Sourire à l'envers

S2 #4

- On arrive bientôt ? Demanda Nabil pour la quatrième fois depuis qu'on était partis.

- Tu poses encore une fois la question, j'te fais bouffer ton bob Bil-na ! Ragea Leti.

J'éclatai de rire avec Lucas. Je pensais être montée dans la voiture la plus calme pour me reposer après cette dure soirée mais c'était sans compter sur le jeune Andrieu qui avait de l'énergie à revendre. Plus on roulait, plus la circulation devenait dense donc je pouvais dire qu'il nous restait moins de deux heures de route. Mais il était vrai qu'en plein été, les bouchons à Paname étaient rien comparés au reste de l'année. Passés les frontières du 91, clairement plus personne ne tenait en place dans le coupé. Arrivant au Zoo en fin de journée, un comité d'accueil nous attendait : des motos, des quads, des scooters, des voitures avec la musique à fond. Ça klaxonnait dans tous les sens, à croire qu'on avait gagné la coupe du monde. Tout le monde descendit, ça se prit dans les bras, ça se checka, claqua des bises. Y'en avait plein que je ne connaissais pas ou seulement de vue.

- Alors c'était comment ? Demanda l'un d'eux.

- Chan-mé ! L'année prochaine, on s'barre à Salou ou à Zrce Beach ! Lança Karim.

Clairement, je n'avais pas le temps de rester avec eux. Je jetai un coup d'œil à mon bâtiment en face. Je fus soulagée de voir la Mustang devant. Je m'éclipsai rapidement pour m'élancer dans mon hall en manquant presque de bousculer une mère avec une poussette. Je lançai des excuses en arrière en m'engouffrant dans l'ascenseur. Je m'excitai sur le bouton de mon étage, je trépignais d'impatience. Je toquai même si je savais d'avance que la porte était ouverte. Un « entrez ! » me répondit de l'autre côté. Je rentrai direct dans le salon. Mon père était debout en train de ranger des papiers sur la table. Il se tourna vers moi et sa mâchoire sembla vouloir se décrocher.

- Surprise ! Criai-je en écartant les bras.

Mon père se précipita vers moi et me souleva dans ses bras en serrant tellement fort que je manquai d'étouffer.

- Je t'attendais que la semaine prochaine, dit-il en me reposant. Je me suis trompé de date ?

- Non non, t'inquiètes ! Je voulais te faire une surprise en venant plus tôt. Et puis, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer et je pouvais pas attendre huit jours !

- C'est quoi ? Me demanda t-il souriant.

- J'ai été admise pour l'école d'infirmière !

- Non ! Mais c'est génial ma chérie, dit-il en me reprenant dans ses bras. Je suis tellement fière de toi si tu savais.

Même si je savais qu'il avait toujours été fier de moi, l'entendre le dire m'émut vraiment. En reculant, je vis que lui aussi avait les larmes aux yeux. On rigola comme deux imbéciles.

- T'as pas de bagages ? T'es venue comment d'ailleurs ? Merde, j'ai pas fait les courses.

- Respire papa, tranquille. On ira les faire demain. Leti, les Andrieu et des potes sont venus passés des vacances à Argeles et ils m'ont proposé de me remonter avec eux. J'ai appris hier pour l'école, j'étais trop pressée de t'le dire !

- On va se faire un super resto pour fêter ça avec champagne !

- Euh... franchement si on pouvait faire sans alcool ça m'arrangerait. Je suis encore dans la soirée d'hier. Un bon grec, ce serait parfait en vrai.