De retour par la force des choses aux Tarterêts,
Elle va se construire, se détruire entourée des meilleurs comme des pires.
Le Zoo tord l'âme, pas que la sienne.
Je chargeai les quelques cadeaux que j'avais acheté dans le coffre ainsi que mon sac pour cette nuit à Calvi. Andria m'avait averti qu'il y aurait d'autres membres de la famille ainsi que des amis proches du clan. Par conséquent, j'avais décidé de prendre un certain nombre de ballotins de chocolats afin que tout le monde ait sa petite attention même si je ne connaissais personne. J'étais contente de faire Noël ici, le premier d'une longue série j'espérais. Les années précédentes, je le faisais en petit comité du côté de la famille de mon beau-père, ma mère n'étant pas fan de ce genre d'occasion. Et l'année dernière, j'avais été en tête-à-tête avec mon père qui avait pu sortir exceptionnellement de l'hôpital pour la journée. Je me souvenais que je l'avais ramené le soir épuisé, bien que comblé de joie, comme moi d'ailleurs. Autant dire, que j'avais hâte de vivre un réveillon avec une table surpeuplée.
Ghjuliu nous avait donné rendez-vous à dix-huit heures à Calvi. Entre faire mon sac, les préparatifs, répondre à quelques mails, mon ravalement de façade et la route à venir, autant dire que l'après-midi était passé à vitesse grand V. Alors ce fut sans plus tarder que je choisis l'adresse de mon oncle déjà enregistré dans le GPS avant de démarrer et suivre les instructions.
La route passa vite puisqu'Andria avait eu l'idée de m'appeler pour qu'on discute pendant qu'il faisait lui aussi la route pour aller chez son père. Je n'avais pas pu m'empêcher de rigoler étant donné qu'on allait déjà passer les prochaines vingt-quatre heures ensemble, sûrement même assis à côté de l'autre au moment des repas.
On arriva quasiment en même temps devant la maison, on savait qu'il ne fallait pas plaisanter sur la ponctualité avec Ghjuliu Maranzano. Deux grosses berlines étaient déjà garées dans la cour que mon cousin reconnut aussitôt alors que je m'avançais vers lui pour le saluer. Il embrassa ma tempe avant de lâcher :
- Bon tu vas rentrer directement dans le vif du sujet visiblement. Tu vas rencontrer le pire et le meilleur de la famille Maranzano.
- C'est-à-dire ? Demandai-je amusée par sa manière de présenter les choses.
- Mon oncle et ma tante, précisa t-il.
- Et qui est le pire ? Et le meilleur ?
- Bah j'vais pas te spoiler, ricana mon cousin avec un bras autour de mon cou. Viens on descendra nos affaires plus tard.
Je le suivis volontiers, impatiente. Aussitôt la porte d'entrée ouverte, des éclats de voix nous parvinrent. Je m'avançais sur la mezzanine qui donnait sur l'immense pièce de vie en contrebas. Devant les baies vitrées gigantesques, était dressée une grande table qui pouvait contenir pas loin de vingt personnes.
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Tout était décoré dans des tons de blanc, bois et vert, simple mais raffiné. Je m'étais ma main à couper que la décoratrice de la société était derrière tout ça ou peut-être était-ce tout simplement la femme de Pedro, le chef de cuisine, qui s'en était occupée. Mais mon attention revint rapidement vers le vacarme que faisaient les deux personnes debout en bout de table. Un homme et une femme de la même génération, autour de la cinquantaine, se disputaient ou discutaient vivement, je ne savais pas trop. Tous les deux envahissaient l'espace vital de l'autre et parlaient avec les mains dans de grands gestes, typiquement italien. Ghjuliu tentait de s'insérer entre eux afin de créer de la distance quand il leva les yeux vers nous.