La route à prendre

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Dans le Poudlard Express, Harry expliqua à ses amis que Drago Malefoy était désormais un ami. Un ami proche avec qui il avait passé l'été.
Si Ron grimaça, il ne fit pas la moindre remarque. Il avait confiance en son meilleur ami, et si en plus Malefoy avait sauvé Harry d'un été pénible, alors il méritait un effort de sa part.
Hermione avait juste haussé les épaules.
- Parfois la route à prendre est étrange, mais l'important c'est que tu sois heureux.

La différence avec les autres années était flagrante. C'était la première année où Harry avait l'air en bonne santé, et heureux. Il n'avait jamais été si souriant, ni si détendu. C'était ce changement étonnant qui avait permis aux deux Gryffondor proches de Harry d'accepter la situation sans protester.
Bien évidemment, ses deux amis jurèrent le secret sur son été inhabituel même si Harry ne s'était pas trop étendu, gardant un sourire mystérieux.

Lorsqu'il entra dans la Grande Salle d'un pas joyeux, tout en discutant avec Malefoy et Zabini d'un côté et Ron et Hermione de l'autre, il y eut un lourd silence. Harry grimaça, mais ignora le regard furieux de Dumbledore et s'installa à sa table, priant pour que les autres élèves cessent de le dévisager de cette façon.

Hermione ricana et lui rappela que Skeeter avait annoncé sa disparition. Harry ne s'en formalisa pas et haussa les épaules, en répliquant qu'elle annonçait beaucoup de choses mais qu'elle n'avait jamais de preuves.

Sa réflexion fut entendue dans le silence assourdissant de la Grande Salle, et suite à ses mots, les conversations reprirent peu à peu. A la fin du repas, Harry s'apprêtait à suivre ses amis pour rejoindre son dortoir, mais Dumbledore se dressa devant lui, le regard sombre.
- Harry, mon garçon. Peux-tu me suivre dans mon bureau ?

Le brun soupira et hocha la tête, mais jeta un regard en direction de ses amis. Sa grimace agacée ne passa pas inaperçue et Dumbledore grogna d'agacement  face à cette rébellion avant de lui faire signe de se dépêcher.

Dans le bureau du Directeur, Harry observa tout autour de lui les bibelots étranges, sans jamais croiser le regard du vieil homme. Il était encore furieux de la façon dont Dumbledore l'avait tenu à l'écart et ignoré l'année précédente, sans compter son insistance à le renvoyer chez les Dursley malgré la présence de son parrain pour l'accueillir.
Sèchement, Dumbledore le questionna sur ses vacances, et chercha à savoir où il était puisqu'il n'avait pas été chez ses moldus.

Les sourcils froncés, Harry haussa les épaules.
- Peu importe. J'étais en sécurité et pour la première fois, je n'ai pas été maltraité.
Une vague étincelle de gêne passa dans le regard bleu et l'homme détourna les yeux. Cependant, il insista, assurant qu'il devait savoir où il avait été pour s'assurer qu'il était réellement à l'abri.

Harry n'était pas dupe et il se doutait bien que Dumbledore voulait récupérer le contrôle. Il chercherait probablement à l'empêcher de se rendre à nouveau chez Sirius, à l'instant où il découvrirait que c'était son parrain qui l'avait recueilli.
L'adolescent était d'autant plus déterminé à garder ses secrets qu'il protégeait également Drago Malefoy. Si Dumbledore le renvoyait auprès de ses parents, le blondinet serait marqué contre son gré, et ça, Harry ne pouvait pas l'accepter.

Finalement, puisque le jeune garçon s'entêtait, Dumbledore fit appeler Severus Rogue pour user de légilimentie sur Harry, arguant que c'était une question de sécurité du monde magique dans son entier, avec un air faussement désolé qui ne trompa pas l'adolescent.

*

Lorsqu'il arriva et qu'il apprit ce qu'il devait faire, Severus eut un sourire mauvais. Dumbledore lui offrait l'occasion de se venger du gamin infernal qu'il haïssait plus que tout. Il nota l'éclair de panique dans les yeux verts et il lança le sort, sans pitié.

Il sentit le gamin lutter, mais il était un expert legilimens après tout. Suffisamment pour faire s'effondrer les misérables barrières du Sauveur - bien meilleures que l'année passée ce qui l'étonna légèrement -, et entrer dans son esprit, pour examiner tous ses sales petits secrets.

Après avoir écarté ce qui ne l'intéressait pas - le gamin semblait avoir la tête pleine de pensées stupides -, il se concentra sur l'été du gamin, et il lui fallut toute sa maîtrise de lui pour ne pas afficher le choc qu'il ressentait.
Voir que l'adolescent avait fugué de chez ses moldus pour rejoindre son abruti de parrain n'était pas étonnant en soi. Severus était d'ailleurs surpris que la forte tête en face de lui soit resté aussi longtemps docile auprès de Pétunia la punaise... Il ne se rappelait trop bien que de la fillette au visage ingrat qu'il avait connu des années en arrière...

Il aurait pu le dénoncer avec une joie mauvaise, et peut être que Dumbledore aurait réexpédié le cabot à Azkaban pour le punir. Mais... voir son filleul en compagnie de ces deux là avait été autrement plus surprenant.

Il avait ainsi découvert que c'était Drago qui était venu au secours de Potter, et qui avait contacté Black. Son filleul ne voulait pas devenir mangemort, et il avait eu le courage de s'opposer au destin que Lucius avait tracé pour lui. Severus ne savait pas comment il avait rencontré Sirius Black mais le Maraudeur ne l'avait pas rejeté, bien au contraire. Même s'il détestait l'homme, il ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver de la reconnaissance à ce sujet. Il aimait sincèrement Drago, et était soulagé qu'il soit protégé.
S'il livrait Drago au Directeur de Poudlard, ce dernier n'hésiterait pas à le réexpédier au Manoir Malefoy aux prochaines vacances, en espérant probablement gagner un nouvel espion.

Severus grogna et ignora le regard suppliant du Sauveur. Il se tourna vers Albus qui l'observait avec attention.
- Et bien Severus ? J'ai cru lire de la surprise sur votre visage... Qu'avez vous découvert ?
Le sombre professeur de potions grogna une fois de plus, accentuant son air revêche, et haussa les épaules, affichant un mépris non dissimulé.
- J'ai bien peur que cet idiot de Gryffondor soit parvenu à maîtriser un minimum d'occlumentie, puisque je n'ai rien pu voir de son été.

Dumbledore se redressa, comme piqué au vif.
- Mais enfin, c'est impossible !
Severus nota dans un coin de son esprit la réaction vive du Directeur, et s'interrogea sur la certitude qu'il affichait concernant les capacités de Potter. Il détestait l'avouer, mais le gamin n'était pas vraiment un cancre. S'il travaillait un peu plus, il pourrait probablement être un excellent élève compte tenu de sa puissance magique brute...
Pourtant, Dumbledore semblait certain que Potter ne pouvait pas protéger son esprit...
Il renifla d'un air agacé et haussa les épaules.
- Vous m'aviez ordonné de protéger son esprit, le résultat est atteint bien que j'ignore comment Monsieur Potter ait pu accomplir ce prodige... Il faut croire qu'il s'est enfin décidé à appliquer mes conseils.

Dumbledore se lissa la barbe nerveusement et fixa Harry, visiblement ébranlé.
- Une dernière fois, Harry. Où as tu passé ton été ? Il en va de la sécurité du monde magique dans son ensemble... Tu ne voudrais pas mettre en danger tes amis, non ?
Severus plissa les yeux face à la question, mais le Gryffondor resta campé sur ses positions, l'air buté.
- Je suis navré Professeur Dumbledore. Mais il me semble que vous n'êtes pas mon tuteur.

Prompt de demain : coma

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