Chapitre 2

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Chapitre 2 :

J'ai tenté plusieurs fois vous savez. J'ai tenté d'avancer, d'enfouir au plus profond de moi tous ces mots, toutes ces vérités qui rythme aujourd'hui mon quotidien.

Dans les mois qui ont suivi cette douloureuse période de ma vie, je me suis beaucoup renfermé sur moi-même. Je faisais un effort lorsque j'étais entouré de monde, de mes proches, de ma famille, même de mes amis, mais une fois seul, c'était toujours la même rengaine.

Je m'enfermais dans ma douleur, dans mon mal être. La musique m'a beaucoup aidé. Les musiques tristes y sont toutes passées, et ma playlist en est remplie. J'ai pleuré sur les notes, silencieusement, toutes les nuits, tous les soirs. Parfois j'ai sangloté, plus bruyamment, totalement incapable d'en garder plus au fond de moi. Mais j'ai appris à retrouver la face, à ré installer un faux sourire à une vitesse incroyable sur mes lèvres en présence des gens qui m'entouraient.

A ne rien laisser paraître.

Tout le monde y a cru, ma mère, qui avait bien compris que je venais de vivre une rupture, avait été ravie de me voir sourire à nouveau. Elle me pensait heureux, et ça, c'était exactement ce qu'il lui fallait. Elle ne devait pas savoir tout ce qui me hantait, tout ce mal être que j'enfouissais au fond de moi chaque jour un peu plus.

Les seuls qui ont compris, malgré mon silence, que je n'allais pas bien, c'est Léo et Valentin. Ils n'en ont pas parler, ou parfois si, mais je coupais court à la conversation. Alors ils étaient là, ils m'ont soutenu, à leur façon.

Ils ont essayé, chaque seconde de chaque journée, de me redonner le sourire. Parfois ils ont réussi. Souvent même. Ils ont toujours su comment m'aider à m'évader, le temps de quelques heures. A deux, ils ont réussi plusieurs fois à faire fuir les démons qui me hantaient. Mais ils revenaient. Toujours plus vite, toujours plus fort.

J'ai commencé à sortir plus, avec Léo. Parfois Valentin nous accompagnait. Nous sortions en boite de nuit, c'est devenu un rituel, une habitude. Parfois, ça me faisait du bien, ça m'aidait à penser à autre chose, mais certains soirs, ça m'enfonçait un peu plus encore.

Léo était un tombeur, la confiance qui se dégageait de lui attirait toutes les personnes qui l'entouraient, tel un aimant. De nombreuses filles, voir même parfois certains garçons se retrouvaient inlassablement collés à lui, dansant, se collant et se frottant à mon meilleur ami, enivrés par l'alcool et le rythme régulier de la musique.

Quelques fois, j'ai moi aussi vécu ces moment-là, au milieu de la piste de danse. Un soir, un garçon plus grand que moi s'est collé dans mon dos, alors que je dansais, légèrement mal à l'aise. Il s'est collé à moi, a passé ses mains contre mon ventre et a dansé tout contre moi. Ses mains sur cette partie de mon corps m'ont beaucoup gêné, elles m'ont bloqué.

Mais j'ai pris sur moi ce soir-là, j'ai pris une longue inspiration, tremblant, et j'ai suivi le rythme. Je me suis retourné, face à lui. Il m'a souri. J'ai croisé le regard de Léo à un moment. Il a levé un pouce dans ma direction, fier de moi. Mais je me sentais si mal. Pas à ma place.

J'ai pris sur moi. J'ai fermé les yeux. Aller Louis... ça n'est pas si compliqué. Danse. Je devais avancer dans ma vie. Je devais arrêter de m'enfermer dans la douleur. C'était un cercle infernal.

Mon cerveau s'est mis à fonctionner à toute vitesse lorsque l'inconnu, plus grand que moi a posé ses lèvres contre les miennes quelques minutes plus tard. Il a demandé l'accès à ma langue, et je lui ai donné, tremblant.

Mais tout s'est bousculé en moi. La peur. J'ai eu si peur, si peur de m'offrir à quelqu'un de cette manière, si peur d'être rejeté. Elle s'est infiltré en moi, dans chaque parcelle de peau, dans chaque veine, dans chaque cellule de mon cerveau.

LE POIDS DES MOTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant