S4 #7

695 35 1
                                        

PDV Tarik

Je sautai hors du lit en attrapant un sweat que j'enfilai en courant dans les escaliers pour rejoindre ma voiture. Mon état de nerfs était tel que j'échappais deux fois mon trousseau de clés en voulant déverrouiller la caisse. Putain de centralisée qui marche plus ! Je finis par démarrer en trombes en quittant le quartier. 

La station essence dont parlait Casper était à moins de dix minutes. Je roulais comme un narvalo, le cerveau à un fil du court-circuitage. « On lui a tiré dessus », cette phrase se répétait en boucles et hantait mes pensées. Est-ce que Lou avait été visée personnellement ? Est-ce qu'elle avait été touchée ? Était-elle même en vie ? Putain, j'avais l'impression que mon cœur allait exploser dans ma poitrine et me donnait une douleur sourde à la limite de la suffocation. 

Ça y est, ils étaient passés à l'acte, pensai-je d'un coup. Évidemment que Lou était visée, ces fils de pute avaient dû la suivre. Je n'arrivais pas à réfléchir de manière claire pour autant. Je devais la voir le plus vite possible. 

Je déboulai à fond de balles au coin de la rue mais je pillai aussitôt quand j'aperçus les gyros et la flicaille un peu partout. Je me garai discrètement sur une place de livraison avant d'éteindre le contact ne sachant pas quoi faire. Un camion de pompiers me donna des sueurs froides, je priais pour qu'il ne soit pas là pour elle, ce qui était débile puisque j'étais quasiment sûr que c'était elle la cible. Un coup sec sur ma vitre me fit sursauter, levant les yeux vers mon cousin, lugubre. Je descendis directement de ma voiture :

- Elle est où ? Exigeai-je paniqué.

- Là, toujours à la station. Les flics sont avec elle, annonça Lucas sombre.

- Elle a rien ?

- Je l'ai aperçu vite fait, elle saignait au visage mais elle va bien j'pense. Un mec a été touché à la cuisse, lâcha mon cousin en levant le bras vers le camion de pompiers qui se trouvait à cinquante mètres.

- Putain, putain, putain, répétai-je inlassablement les mains emprisonnant ma tête.

- À mon avis, les flics penseront à un règlement de compte avec Yass' qui traine dans des trucs che-lou, précisa Casper en s'allumant une garo.

- T'as pu t'approcher ? Demandai-je en attrapant la clope qu'il me tendait de son paquet.

- Ouais, c'est eux c'est sûr, gronda t-il. Les impacts de balles commencent sur la Clio directement. Ils ont tiré une rafale depuis une caisse j'pense puisque ça a même tapé le magasin. Lou m'a vu quand les flics lui parlaient mais elle a pas réagi, c'est bien. J'pense qu'elle a pigé...

- Évidemment qu'elle a pigé, on en avait parlé avec mon reuf l'autre jour. Qu'est-ce que tu foutais là d'ailleurs ? Réalisai-je soudain.

- Un tit-pe m'a appelé pour m'dire qu'il avait entendu tirer quand il était en scoot et qu'il avait croisé Lou juste avant.

- Pourquoi il m'a pas appelé ce hmar ?! C'est quoi son nom ?

- On s'en fout d'son blaz', tu changes de bigo tous les quatre matins Igo. T'as vu l'temps qu't'as mis à décrocher déjà ? S'énerva t-il.

- Ça va j'dormais, j'ai l'droit non ? M'écriai-je à cran.

- Bah non t'vois ! Quand j'suis arrivé, c'était l'bordel partout, j'ai vu la Clio criblée d'balles mais aucune trace de De Lucia. Y'avait du sang par terre, j'essayais de t'appeler comme un hmar à m'demander si j'allais devoir t'annoncer qu'la p'tite y était passée. Et tu répondais pas zebi ! Nabil répondait pas non plus.

Sourire à l'enversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant