Sourire à l'envers

S5 #1

Trois ans plus tard...

Mars 2013

- Dolceeeee, hurle cet imbécile en débarquant dans mon bureau.

- AH ! Je crie dans un sursaut, une fois de plus. Andria ! T'en as pas marre de me faire flipper à chaque fois ?!?

- Pas du tout. J'crois même que c'est ma deuxième passion, réfléchit-il sérieusement.

- La deuxième ? Et c'est quoi la première ? Non ! Tu sais quoi ? Tais-toi c'est mieux, je reprends rapidement en voyant son air malicieux. J'vais demander à Nathalie de t'interdire l'accès au bâtiment.

Il ricane avant de faire le tour pour m'embrasser le sommet du crâne et poser une fesse sur l'angle du bureau en chêne massif.

- Prête pour le grand voyage ?

- T'abuses, c'est juste une escapade entre copines, dis-je avec le sourire. Et laisse Leti tranquille, je rajoute en voyant qu'il allait faire un commentaire.

- C'est pas de ma faute si ta meilleure amie est un avion de chasse !

- Tu m'fatigues Andria. Elle t'a déjà recalé toutes les fois où elle est venue ici.

- C'est qu'elle est pas prête. C'est pas grave, je suis patient. À part ça, à quelle heure je dois t'emmener à l'aéroport ?

- Qu'en fin d'après-midi. Ça a été la Mustang ce matin ?

- Oui Dolce, pour la troisième fois, tout s'est bien passé. Le bateau sera à l'heure et elle t'attendra à Marseille comme prévu ce soir.

Je hoche la tête avec un sourire devant celui de mon cousin. On avait décidé avec Leti de se faire un petit roadtrip entre Marseille et Milan sur huit jours et j'avais proposé l'idée de le faire en Mustang. J'avais finalement peu l'occasion de l'utiliser sur l'île car le 4x4 était vraiment pratique.

Leti est devenue directrice marketing d'un jeune créateur milanais dont la réputation montait en flèches. Elle croule sous le travail mais elle se plaît comme ça. Je suis exactement pareille, voire pire. Faire correspondre nos agendas relève de la mission impossible mais on avait réussi. Elle avait des rendez-vous professionnels à Nice et Cannes et moi quelques-uns entre Marseille, Nice et Gênes. Alors, on s'était dit qu'on pouvait joindre l'utile à l'agréable en profitant du littoral dans de beaux hôtels et de bons restaurants.

- Ça va, tu vas t'en sortir sans moi pour tenir la boutique ? Je demande le nez dans mon ordi.

- J'y arrivais bien avant que tu viennes t'installer ici non ?

- C'est vrai mais on n'avait pas autant de clients à Corte.

- T'inquiètes Dolce, ça va l'faire. Alessio est passé ce matin ?

- Oui, avant son vol pour Milan, répondis-je avec un sourire timide.

- C'est bien, j'le garde à l'œil celui-là !

- Bref, on s'y met, que je t'explique. Ça t'évitera de m'appeler tous les jours, j'affirme pour le faire chier.

- Tu sais que je vais t'appeler tous les jours quand même ? Même si j'ai rien à dire et que tout va bien ?!

- Oui, je suis au courant, merci. Allez concentre-toi sur ce dossier s'te plait. C'est des amis au vieux Venidi, je lance en tirant le dossier coincé sous sa fesse.