Sourire à l'envers

S1 #4

Je me réveillai le lendemain matin seule sur le canapé avec une veste de survêtement sur moi. Une légère inspiration et je reconnus directement l'odeur de Tarik en déclenchant un sourire timide, allez savoir pourquoi. Il avait dû donc repasser pendant qu'on dormait. Je profitai d'être bien calée pour repenser à hier. J'étais surprise d'avoir été si à l'aise pour soigner Nabil. C'était comme si ma personnalité s'était dédoublée pour devenir une Anne-Lou confiante, courageuse et sûre d'elle. J'étais comme un poisson dans l'eau, allant me dire que peut-être j'aimerais faire ça plus souvent, quitte à en faire mon métier pourquoi pas. J'ai toujours aimé les séries télé qui se déroulaient dans le milieu hospitalier par exemple, comme Grey's anatomy ou Dr House. Quand je me faisais mal petite, je n'étais pas effrayée par les médecins, le sang ou par l'idée d'être soignée. Je gardais cette idée dans un coin de ma tête.

Plus tard je décidai de faire un tour à la pharmacie pour racheter tout ce que j'avais utilisé hier. En sortant de l'appartement, je vis que le palier était propre, pourtant Tarik m'avait dit hier qu'il y avait des gouttes de sang. Quelqu'un avait du nettoyer. Je fis un détour par le bâtiment 27 pour prendre des nouvelles de Nabil et rendre la veste à son frère. Ce fut d'ailleurs lui qui m'ouvrit vêtu seulement d'un short tout transpirant.

- Je dérange ?

- Non, j'viens de finir mon sport, déclara t-il essoufflé. Entre.

- Tiens, dis-je en tendant sa veste. Tu as oublié ça à la maison.

- J'l'ai pas oublié Lou. Je t'ai couverte avec pendant qu'tu dormais, lança t-il me regardant dans les yeux.

- Okay, si tu veux. En tout cas, j'te la rends.

- Comment tu sais que c'est la mienne et pas celle de Bil-na d'abord ? Demanda t-il avec un petit sourire.

- L'odeur, c'est la tienne. Bon, tu la récupères ou pas ? Lançai-je agacée.

- Tu peux la garder si t'en as envie.

- Merci, mais j'en ai pas envie justement, lâchai-je en allant la poser sur le canapé.

- Putain Lou, j'essaie d'faire un pas vers toi là..., soupira t-il se passant la main sur le visage.

- Okay, j'entends mais j'suis pas prête à t'pardonner pour le moment. Tu vas ramer encore.

- Hein ? Qu'est-ce qui t'fait croire que j'vais ramer ? Ou que j'en ai envie même?

- Bah ça, c'est à toi de voir c'que tu veux.

- Tu rends ouf, tu sais ça ? Dit-il en secouant la tête.

- Ton frère est là ?

- Ouais, il dort là. J'suis passé le chercher chez toi qu'ce matin finalement et il fait que dormir depuis qu'on est rentré.

- Ça doit être la commotion qui l'fait beaucoup dormir. Au fait, c'est toi qui a nettoyé devant chez moi ?

- Ouais, ça faisait trop louche ce sang un peu partout.

- D'accord, merci alors. J'peux aller le voir ?

- Ouais bien sûr, dans le couloir première à gauche. J'vais me doucher.

Tarik récupéra sa veste sur le canapé, la porta à son nez pour la sentir brièvement avant de me passer devant. Je partis toquer à la porte de chambre Nabil mais aucune réponse alors j'ouvris doucement. Les volets étaient fermés mais je le distinguais nettement allongé en étoile à plat ventre. Je contournai le lit pour m'approcher de lui. Je voyais sa poitrine se lever à un rythme régulier et son visage semblait détendu. J'étais rassurée de voir qu'il allait bien. Je refermai doucement la porte derrière moi, surprise de tomber nez à nez avec Tarik qui me tendit son téléphone.