Sourire à l'envers

S3 #10

Je restai abasourdie devant ce qu'il venait de se passer, sans trop savoir pourquoi on s'était frittés. Puis j'entendis la porte d'entrée claquer une deuxième fois laissant réapparaître Tarik pour la seconde fois de la soirée.

- Tu sais quoi ? Tu vas pas m'avoir ! Tu vas m'expliquer c'qu'il s'passe et j'bougerai pas avant de savoir.

- T'as pris ma maison pour un moulin ou quoi, me levai-je énervée. Tu t'crois où à claquer les portes comme ça ? T'es pas chez toi ! Rajoutai-je en m'avançant vers lui.

- Lou, arrête d'me zehef pour rien ! Lâcha t-il les dents serrés.

- C'est toi qui est zehef alors tu débarques à l'improviste et sans frapper pour m'agresser, fis-je en m'arrêtant à moins d'un mètre de lui.

- À l'improviste ? Je t'ai envoyé un message pour dire que j'arrivais !

- Et alors ? Tu dis que t'arrives et j'dois forcément te recevoir ? J'suis à ta disposition peut-être ?! M'exclamai-je les nerfs en pelote.

- Putain mais qu'est-ce qui t'arrives ?! Pourquoi tu fais la folle ? Hurla Tarik s'approchant encore plus.

- Il m'arrive rien putain, fous-moi la paix !

- Mais tu pars en couilles ma parole ! Lança t-il en secouant la tête.

- C'est moi qui part en couilles ?!? Hurlai-je hors de moi.

- Dis-moi ce qu'il y a ?! Cria t-il.

- Y'a rien !

- Pourquoi tu m'tiens à l'écart zebi ?! J'peux t'aider !

- Evidemment, éclatai-je de rire amère et les larmes aux yeux.

- Y'a quoi alors ?! Reprit-il hors de lui.

- Y'a rien j'te dis ! Vociférai-je en le poussant de mes deux mains sans qu'il bouge.

- DIS MOI !!! Hurla t-il en m'attrapant par les poignets.

- C'EST MON PÈRE !! éclatai-je en le regardant droit dans les yeux avec des larmes de haine et de peine inondant mon visage.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Se calma Tarik aussitôt en prenant mon visage en coupe entre ses mains.

Je tentai de baisser les yeux mais il resserra sa prise, m'obligeant à lever le regarder malgré ma vision brouillée.

- Lou, s'te plaît, dis-moi, exigea t-il doucement.

- Il est dans le coma... 'fin on l'a plongé dans le coma...

- Mais pourquoi ? Demanda Tarik en fronçant les sourcils.

- Il souffrait trop... Il dormait plus la nuit et la morphine le soulageait plus. Il fallait qu'on trouve une solution...

- Mais y'a plus de greffe ?

- Si, si bien sûr, on attend toujours un donneur. Maintenant il se réveillera seulement quand il aura reçu sa greffe...

- Tu te sens abandonnée ? Lança t-il.

- Hum..., gémis-je sans pouvoir lui répondre et j'éclatai en pleurs, les mains me couvrant le visage.

Tarik se contenta de me tirer doucement sur le poignet afin que je me blottisse contre lui. Ses bras s'enroulèrent autour de mon cou pour me garder près de lui. Je me laissais aller pendant de longues minutes à pleurer à chaudes larmes pendant qu'il me frottait le dos dans un geste rassurant. Il reprit la parole en premier :