sa cadette dans les bras pour qu'elle ne s'inquiète pas, comme un bouclier. Elle ne souhaite qu'une chose, que tout ça s'arrête, que sa famille devienne la même famille que ses camarades de classe. Que sa mère l'aime, ne serait-ce qu'un petit peu.

Une maman et un papa qui s'aiment.
Une maman qui l'aime.
Des rires, des sourires, de la joie, passer des noël heureux et des anniversaires heureux.

Plus de cris.
Plus de larmes.
Plus de coup.
Plus de drogue.

Mais c'est peine perdue, elles le savent l'une comme l'autre. Elles n'auront jamais la famille dont elle rêve tant depuis petite.
Elles n'auront que cette famille dysfonctionnelle qu'elles ont depuis leur naissance.

La plus vieille, c'est déjà demandé pourquoi leurs parents sont ensemble, comment un jour, ils ont pu décider d'essayer de s'aimer. Ils sont restés ensemble seulement dus au fait que la plus vieille a ramené le bout de son nez avant qu'ils ne se séparent, ils ont voulu faire semblant et faire croire à une famille parfaite avant qu'un an plus tard Kania ne fasse son arrivée.

- Je te tuerai si tu m'empêches de les emmener avec moi, crie le père de famille en français.

2002

La belle blonde entre dans sa nouvelle classe pour le reste de l'année scolaire, elle arrive en plein milieu d'année dû au déménagement.
Une nouvelle maison, une nouvelle école, une nouvelle maîtresse, de nouveaux camarades, une nouvelle langue.
Et peut-être des amis.

Sa seule espérance est une nouvelle vie, plus calme, plus heureuse et avec plus de stabilité.

- Bonjour Katlijn, va t'asseoir près de Ken, lui sourit sa nouvelle maîtresse.

Elle a l'air chaleureuse, Katlijn est rassurée.

La traductrice, qui va suivre la petite fille pendant plusieurs mois, lui dit ce que son institutrice lui a demandé.

Elle arrive à voir un jeune garçon lever la main, elle comprend alors que c'est à côté de lui qu'elle doit s'asseoir.

Ce jeune garçon est brun avec des yeux marron, il ne regarde pas sa nouvelle camarade comme les autres le font. Parce qu'il sait et comprend ce qu'elle ressent face à ses regards inconnus et oppressants. Il n'y a pas si longtemps, c'était lui le nouveau.

Elle finit par prendre place à côté du jeune brun qui lui offre un sourire, lui aussi chaleureux et presque bienveillant.

C'est sûr qu'arriver des Pays-bas sans parler un mot de français, n'était pas la meilleure idée que son père a eue pour ses deux filles, mais Katlijn est contente de se trouver près de lui.

- Katlijn, répond la jeune fille au garçon qui vient de lui demander son prénom.

2006

- Tu me fais chier !

Les garçons autour d'elle explosent de rire. Elle ne comprend pas vraiment ce qu'il y a de drôle. Une fois qu'ils sont calmés, le plus vieux des deux Kabyles lui explique.

- Ton accent Kat', il nique tout.

- Je m'en fiche. Vous êtes juste con, elle croise les bras sur sa poitrine avec la même moue que pourrait faire un enfant.

Même si ça fait quatre ans qu'elle vit en France et que chaque jour, elle essaye de s'améliorer dans la langue de Molière, ça reste difficile pour elle. Mais il est vrai que ses amis l'aident énormément, surtout son premier camarade de classe, Ken. Ils passent tous beaucoup de temps pour l'aider, pour s'améliorer, elle leur en est très reconnaissante.

Hakim, le plus vieux des deux frères Akrour, passe son bras autour de ses épaules pour qu'elle arrête de faire l'enfant, mais c'est peine perdue.

La néerlandaise a toujours su cacher ce qu'elle ressent, surtout quand elle était devant sa mère. Alors ne pas leur montrer qu'elle est heureuse à cet instant même est un jeu d'enfant pour elle.

- On est désolé Kat', mais en même temps ton accent nous a toujours fait rire. Ça ne va pas changer maintenant.

- J'en suis fière, donc arrêtez de vous moquer de moi, klojo !

- Klo' quoi ? demande Hakim légèrement perdu.

- Connasse toi-même ! lui répond le Grec en fronçant les sourcils.

Elle tire la langue à son ami avant de sourire, contente que sa langue natale reste un peu en eux aussi. Même si elle espère ne jamais y remettre un pied.

2015

Sourire fière aux lèvres et regard posé sur son meilleur ami, Katlijn ne s'est jamais senti aussi heureuse de sa vie. Ce jeune garçon qui l'a si bien accueilli il y a de ça treize ans, est devenu un jeune homme très charmant et surtout très lié avec la jeune femme. Un seul regard leur permet de se comprendre et elle sait très bien que s'il vient à croiser son regard, elle ne pourra pas cacher la fierté qu'elle ressent à cet instant même.

Elle détourne les yeux et les pose sur le plus jeune des Kabyles, celui avec qui c'est le plus dur et ça depuis des années maintenant. Sans vraiment savoir pourquoi leur relation s'est tendue avec le temps. Entre provocation, vengeance et autre vacherie l'un contre l'autre.

Entre les deux, seul le temps peut arranger leur relation.

TijdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant