S4 #23

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Est-ce que j'étais en train de me cacher ? 

Complètement. 

Cette soirée chez Nader ne me faisait absolument pas envie et j'avais décidé de venir me réfugier sur le toit de mon bâtiment. Il n'était pas tard mais la nuit était tombée depuis plus de deux heures, le froid avec. Heureusement pour moi, j'étais armée de mon super plaid qui recouvrait habituellement mon canapé, d'un sweat à capuche et d'un gros jogging gris molletonné. J'avais fini ma garde en fin de matinée et dormi quasiment tout l'après-midi. Alors après avoir grignoté un morceau, plutôt que fumer mon joint sur le canapé, j'avais opté pour prendre l'air pour la première fois de la journée, d'où mon équipement d'hiver. Les messages de menaces de Nabil n'avaient pas eu raison de ma motivation pour le moment, et maintenant mon cône calciné, j'étais juste bonne à regarder le ciel dégagé et son croissant de lune, la tête posée contre le dossier du sofa défoncé.

- J'étais sûr que t'étais sée-po ici, retentit une voix derrière moi.

J'esquissai un sourire en coin, reconnaissant mon meilleur ami.

- Je suis si prévisible que ça ? Demandai-je doucement alors qu'il s'asseyait à côté de moi.

- La Mustang est en bas et j'viens de passer chez toi. Si t'avais pas été ici, je s'rais allé voir chez Pascal, sourit-il en passant son bras derrière ma nuque pour que je me cale contre son épaule.

- J'aurais pu être sur votre toit, tentai-je en levant les yeux vers lui.

- Naaa, y'a un chouf en permanence quasiment, lâcha t-il alors que je couvrais ses jambes avec un bout de plaid.

- Et pas ici ? Fis-je surprise.

- Adé préfère te laisser l'endroit j'pense, même s'il le dira pas, j'le connais le frangin, ricana le jeune Andrieu en s'allumant une cigarette. Il met quelqu'un ici que quand tu bosses.

Je comprenais mieux ce cendrier rempli et les bouteilles vides un peu partout.

- Alors qu'est-ce que tu fais ici ma reuss au lieu d'être avec tout le monde ? Reprit-il en soufflant la fumée vers le haut.

- Peut-être justement parce qu'il y a tout le monde, lançai-je en ricanant. Non, j'avais besoin de prendre l'air. J'ai même pas vu la lumière du jour aujourd'hui sauf quand j'suis rentrée de garde. La nuit a été chargée, plein de toxicos, deux accidents de voitures...

- J'capte, t'avais besoin de calme avant de rejoindre tous ces animaux, rit-il en embrassant ma tempe.

- Oui, c'est ça j'crois, rigolai-je avec lui. Tarik y est aussi ?

- Pas encore, il avait un truc à régler. Il t'a pas prévenu ? M'interrogea t-il alors que je répondais à la négative. Il m'a dit qu'il t'avait parlé pourtant.

- Parler de quoi ? De c'qu'il faisait ce soir ou d'autre chose ?

- Autre chose. De ce qu'il prévoyait pour la suite...

- Ouais, c'est vrai mais c'est pas pour autant qu'il me taille la bavette sur son business. Mais oui, on a parlé.

-  Ça va ? T'arrives à l'gérer ? 

- Qu'est-ce qui t'fait dire que j'le gère pas ?

- J'sais pas, t'es toute seule sur ton toit, triste.

- J'suis pas triste, j'ai eu une grosse journée...

- Mouais... À d'autres..., lâcha Bil-na en se penchant pour jeter son mégot dans la boite de conserve qui faisait fonction de cendrier.

Sourire à l'enversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant