En m'approchant de lui, je fus saisi par la couleur de ses prunelles étrangement similaires à celles de mon père et par conséquent aux miennes.
Un sourire magnifique naquit sur ses lèvres quand je m'arrêtai devant lui :
- Je devrais te demander ta carte d'identité mais je crois que la génétique parle pour toi, plaisanta t-il en passant son pouce sur ma pommette, les yeux plongés dans les miens. Tu viens ?
Il m'invita à avancer avec une main au milieu du dos. Décidément, il est très tactile ce garçon. En s'approchant d'un gros SUV, quelqu'un en sortit pour nous ouvrir la porte arrière. Je montai surprise par cette cérémonie.
- T'as fait bon vol ? S'enquit-il le jeune homme en fermant la portière derrière lui.
- Oui, merci. Est-ce que tu es Andria ? Demandai-je doucement.
- Ouais putain merde, j'ai oublié d'me présenter désolé. Andria Maranzano, enchanté, fit-il en me tendant sa main.
- Enchantée, répondis-je avec un sourire timide en lui serrant la main.
- On a de la route jusqu'à Calvi, tu peux te reposer si tu veux, annonça t-il en glissant la pancarte à ses pieds.
- Pourquoi t'as mis juste « DL » sur la pancarte et pas mon nom de famille ? remarquai-je.
- On sait jamais qui traîne à Bastia. Personne n'a besoin de savoir qu'un De Lucia est de retour, même si avec ma tête cramée, j'pense pas qu'on soit passé inaperçu, plaisanta t-il en souriant.
Sa bonne humeur était contagieuse puisque mes lèvres s'étirèrent malgré moi alors que je n'avais aucune idée d'où je mettais les pieds. Andria sortit son téléphone pour passer quelques coups de fils. Il devait parler corse ou italien, je ne savais pas trop mais c'était très agréable à écouter. Je me tournais vers la fenêtre pour admirer le paysage à travers la vitre teintée. Mon père m'avait décrit les paysages corses comme incroyables entre eaux turquoise et montagnes. J'avais également vu quelques reportages à la télé mais je pouvais affirmer que les avoir sous les yeux en vrai n'avaient rien de comparable. La mer avait mille et une nuances de bleu, passant du turquoise au bleu azur quand les eaux devenaient plus profondes. Par endroits, les montagnes semblaient se jetaient dans l'eau de manière brutale offrant un spectacle saisissant. Dans les terres, les routes étaient plutôt étroites et sinueuses. À chaque fois que l'on traversait un village, les panneaux étaient sous-titrés en corse et s'il ne l'était pas, ils étaient troués par des impacts de balles de calibres différents. Moi qui parlait de Far West à Corbeil, j'avais peut-être exagéré finalement.
Quelqu'un me secoua doucement et je me réveillai en sursauts avec Andria dans mon champ de vision :
- On est arrivé la belle au bois dormant, sourit-il. Mon père nous attend.
Il descendit du SUV gardant la portière ouverte pour moi. Je me précipitai à sa suite puis il poussa l'énorme porte d'entrée en bois. Nous étions sur une sorte de mezzanine qui surplombait un immense salon mais ce qui m'interpella surtout, c'était les gigantesques baies vitrées qui partaient du sol jusqu'au plafond donnant ainsi une vue panoramique sur la terrasse, la piscine et la mer en arrière-plan. Je suivis Andria dans les escaliers, accrochée à la rambarde de peur de tomber face à tant de beauté. Il s'avança dehors sur la terrasse en bois vers un type dos à nous qui parlait au téléphone et il fit un bruit de gorge à ce dernier pour signaler notre présence. L'homme d'une cinquantaine d'années fit volte face puis son visage s'illumina quand il me vit. Il sembla écourter sa conversation avant de raccrocher.
- Dio Mio ! Anne-Lou ! Je suis tellement heureux de t'accueillir ici, dit-il en s'avançant vers moi.
Il prit mon visage en coupe pour l'orienter à gauche puis à droite en m'examinant. Il m'embrassa une joue puis l'autre avant de se reculer.
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Sourire à l'envers
FanfictionDe retour par la force des choses aux Tarterêts, Elle va se construire, se détruire entourée des meilleurs comme des pires. Le Zoo tord l'âme, pas que la sienne.