Tijd

Chapitre 10:

KATLIJN

Je souffle et frotte mon visage face à la future décision que je vais devoir prendre.
Je me suis toujours dit de dire oui à chacune des offres qu'on pourrait me faire, même si c'est à l'autre bout du monde.
Mais depuis quelques semaines, j'ai plus l'impression de devoir prendre ce genre de décision seul.
Idriss est devenu bien trop présent dans ma vie et notre relation est bien trop ambiguë pour que je ne lui demande pas son avis.
Pourtant, quand j'ai perdu Nate, je me suis promis de vivre à fond et de ne jamais regretter mes choix, de suivre mon cœur peu importe les conséquences, pour profiter de cette deuxièmes chances que j'ai eues.

Maintenant, j'ai deux choix, soit je pars aux États-Unis pour sûrement vivre l'une des plus belles expériences de ma vie, devenir ce genre de maquilleuse que je respecte et que je rêve d'être.
Ou bien, rester à Paris et peut-être vivre l'une ma plus belle histoire d'amour.
C'est une bataille entre ma raison et mon cœur.
Mais inconsciemment, je sais que je suivrai ma raison. Parce que c'est ce que je fais depuis le début de ma carrière et que j'en suis arrivé là seulement parce que j'ai laissé mon coeur sur pause.

Je partirai que six mois, mes amis ne vont pas disparaître en un clin d'œil, et Idriss non plus.
Qu'est-ce que c'est que six mois dans une vie ?
Elle me fait flipper cette question à vrai dire.

- Kat' ?, me demande Idriss assis pas loin de moi.

- Oui ?

- ça va ?

Je me tourne vers Idriss à qui je souris.

- J'ai eu une offre pour un contrat et je sais pas ce que je dois faire.

- Il est un où le blême ? Tu d'mandes jamais quoi faire pour un contrat Kat'.

- Le contrat est aux États-Unis. Ils ont vu mes travaux, et ils veulent que je vienne chez eux pendant cinq à six mois pour former. Et je ferai même partie d'un jury dans un concours.

- Aux États-Unis ?

- Oui. Tu ferais quoi à ma place ?

- Tu veux y aller ?

- Ça serait incroyable pour moi, c'est une offre en or. Une petite française qui va bosser pour une grande enseigne aux États-Unis, alors que je ne suis pas connue en dehors des frontières. Ça serait énorme pour ma carrière.

- Tu as déjà fait ton choix, tu veux pas te l'avouer.

- Mais imagine que mon père tombe malade, il n'aura personne autour de lui. Ma sœur ne vit pas ici, et si je pars là-bas, il aura personne.

- Bien sûr que si, on est là.

- Et s'ils vous arrivent quelque chose à vous ?

- On sera là aussi, il met une mèche derrière mon oreille, tu l'as dit toi-même, c'est une superbe opportunité pour toi.

Je mords ma lèvre et l'observe.

- C'est long six mois.

- Pas tant que ça.

- J'ai jamais vécu six mois loin de vous, ça fait treize ans que je suis tous les jours avec vous Idriss.

- Ça te fera peut-être du bien aussi, il ricane alors que je me mets contre son épaule, et je te promets que j'vais t'attendre, si c'est ça qui te fait peur.

Je souris légèrement, je suis contente qu'il pense aussi à nous.

- J'espère bien.

J'me mets à califourchon sur lui et pose mes mains sur ses joues, avant de l'embrasser, il en profite pour passer ses mains sous mon t-shirt.

- Tu dois partir quand ?

- Dans une semaine.

- Une semaine ?

- Oui, et je reviendrais en février, mars.

- T'acceptes alors ?

Je regarde son visage plusieurs secondes avant de hocher la tête.

- Vous allez me manquer, je réponds avec la gorge nouée malgré tout.

- Toi aussi, certains plus qu'à d'autres.

[...]

J'ai accepté.
Après m'être réveillé contre Idriss, j'ai envoyé un mail pour accepter le contrat. Je dois être là-bas le 7 septembre pour signer mon contrat.
J'ai aussi envoyé un message à tout le monde, je compte leur dire ce soir pour ensuite passer un maximum de temps avec eux, et demain, j'irai voir mon père pour lui annoncer.
Je sais déjà qu'il sera fier de moi, mais aussi qu'avoir ses filles dans deux pays différents de lui risque d'être bien plus difficile.
Je souris lorsque le rappeur sort de la salle de bain. Je suis déjà triste de les quitter, mais j'me dis que c'est quelque chose d'incroyable pour moi.

- T'as envoyé ton mail ?, il me demande toute suite.

- Ouais. J'ai aussi demandé à tout le monde de venir ce soir. Une semaine ça passe vite, je souffle en jouant avec mes doigts.

Il vient se coucher à côté de moi, pour prendre mes mains.

- On va gérer, il essaye de me rassurer alors que je souris.

Il y a tellement de choses auquel il faut penser et en une semaine, j'ai peur d'en oublier.

- J'vais aller prendre ma douche, je finis par trouver le courage.

Quand je sors de la salle de bain, j'entends de la vie dans mon salon, je ne pensais pas qu'ils allaient arriver si vite.
Je les rejoins et je prends un par un mes amis dans les bras avant de m'asseoir près de ma meilleure amie.

- Il te prend quoi à nous dire de tous venir à la dernière minute ?

- J'avais envie de voir vos têtes, je réponds à Hakim.

- C'est bon ma reuss, je rigole.

Je vais dans la cuisine prendre les boissons pour les ramener sur la table basse et pour que tout le monde se serve.
Après une ou peut-être deux heures, je décide d'annoncer mon départ.

- Les gars ?

La main d'Idriss se pose sur ma cuisse et la sert pour me donner le courage nécessaire.

- Ouais ?

- Je vais partir de Paris pendant plusieurs mois.

- Quoi ?, commence directement Hakim.

- Tu vas où ?, demande Ken.

- J'vais aux États-Unis pour un gros contrat.

- Et ça va durer combien de temps ?, demande Deen.

- Cinq ou six mois.

Ils restent tous silencieux avant qu'Ambreen me prenne dans ses bras et me serve fort.
On est vite rejoint par tout le monde.
Je finis par rester dans les bras de Ken le reste de la soirée.
J'ai l'impression que partir six mois loin de lui, c'est comme me séparer de mon jumeau, mais je suis sûr que ça va aller.

- Je suis fière de toi Kat', mais bordel ce que tu vas me manquer.