S3 #9

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Je soupirai de soulagement un court instant en comprenant qu'il était toujours là . Sur le coup, j'ai cru que ma vie allait s'arrêter. J'interrogeai ma supérieure du regard afin de savoir si je pouvais m'absenter un moment sur mon temps de travail.

- Vas-y, vas-y Lou, prends le temps qu'il faut, dit-elle rapidement pleine de bienveillance.

- Merci Véro, fis-je reconnaissante avant de suivre l'infirmière de mon père.


Nous longeâmes le couloir avant de prendre l'ascenseur. Le silence était insupportable alors je tentai d'obtenir des informations bien que je savais qu'elle n'était pas autorisée à m'en donner :

- Comment va-t-il ?

- Je peux rien dire si ce n'est qu'il s'est dégradé brutalement ce matin, dit-elle doucement.


J'acquiesçai sans pouvoir répondre tellement ma gorge était nouée et les yeux brouillés par des larmes incontrôlables que je retenais tant bien que mal. J'entrai dans le bureau du médecin, pressé d'en finir pour rejoindre la chambre de mon père au plus vite.

- Bonjour mademoiselle De Lucia, asseyez-vous, proposa t-il d'un air neutre sans sourire.

- Merci..., dis-je en m'exécutant hagarde.

- Je voulais vous tenir au courant de l'évolution de la situation de votre père. Monsieur De Lucia a fait un malaise ce matin vers 7h15. Il avait une arythmie et il se plaignait de douleurs thoraciques. Il avait des difficultés respiratoires dues à une surcharge d'eau avec un œdème pulmonaire. Son arythmie était causée par une hypotension que l'on a pu traiter rapidement. Il s'agit d'un risque classique lié à la dialyse. En revanche l'œdème pulmonaire est beaucoup plus préoccupant puisqu'il s'agit d'une complication rencontrée généralement lorsque l'on rate une séance.

- Oui mais ce n'est pas le cas de mon père étant donné qu'il est branché en permanence, remarquai-je dans l'incompréhension.

- Effectivement, c'est pour cela que c'est préoccupant. Nous avons fait un bilan sanguin juste après son malaise et les résultats ne sont pas bons. Son taux de globules rouges est bas, avec donc une hémolyse avancée. Il reçoit actuellement une transfusion sanguine afin de remonter tout ça mais il est évident que la transplantation devient encore plus urgente aujourd'hui. Votre père est dorénavant sous oxygène afin de ne pas fatiguer davantage son cœur qui a nous montré des signes de faiblesse. Je ne veux pas être alarmiste mais votre père s'est brutalement dégradé ce matin, et il nous a fait une belle frayeur. Nous avons augmenté sa dose de morphine afin qu'il soit soulagé mais cette situation est loin d'être pérenne. Il lui faut de nouveaux reins. Avez-vous les tests de compatibilité ?

- Oui... oui bien sûr, répondis-je absente et submergée par la quantité d'informations qui me noyait. Je les ai fait, il y a plusieurs années à Perpignan dès que j'ai su pour sa maladie. Je ne suis pas compatible.

- D'accord. J'imagine qu'il n'a pas de famille, de frères et sœurs susceptibles de nous aider.

- Non, pas que je sache. Je ne connais pas trop la famille de mon père. Je sais qu'elle est en Corse depuis toujours, fis-je en haussant les épaules.

- Écoutez, nous avons des donneurs exprès pour ça. La bonne nouvelle si je puis dire, c'est que monsieur De Lucia est à présent tout en haut de la liste des receveurs. Les prochains reins disponibles et compatibles sont pour lui. Après vous savez qu'il y a un tas de facteurs qui entrent en ligne de compte afin de mettre toutes les chances de notre côté afin que la greffe soit un succès.

Sourire à l'enversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant