- T'aurais pas envie de m'aider par hasard, lançai-je à mon meilleur ami posé dans le canapé alors que je tirais ma valise avec difficulté de ma chambre à l'entrée.
- Pourquoi faire ? Rebondit Nabil en train de terminer son roulage sur le petit plateau toujours posé sur la table basse.
- Parce que je galère peut-être, me plaignis-je en rejetant mes cheveux châtain clair en arrière.
- C'est toi qui nous lâche pour partir à l'autre bout d'la terre là, lâcha le jeune Andrieu blasé.
- L'autre bout de la terre, toujours plus. Je vais passer les fêtes en famille Bil-na, j'en ai envie. Et puis, t'as qu'à voir ça avec ton reuf qui m'a offert les billets si t'as le seum, repris-je en réalisant que mon anniversaire remontait à quasiment un mois et demi maintenant.
Nabil ne rétorqua pas, conscient que ce « cadeau » avait déclenché bien des embrouilles début Novembre. Mes relations avec son grand-frère s'étaient apaisées même s'il connaissait mon avis sur la question. Aujourd'hui j'étais juste contente d'aller en Corse pour revoir Andria et Ghjuliu et passer Noël comme une famille normale, loin de tous ces règlements de compte bien que je ne me faisais pas d'illusions sur ce qu'il allait se passer pendant mon absence.
- Ton frère m'emmène toujours d'ailleurs ? Questionnai-je en réalisant que je n'avais pas de nouvelles de ce dernier depuis la veille.
J'avais passé une bonne partie de la soirée avec Nabil sur le toit de mon bâtiment, toujours aménagé avec des fournitures de déchèterie. Mais on y était bien nous. J'avais préparé des cookies et monté une grosse couverture pour lutter contre le froid de cet mi-décembre. On avait fumé toute la soirée et une bonne partie de la nuit à écouter de la musique et rigoler comme des gosses. Les impros de Nabil défoncé restaient mes meilleurs souvenirs. Alors forcément, le réveil ce matin, nous avait bien piqué les rétines.
- Ouais, il est déjà en bas, il t'attends j'crois, annonça t-il en calant son teh fraîchement roulé derrière son oreille avant de se lever.
Il prenait le chemin de la sortie en me laissant en plan avec ma valise de huit cent kilos.
- Et m'aider toujours pas ? Soufflai-je depuis l'entrée en le voyant appeler l'ascenseur.
- Allez, dépêche toi De Lucia, je ferme derrière toi, revint-il vers moi avec un sourire en coin et les clés à la main.
- Ta tête là, grognai-je en souriant malgré moi aussi.
En bas, Tarik m'attendait appuyé contre la portière arrière avec le coffre déjà ouvert en train de se griller une clope.
- Prenez votre temps surtout, lança t-il les sourcils froncés. T'as un avion à prendre De Lucia, t'es au courant ?
- Hé ! Faut t'en prendre à ton petit qui me laisse galérer avec ma valise là, râlai-je en train d'essayer de la porter pour descendre les quelques marches devant le bâtiment.
- Poucave, maronna Nabil en me poussant gentiment avec son épaule pour prendre mon bagage comme s'il ne pesait rien et le mettre directement dans le coffre.
Je pouffai en m'avançant vers Tarik qui m'attrapa par la nuque pour poser un bisou sur ma tempe rapidement. J'étais toujours surprise de ses marques d'affection en public même si elles étaient plus nombreuses depuis mon anniversaire. Comme s'il n'avait plus à se cacher maintenant qu'il savait que tout le monde était au courant pour nous. Après, il restait fidèle à lui-même puisque ça n'avait jamais été un grand expansif mais la différence était notable pour ceux qui le connaissait, de par ses regards sur moi, ses taquineries et ses bras nonchalamment posés autour de mon cou lorsque nous étions tous ensemble en bas du hall. Les bleus patrouillaient toujours à intervalles réguliers et j'étais présente plusieurs fois. C'était avec nos regards plein d'assurance que Tarik et moi les regardions passer comme pour dire « on vous emmerde ». À vrai dire, ils ne s'arrêtaient plus vraiment pour contrôler les garçons car ils savaient pertinemment qu'ils n'avaient rien sur eux et que tout se déroulait en l'intérieur, au fond du hall entre les caves et les boîtes aux lettres.
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Sourire à l'envers
FanfictionDe retour par la force des choses aux Tarterêts, Elle va se construire, se détruire entourée des meilleurs comme des pires. Le Zoo tord l'âme, pas que la sienne.