Maquillage

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Après l'annonce terrifiante de Harry, Hermione était restée seule dans la cuisine de Square Grimmaud. Elle avait rapidement écarté les doutes qu'elle avait au sujet de Drago Malefoy et de son changement brutal de personnalité pour se concentrer sur le problème actuel.

Détruire les horcruxes.

Elle en avait suffisamment parlé avec Harry, pour savoir qu'il avait utilisé jusqu'à présent les crochets du Basilic, dans la Chambre des secrets. Mais il devait y avoir un autre moyen.
Sourcils froncés, la jeune fille se leva, pour quitter la pièce, perdue dans ses pensées.

Elle entra dans la Bibliothèque des Black, et regarda autour d'elle, incapable de ne pas être émerveillée, comme toujours lorsqu'elle entrait dans une pièce contenant autant de livres.
Les autres filles de son âge étaient plus attirées par le maquillage et les futilités. Pour sa part, elle préférait l'atmosphère feutrée des bibliothèques et les grimoires poussiéreux qui lui apportaient la connaissance.

Elle se promena lentement le long des étagères, regardant chaque livre, essayant de deviner ce qui pourrait lui être utile pour aider son ami. Puis, décidée, elle saisit plusieurs ouvrages et la pile dans les bras, elle s'installa dans un fauteuil, avant de commencer à tourner les pages, cherchant l'information qui changerait tout.

*

Severus se dirigea sans hésitation vers la chambre du Gryffondor borné qu'il avait appris à apprécier. Il n'allait certainement pas laisser ce maudit gosse se renfermer sur lui même, ou les écarter.

Harry avait besoin d'aide. Il avait aussi besoin de garder espoir, de croire en ses chances de vaincre tout en restant en vie. Dès l'instant où le gamin se résignerait à mourir, où il baisserait les bras, où il cesserait d'espérer, il serait mort.

Arrivé devant la porte de la chambre, il hésita. Le Maître des potions n'était pas quelqu'un habitué à réconforter. Il n'avait jamais été capable d'avoir des morts doux, il n'avait jamais été proche de quelqu'un de cette façon.
L'image de Lily passa brièvement dans son esprit, et il se rappela comment sa petite fée rousse avait l'habitude de le cajoler lorsqu'ils se retrouvaient et qu'il portait les stigmates d'une correction de son père. Severus ferma les yeux, et soupira, écartant les souvenirs douloureux de son passé. Puis, décidé, il entra dans la chambre de Harry sans même frapper.

Le gamin lui tournait le dos, debout devant la fenêtre. Sa silhouette se découpait nettement, et Severus se rendit compte à quel point il était frêle. C'était un enfant envoyé à la guerre, une victime de la folie humaine.

- Harry.
Les épaules se crispèrent, mais le jeune homme ne se retourna pas. Il baissa juste la tête, seul signe qu'il avait entendu.
- Ne sois pas borné, Potter. Tu ne peux pas sauver tout le monde. Tu peux juste faire de ton mieux.

L'adolescent renifla, et ses poings se serrèrent.
- Faire de mon mieux... ce n'est pas suffisant Professeur. C'est moi qu'il veut, c'est moi que désigne cette foutue prophétie.

Severus ricana, vaguement moqueur. Cependant, c'était sans méchanceté, il espérait juste faire réagir le gamin, le forcer à lui faire face.
- Le fameux complexe du héros du Survivant, n'est-ce-pas ?

La réaction de Harry cependant, le stupéfia. Il resta immobile, mais ses mots percutèrent Severus avec force, le faisant presque vaciller.
- Vous ne méritez pas de mourir. Je ne veux pas vous laisser risquer votre vie.

Un bref instant, Severus maudit ce foutu gosse qui le laissait sans défense. Il était tellement imprévisible... comment pouvait il souhaiter le sauver alors qu'il avait été un bâtard fini avec lui depuis sa première année à Poudlard ?
Il soupira et avança jusqu'au jeune homme pour le forcer à se tourner vers lui. Puis, il se plongea dans les yeux verts, ces yeux qui lui remuaient le coeur, à chaque fois.

- Harry. J'ai choisi ma voie depuis des années. Avant ta naissance même. J'ai accepté la possibilité de mourir, parce que j'ai fait de cette bataille toute ma vie. J'ai été si longtemps l'espion de Dumbledore que je ne sais rien faire d'autre.
- Mais...
- J'ai également accepté de donner ma vie pour te protéger. Tu es celui qui peut ramener la paix, et à mon avis, tu es bien trop jeune pour un tel fardeau. Je ne peux qu'essayer de l'alléger un peu.

Les larmes commencèrent à couler sur les joues de Harry, alors qu'il fixait son professeur. Finalement, il renifla et passa la main sur son visage se barbouillant de larmes.
- Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas que quiconque se sacrifie pour moi.

Severus secoua doucement la tête, et l'attira dans ses bras, un peu maladroit dans ses gestes.
- Tu vas t'en sortir Harry. Tu verras. Tout se passera bien.
- Vous oubliez que je suis un fichu horcruxe !
- Chaque chose en son temps. D'abord, détruire ceux que nous avons récupéré. Ensuite, se préparer à la bataille. Je ferais en sorte d'éliminer le serpent, et de te permettre de l'approcher sans être inquiété par ses laquais.
- Mais... ils veulent votre mort.

Severus rit, en passant la main dans les cheveux de Harry.
- Beaucoup de monde veut ma mort et ce depuis des années. Ne t'en fais, pas, je suis capable d'assurer mes arrières. Et ton parrain a l'air décidé à faire équipe avec moi.

L'adolescent gloussa, sans pour autant se défaire de l'étreinte son son professeur.
- Avouez que vous ne pensiez pas vous entendre avec Sirius, n'est-ce-pas ?
Le Maître des potions grogna, mais il ne parvenait même pas à se vexer de la mention de son ancien ennemi d'école.
- Et bien il faut croire que côtoyer les détraqueurs pendant des années l'a rendu fréquentable.
- Vous et Sirius... vous êtes vraiment impressionnant quand vous vous battez. Comme si... vos saviez ce que l'autre va faire.

Severus ne répondit pas. Il avait découvert avec surprise que Black se battait bien, et qu'ils étaient plutôt complémentaires tous les deux. C'était suffisant pour le forcer à dépasser sa rancoeur pour accepter l'animagus.
Il restèrent silencieux un long moment, et Severus était prêt à lâcher le gamin mal à l'aise.

Harry dût sentir son malaise, puisqu'il s'écarta doucement.
- Merci Professeur. Pour tout.
Severus lui sourit.

Avant que l'homme ne puisse dire quoi que ce soit, Hermione fit irruption dans la pièce, ses cheveux touffus volant autour d'elle, un livre à la main et les joues rouges d'excitation.
- J'ai trouvé ! Je sais comment détruire les derniers horcruxes !


Prompt de demain : fait pour être brisé

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