Instinct

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Voici donc le second chapitre de cette nouvelle fiction. Encore de la tristesse, mais je vous rassure, ça ira très vite mieux :)




Scorpius avait sincèrement cru que les choses allaient s'améliorer pour lui et son père. Drago Malefoy avait traversé des épreuves et il n'avait pas semblé en être touché après tout. Pas en apparences.
Devenir veuf aussi jeune était peut être la goutte d'eau en trop, celle qui faisait déborder le vase... C'était en tous cas ce que pensait le jeune adolescent après avoir retrouvé son père une fois de plus ivre mort, de larges cernes violacé lui mangeant le visage.

Il ne pouvait pas faire grand chose, il n'avait que quatorze ans après tout. Il savait que quand son père dessaoulerait, il s'excuserait abondamment, jurant que c'était la dernière fois, qu'il allait se reprendre.
Puis ils recevraient à nouveau une beuglante pleine d'insultes et de méchanceté gratuite, et son père se remettrait à boire, dévoré par la culpabilité et la peine.

Scorpius n'avait pas osé en parler à Abus en réponse à l'une de ses nombreuses lettres. Son instinct lui disait que son meilleur ami essaierait de l'aider, mais il ne voulait pas l'entraîner dans cette histoire. Les Aurors ne feraient rien pour eux, après tout. Et Albus ne méritait pas d'être lui aussi la cible de tous ces sorciers pleins de rancoeur. Il avait suffisamment souffert lorsqu'il avait été réparti à Serpentard et qu'une partie de sa famille le lui avait reproché...


Il lui restait deux semaines environ avant de retourner à l'école, et la fréquence des beuglantes s'était accélérée, comme si les gens n'avaient rien de mieux à faire que de harceler un homme brisé qui venait de perdre sa femme.
Un matin, en se levant, il avait retrouvé son père inconscient, une bouteille vide à ses côtés, baignant dans une mare de sang.

Scorpius avait cru qu'il allait devenir totalement orphelin ce jour là.
Il avait soigné l'homme évanoui et s'était rendu compte que Drago avait mutilé son bras pour tenter de se débarrasser de la marque des Ténèbres. La marque était toujours là, mais désormais son père porterait des cicatrices supplémentaires, les stigmates de ses regrets.

Il était resté un long moment en état de choc, veillant son père, les larmes coulant le long de ses joues. C'était à cet instant que le besoin de faire quelque chose de plus était devenu presque irrépressible.

Il devait sauver son père, d'une façon ou d'une autre. Il avait essayé d'être présent, mais ça ne suffirait pas. Peut être alors que la Magie pourrait lui venir en aide...


Scorpius avait profité de l'inconscience de son père pour fouiller la bibliothèque du Manoir, allant jusqu'à se servir dans les livres de Magie Noire de son grand père Lucius. Drago n'avait jamais voulu qu'il les touche, mais il estimait que la situation était un cas d'urgence désormais.

Ce fut dans l'un de ces grimoires qu'il trouva une solution qu'il estima possible. Un sort de Magie noire.

Il avait été averti toute sa vie au sujet des arts sombres, et son père lui avait ordonné de ne jamais y toucher. Drago Malefoy avait été intraitable à ce sujet, et jusqu'à cet instant, Scorpius avait obéi.
Cependant, au point où ils en étaient, il devait faire quelque chose. Ou au moins essayer.

Il relut encore et encore le passage qui avait attiré son attention. Le moyen de changer le destin de l'homme qu'il aimait le plus au monde.


Le sort en lui même semblait assez simple. Rien d'insurmontable. Il fallait juste le vouloir ardemment et c'était précisément son cas. Il voulait sauver son père, il voulait le voir sourire de nouveau. Il voulait lui offrir cette seconde chance qu'il aurait dû avoir après la guerre.

"Mutare fatum". Changer son destin.
Il allait remonter le temps et avoir l'occasion de changer les choses, de faire en sorte de corriger les erreurs de son père pour qu'il puisse avoir une meilleure vie.
Il ne savait pas exactement comment le sort allait fonctionner, mais il supposait qu'il s'en rendrait rapidement compte une fois qu'il l'aurait lancé.

Son amie Rose Weasley ricanerait et le traiterait de Gryffondor si elle était présente, mais il s'en moquait bien. Il ne voulait plus jamais retrouver son père baignant dans son sang, inconscient.


L'adolescent aurait aimé avoir le temps de soigneusement réfléchir, de peser le pour et le contre. Cependant il pensait qu'il n'aurait pas d'autre occasion. Son père était encore inconscient, incapable de protester, et il retournerait bientôt à Poudlard.
Le moment était idéal pour se lancer et tester ce sort.

Il avait parfaitement conscience qu'il allait abandonner sa vie actuelle. Si tout se passait bien, celui qu'il était n'existerait probablement jamais.


Scorpius écrivit une longue lettre à Albus, et il se montra terriblement sentimental. Il lui expliqua à quel point il l'appréciait, qu'il était un ami extraordinaire. Qu'il s'estimait béni des dieux de l'avoir rencontré, et d'avoir pu rester proche de lui ces quelques années.
Il avoua ce qui était arrivé après la mort de sa mère. La dépression de son père, les insultes et menaces qui avaient explosé.

Il raconta l'état de son père adoré, la façon dont il cherchait l'oubli dans l'alcool et son désespoir. Enfin, il en arriva au jour présent, ce que son père avait fait, lacérant la marque sur son bras, à demi-mort lorsqu'il l'avait trouvé.
Il avoua son besoin de le sauver, quoi qu'il en coûte.

Enfin, il parla du grimoire de Lucius sans nommer directement le sort ni ses effets précis. Il ne voulait pas que qui que ce soit puisse intervenir. Il savait l'Auror Potter puissant, et il préférait que ce dernier ne sache pas ce qu'il avait fait, qu'il n'ait pas l'idée d'inverser son sort, sa décision.
Scorpius ne voulait pas être sauvé, il voulait que les choses changent.
S'il échouait, Albus et son père s'assureraient que son père aille bien, il en était certain. Et il avait eu besoin d'être rassuré sur ce point avant de se lancer dans l'inconnu.

Il était un Malefoy, et tant qu'il porterait son nom, il serait la cible de la vindicte populaire. Quoi qu'il fasse, il resterait un paria, comme son père l'avait été depuis la fin de la guerre. C'était visiblement le prix à payer pour les erreurs d'un grand-père qu'il n'avait pas connu.

Décidé, Scorpius se baissa et déposa un baiser sur le front de son père, en lui murmurant qu'il l'aimait plus que tout au monde. Puis, il laissa son hibou partir pour porter la lettre à Albus, et ferma les yeux avant de prononcer les paroles du sort, tremblant mais d'une voix ferme.

"Per sanguinem meum et animam meam ut Fatum meum possum mutare.
Ego sum vitam meam dans mihi in loco ut cum errata fiunt."

"Par mon sang et mon âme que je puisse changer mon destin.
Je fais don de ma vie pour prendre place au moment où les erreurs ont été commises."


Prompt de demain : Et si j'ai raison

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