Heureux hasard

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Scorpius n'avait pas hésité une seule seconde lorsque Harry lui avait fait part de son idée de quitter Poudlard. L'attaque contre Severus l'avait secoué. Il savait que dans le futur qu'il connaissait l'homme était destiné à mourir en sauvant Harry. Mais même s'il ne voulait pas l'avouer, Scorpius avait espéré le sauver lui aussi.
Son père avait un tel respect pour son parrain qu'il avait eu envie de le connaître mieux.

Les deux garçons s'étaient rejoints juste après le couvre-feu, devant les toilettes de Mimi Geignarde. Harry l'avait attiré contre lui et ils s'étaient drapés dans la cape d'invisibilité, l'oeil rivé à la carte du Maraudeur, surveillant les allées et venues de Rusard et de Miss Teigne.

Dans l'infirmerie, l'étiquette immobile de Severus Rogue attira le regard des garçons et ils échangèrent un regard triste avant de se décider à quitter l'école où ils n'étaient plus en sécurité. Machinalement, Harry attrapa la main de Scorpius pour le tirer à sa suite jusqu'à la statue de la sorcière borgne. L'instant d'après, ils cheminaient dans le passage étroit et sombre, sans avoir lâché la main de l'autre.

En silence, les deux adolescents se glissèrent hors de la cave de honeydukes, puis quittèrent la boutique, sans même un regard pour les amas de sucreries autour d'eux.
Dans les rues de Pré-Au-Lard, Harry traîna Scorpius à sa suite, nerveux à l'idée d'être surpris, le conduisant à une grotte à proximité. La grotte que Sirius avait utilisé pendant sa cavale, et dont il avait parlé à son filleul.

Une fois en sécurité, ils se collèrent l'un contre l'autre pour se réchauffer, et Scorpius soupira.
- Et maintenant ? On ne peut pas faire de magie à cause de la trace...
Harry hocha la tête, l'air morne.
- Je sais. Hermione m'a donné des allumettes moldues pour faire un feu, mais je préférerai éviter, je ne sais pas si on peut être repéré d'ici. Par contre j'ai des provisions.

Le Serpentard secoua la tête, amusé. Ils avaient quitté l'école en pleine nuit, visiblement sur un coup de tête, et... à part la nourriture, Harry n'avait rien planifié. L'adolescent ricana, légèrement moqueur.
- Donc, on attend dans cette grotte ta prochaine idée lumineuse ?
Harry lui jeta un regard noir avant de lui tirer la langue. Une étincelle d'amusement passa dans le regard vert, et le brun se tortilla pour s'installer à son aise avant de bailler.
- Exactement. Autant se reposer, on verra quand il fera jour.

Scorpius regarda autour de lui avec une grimace, avant de laisser échapper un soupir résigné. À son tour, il s'installa au mieux, tout en prenant garde de rester au contact de Harry.

***

A l'heure du petit déjeuner, la Grande Salle était particulièrement bruyante. Beaucoup d'élèves avaient noté que Hermione Granger et Ron Weasley étaient arrivés sans le troisième membre du trio inséparable, et les suppositions les plus farfelues circulaient sur l'absence de Harry Potter.

Si Ron mangeait avec appétit ignorant sans peine les bavardages autour de lui, Hermione avait sa tête des mauvais jours et fusillait du regard toutes les personnes à sa portée. Elle était inquiète pour son meilleur ami, qui avait décidé de quitter Poudlard, et elle lui en voulait d'avoir rejeté son offre de l'accompagner.
Sans compter que les rumeurs autour d'eux la rendaient folle et lui donnaient envie de leur hurler leurs quatre vérités.

Bien qu'absorbé par son déjeuner, Ron cependant jetait de temps à autre des coups d'oeils inquiets vers son amie. Il connaissait Hermione et savait qu'elle risquait d'exploser d'ici peu vu son humeur...

Cependant, les deux Gryffondor sursautèrent et écarquillèrent les yeux en voyant entrer Severus Rogue. Il était pâle et marchait plus lentement qu'à son habitude. Les deux adolescents notèrent que de temps à autres une grimace discrète déformait son visage, signe qu'il souffrait.
Madame Pomfresh le suivait, l'air clairement réprobateur.

Ils échangèrent un regard stupéfait, et Hermione secoua la tête, toute sa colère oubliée.
- Il est arrivé à la même conclusion que Harry et il se montre pour... pour prouver que l'école est toujours protégée.
Ron grogna, le regard fixé sur le professeur de potions. Il n'aimait pas l'homme mais il commençait à comprendre pourquoi Harry le respectait...
Hermione soupira.
- Je suppose que sa présence est un heureux hasard,  mais... il va être furieux quand il va découvrir que...
La jeune fille ne termina pas sa phrase, se contentant d'un regard appuyé. Même sans cela, Ron aurait compris que la disparition de Malefoy et de Harry allait provoquer un véritable scandale...

En mangeant, Hermione resta les yeux fixés sur la table des professeurs, et elle nota que Severus Rogue avait l'air inquiet. Ses yeux naviguaient de la table Serpentard à la table Gryffondor, mais les deux élèves qu'il cherchait n'étaient pas présents.
La jeune fille marmonna une vague malédiction à l'encontre de son meilleur ami et de ses idées stupides - sans compter son habitude d'agir précipitamment - et elle chercha à accrocher le regard du Maître des potions. Bien évidemment, ce serait à eux d'annoncer à l'homme que les deux élèves qu'il protégeait au péril de sa vie avaient quitté l'endroit le plus sûr du monde magique - en théorie - pour aller vagabonder au risque d'être capturés par des Mangemorts...

La jeune fille frissonna en croisant les yeux noirs de son professeur et elle lui fit un signe de tête décidé. Une ride perplexe apparut sur le front de l'homme alors qu'il semblait chercher à définir ce signe de connivence, mais il finit par hocher la tête, comprenant visiblement que la lionne avait des explications à lui fournir...
Hermione repoussa ensuite son assiette, l'appétit coupé, se demandant où Harry avait eu l'idée d'entraîner son camarade. Elle avait fait en sorte de fournir à Harry de quoi faire un feu sans magie et des vivres, mais elle n'avait pas eu assez de temps pour réellement l'aider à organiser méthodiquement sa fuite.

***

Un peu à l'écart de Pré-Au-Lard, très près de Poudlard, dans une grotte dissimulée habilement par la végétation environnante, deux adolescents ne se préoccupaient pas vraiment de l'inquiétude que leur absence suscitait. Ils étaient collés l'un à l'autre, presque enlacés dans leur sommeil.
S'ils avaient eu du mal à s'endormir, la fatigue les avait rapidement rattrapé, et malgré l'inconfort de la situation, ils se sentaient suffisamment en sécurité avec l'autre pour se reposer efficacement.

Prompt de demain  : Enfer et paradis

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