LE POIDS DES MOTS

Chapitre 38

Chapitre 38.

La musique raisonne dans le salon et je regarde, assis dans le canapé, Valentin et Lana qui dansent ensemble au milieu de la pièce. Valentin la fait tourner et Lana rigole à gorge déployée alors qu'elle garde une main posée sur son ventre très légèrement arrondi.

Marie et Harry sont en cuisine en train de se servir un verre et je les vois rire eux aussi d'où je suis assis. Ils s'entendent bien. En réalité, on s'entend tous bien avec Marie. Elle est adorable, douce et toujours de bonne humeur.

Mon regard scrute la pièce, à la recherche de Léo et j'aperçois, à travers la baie vitrée qui donne sur le balcon le bout rouge de sa cigarette qui se consume entre ses doigts.

Je me lève, pose mon téléphone sur la table basse et attrape ma veste posée sur le dossier d'une chaise avant d'ouvrir la baie vitrée pour me glisser dehors avec lui.

L'air est frais et ça pique automatiquement ma peau. Je resserre mes bras autour de mon corps et appuie mes coudes sur la barrière, à côté de lui.

Harry et moi avons annoncé notre emménagement à nos amis quelques heures plus tôt, en début de soirée. Ils ont tous très bien réagit et nous ont félicités, fiers de nous, mais les quelques larmes que Léo a essuyé discrètement quelques minutes plus tard ne m'ont pas échappé.

« Ça va ? » Je demande d'une petite voix, le regard perdu devant moi.

L'immeuble de Valentin et Lana se situe à quelques mètres seulement d'un parc, et on a une vue dégagée sur le petit étang depuis leur balcon. Si on se concentre bien, certains soirs, on peut même entendre les canards.

Le corps de Léo pivote légèrement et son visage se tourne vers le mien. Ses lèvres s'étirent d'un petit sourire et il hoche lentement la tête, ancrant son regard au mien.

« Ça va, je suis fier de toi tu sais ? » Il chuchote.

« Je sais... ça te rend triste ? » J'ose demander, apeuré par l'idée de faire souffrir mon meilleur ami avec cette nouvelle.

« Je ne suis pas triste Lou. Juste un peu nostalgique. » Il me rassure en attrapant ma main dans la sienne. Il lie nos doigts ensemble et m'offre un sourire plus franc. « C'est une page de notre vie qui est en train de se tourner, et ça me fait bizarre de me dire que tu prends ton envol. »

« Tu penses que je fais le bon choix ? »

« J'en suis persuadé. De toute façon, c'était la suite logique des choses, vous ne vous quittez plus depuis quelques mois déjà, vous habitez déjà pratiquement ensemble. Soit tu es chez lui, soit il est à l'appartement, mais est-ce que tu te rappel au moins la dernière fois ou vous avez dormi séparément ? »

Je prends le temps de réfléchir quelques secondes à sa question avant de hausser les épaules. En effet, je serais incapable de donner une réponse tant ça remonte à loin.

« Alors ne t'inquiète pas, c'est forcément le bon choix. Vous allez être heureux tous les deux. Ça fait presque un an que vous êtes ensemble, et votre couple devient plus fort chaque jour qui passe, vous êtes vraiment amoureux l'un de l'autre, et personne autour de vous ne peut nier ça tellement c'est évident. »

Je resserre mes doigts autour de ceux de Léo et lui sourit doucement.

« Je suis heureux à l'idée d'habiter avec lui. Mais ça me fait aussi un peu peur. » J'avoue enfin, ancrant mon regard à celui de Léo.

« De quoi est-ce que tu as peur ? »

Je hausse lentement les épaules et appuie mon corps contre la rambarde du balcon.