Saison 2 #1

1K 29 12
                                    


Cette année fut riche et éprouvante. Les profs dès la rentrée avaient donné le ton sur les mois à venir. Et oui, l'année du bac. J'avoue avoir été surprise de moi-même tant j'avais été concentrée et assidue en cours. En même temps, je voyais déjà plus loin : l'école d'infirmières. Je voulais me constituer un dossier béton, en plus d'avoir le bac haut la main. J'avais pu compter sur le soutien indéfectible de mon père. On s'était appelés quasiment chaque semaine durant cette année scolaire. J'avais continué à avoir des nouvelles régulièrement de Leti qui se donnait toujours autant dans son boulot. Elle m'avait aussi motivé sans même s'en apercevoir. Nabil avait récupéré mon numéro et on s'était eu au téléphone quelques fois. Ce fut d'ailleurs lui qui m'avait appris peu après la rentrée que Tarik avait changé de numéro pour plus de sécurité. Ce dernier avait fini par m'envoyer un texto avec son nouveau contact mais les nouvelles de sa part s'étaient faites de plus en plus rares et la plupart de mes messages restaient sans réponse. J'avais fini par laisser tomber, je n'avais pas envie de lui courir après ou de le déranger. D'après Nabil, il charbonnait de plus en plus dans le hall en même temps que les contrôles de flics s'intensifiaient dans le Zoo aussi. J'étais inquiète pour les deux frères, c'est vrai, mais ce n'était pas mes affaires et j'avais suffisamment à faire avec mon propre avenir à préparer.

Me voilà, aujourd'hui, le lendemain de l'annonce des résultats, avec mes potes sur les plages de Argelès-sur-mer en train de boire des mojitos pour fêter notre bac en poche. J'avais obtenu le mien avec mention pour la plus grande fierté de mon père. On devait se retrouver aux Tarterêts en août pour profiter d'un peu de temps ensemble avant de me lancer à fond dans les études bien que je n'avais pas encore reçu la réponse de l'école. Ça ne devait pas tarder. Un texto me sortit de mes pensées :

Leti : Hola que tal ? Devine qui vient sdorer la pilul chez toi ds une semaine ?

Mais nooooon !!!! T'as pu avoir tes congés ?!

Leti : ouais ma gueule ! Quasi tous les garçons viennent, ils ont tlmt charbonné st année, on a loué une bête de villa, ça va être le feu !

Putain comme jai hâte !

Je me languissais tellement de les voir, traîner avec eux, discuter, rigoler et même ne rien faire, juste les avoir près de moi me réjouissait d'avance. Car même si je m'étais donnée à fond au lycée cette année, entourée de mes amis, j'avais tout de même ressenti un manque dont j'avais été la première surprise. L'idée de les retrouver avant de remonter en août, surtout loin de leur quotidien, loin du deal, me remplissait de joie.

La semaine passa à toute vitesse. Les journées se résumaient à enchaîner les plages, les soirées et les gueules de bois dont on se remettait le lendemain sur le sable. Ce genre de cercle vicieux qu'on avait choisi cet été pour fêter nos diplômes.

La veille de l'arrivée du TZ gang, je reçus une photo de Leti sur les coups de 21h. C'était la nuit tombée avec nos bâtiments en arrière plan, il y avait un coupé Mercedes blanc et un gros SUV noir BMW. Les vitres étaient baissées et on voyait les gars dedans en train de tous faire un fuck à Leti. Ils semblaient tous surexcités avec des sourires à se donner des crampes aux joues. J'éclatais de rire quand je remarquai Karim à l'arrière du BM avec des brassards gonflables rouges aux bras.

La légende de la photo était aussi hilarante : Je sens que les douze prochaines heures vont être les plus longues de ma vie ! Prie pour moi.

Je lui répondis aussitôt : Courage Bella ! Pense à cette plage quand tu vas arriver de bon matin demain !

Ma soirée fut bien arrosée. Je me réveillai par terre dans la salle d'eau du bungalow appuyée sur la cuvette des toilettes. La luminosité m'apprit que le jour était levé depuis bien longtemps tandis que le mal de tête m'apprit que j'avais trop encore bu. Je me redressai en gémissant en me massant les tempes puis je partis à la recherche de mon portable. Je le retrouvai dans une casserole de pâtes au salon. Je pouffai de rire, c'est chaud, je n'avais aucune idée de comment il avait atterri ici. Mais comme disait ma mère « faut attendre que jeunesse se fasse » donc je culpabiliserai plus tard, peut-être. Je fus agréablement surprise de voir qu'il n'était que 10h, d'ailleurs tout le monde dormait encore ici. Mais mon soulagement fut de courte durée quand je vis le nombre d'appels manqués et de textos que j'avais reçu ce matin. J'en lus quelques uns :

Sourire à l'enversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant