S3 #8

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PDV Tarik

Une guinz' dans une main, un café dans l'autre, sé-po sur une terrasse de Paname, aux premières lueurs du sbah, j'avais visser toute la nuit dans un gros club parisien. J'étais crevé et défoncé, les oreilles saignées par la musique de merde qui était passée toute la nuit. Mes poches pleines me rassuraient comme d'habitude, sur l'efficacité de cette escapade et il me tardait de rentrer au Zoo pour recompter ma liasse une fois de plus, comme un putain de schizo. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était, étant donné que mon bigo m'avait lâché à peine minuit passé. Heureusement j'avais vu Mess avant de partir hier soir pour l'avertir que je partais sur Paname pour la nuit. Je portais ma clope aux lèvres avec mes doigts tremblant rougis par le froid tout comme ma jambe tressautait pour faire circuler le sang au bout de mes orteils gelés. Les températures de cette fin janvier ressemblaient vraiment à la Sibérie même si je n'y avais jamais foutu un pied. Après un quart d'heure, je ne tenais plus alors je montai dans ma 206, chauffage à fond, direction Corbeil.

En entrant au Zoo, je croisai un tit-pe qui chouffait pour nous depuis bientôt un an, étonné de le voir dehors à sept heures du mat'. Le regard paniqué, qu'il me lança, me fit froncer les sourcils et un putain de mauvais pressentiment s'empara de mon corps. J'accélérai jusqu'à mon bâtiment pour retrouver un attroupement avec mes shabs. Je pilai devant les escaliers, Nabil sauta les quatre marches pour ouvrir ma portière, penché au-dessus de moi.

- Ad, on est dans la merde ! J'peux savoir où est ton bigo zebi ?

- La batterie m'a lâché cette nuit. Que passa ?

- On s'est fait tauper...

- De quoi ?! Hurlai-je en sortant de ma caisse.

- Un garage et l'appart' du E...

- Vous vous foutez d'ma gueule ! Comment c'est possible ? Continuai-je de gueuler en montant vers les gars.

- Ils ont déboulé à trois bagnoles, armés comme des putains de soviet' à peine avant 5h30. On était tous couchés, m'expliqua Mess. Y'avait que Casper debout mais il était chez lui, à la fenêtre.

- T'as vu quoi, me tournai-je vivement vers l'intéressé.

- Juste deux caisses déboulées dans notre rue. La première à tirer un frein à main devant le bât' E, ils sont sortis à deux de la bagnole avec des calibres et ils ont foncé dans le hall en courant; la deuxième voiture tournait doucement avec deux gars assis par les fenêtres arrière avec des Kalashs à la main.

- Tu les as reconnu ? Interrogeai-je aussitôt.

- Non, ils étaient cagoulés... lâcha Lucas en se passant une main sur la nuque. J'ai appelé les gars tout de suite et ça a commencé à hurler derrière puis ça a suivi ici. Des choufs sûrement. Ces enculés se sont excités, j'les ai vu tiré en l'air. Les deux sont sortis du E avec un sac de sport et ils se sont barrés. J'te jure Ad, ça a duré même pas cinq minutes.

- J'sais, dis-je sombre. Et le garage c'est quoi ?

- J'suis descendu juste après pour aller voir ce que c'était les premiers cris que j'avais entendu derrière. Y'avait un tit-pe à terre en sang. Il va bien, dit aussitôt Casper voyant que j'allais le couper. Il était devant les garages à fumer tranquille, il s'est mangé un coup de crosse, il était en train d'appeler Mess pour prévenir. Ils ont taupé du matos et un litron.

- Fais chier ! Hurlai-je en shootant dans une canette qui trainait là. J'imagine qu'eux aussi étaient  cagoulés...

- Ouais mais le petit a remarqué un tatouage dans le cou de l'un d'eux. Des signes chinois d'après lui...

Sourire à l'enversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant