S5 #2

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- Ah t'es là, je lance bêtement.

- On dirait bien. Qu'est-ce que tu veux ? Dit-il les sourcils froncés.

- J'me doute déjà de la réponse mais est-ce que t'aurais gardé le double de chez moi par hasard ? Je demande en remontant les marches que j'avais descendu.

Ses sourcils à présent se haussent surpris.

- Je suis arrivée précipitamment, j'avais pas prévu de...

- J'sais. J'ai eu Lucas au bigo dans la nuit, me coupe t-il. J'sais pas où elles sont, attends j'vais voir vite fait.

Il disparaît derrière la porte qu'il laisse entre ouverte. Clairement je me vois pas m'incruster chez lui alors je reste bien sagement sur le palier en louchant sur ce que je pouvais voir à l'intérieur de l'appartement. Les paires de basket de luxe entassés dans l'entrée me font comprendre que les affaires ont l'air de bien tourner ainsi que la clé de BMW jetée sur le meuble au-dessus des chaussures. Les craquements du parquet usés me signalent que Nabil revient et c'est le bras tendu qu'il me donne la clé de chez moi. Sans le porte-clés...

- Merci, tu m'sauves, je souris doucement soulagée à l'idée de pouvoir rentrer. Tu veux qu'...

- Tu peux la garder. J'en ai pas besoin, dit-il abruptement le regard fuyant. J'vais me pieuter moi. À plus.

Et il referme la porte comme ça, sans que je puisse ajouter quoique ce soit. Les larmes montent incontrôlables et je me dis que c'est sûrement la fatigue qui parle.

En déverrouillant ma porte, je pleure pour de bon. Je n'apprécie même pas les effleuves de la "maison" et je file directement sous la couette dans ma chambre. Elle sent un peu le renfermé sous mon nez mais tant pis, bientôt ce sont mes larmes qui étouffent l'odeur. Progressivement, je m'effondre de fatigue et de peine. Ces sentiments quotidiens que j'avais fuit depuis trois ans me reviennent pleine tête. Aïe...

Mon téléphone me tire d'un sommeil profond et je sais d'avance que je n'ai pas assez dormi.

- Allô ? Je bougonne.

- Dolce ? J'te réveille ? Pour de vrai ? Je l'entends sourire cet imbécile. T'as fait des folies de ton corps à Aix c'est ça ?

- Il est quelle heure ? Je demande en me frottant les yeux.

- J'sais pas. Attends... 9h30 !

- Mama, j'ai dormi moins de trois heures Andria. Qu'est ce qu'il s'passe ?

- Bah rien, j'prends des nouvelles. T'es sortie en boîte avec Leti ?

- J'aurais préféré... Je suis aux Tarterêts...

- Pardon ?! Qu'est ce que tu fous à l'autre bout du pays ?! C'est l'autre bâtard ?!

Inutile de préciser à quel bâtard il fait allusion.

- Non, non Andria... Il est toujours en taule...

- Bien. Non, pas bien. 'fin t'as compris quoi...

- Ouais...

- Pourquoi t'as refoutu les pieds là-bas alors qu'ils t'ont mis le cœur en miettes ? S'étonne réellement mon cousin et inquiet j'en suis sûre.

- Houria. La mère de Leti est malade, tu te rappelles ?

- Oui tu m'en as parlé y'a un moment.

- Les choses se sont dégradées brusquement hier soir. Je sais pas où ça en est mais on avait peur qu'elle ne passe pas la nuit. Y'avait plus d'avion alors j'ai roulé, qu'elle puisse la voir et lui dire au revoir.

Sourire à l'enversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant