Un regard dit plus que des mots

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Hermione Granger n'avait jamais aimé le Quidditch.

Depuis qu'elle était petite, Hermione était habituée à exceller dans tout ce qu'elle entreprenait. Elle travaillait dur, et sa curiosité insatiable l'aidait grandement.
Cependant, elle avait connu l'échec pour la toute première fois pendant le cours de vol.

Elle avait découvert que les livres et la théorie ne pouvaient pas l'aider pour maîtriser les balais et pour garder son équilibre et voler. Elle avait détesté la sensation de quitter le sol rassurant, d'être suspendue dans les airs, risquant à chaque instant de chuter.

Puisqu'elle n'aimait pas les balais, il était évident que le Quidditch était un sport qui ne l'attirait absolument pas.
Bien évidemment, Harry était doué. Il semblait né sur un balai, et la jeune fille ne se lassait jamais de l'observer alors qu'il volait. C'était les seuls moments où le brun semblait libre, et heureux.

Sur son balai, Harry oubliait la guerre, le danger et sa vie chaotique. Il redevenait un adolescent ordinaire, riant, profitant de l'instant présent.

Alors, parce qu'il était son ami, Hermione assistait à chaque match, pour le supporter. Et même si elle détestait le vol, les balais, et ce fichu Quiddich qui avait régulièrement envoyé Harry à l'infirmerie, elle devait avouer qu'elle se laissait entraîner par l'atmosphère joyeuse des tribunes.
Elle hurlait comme les autres, battait des mains, et sautillait sur place.
Elle se laissait aller à la joie et à l'exubérance. Et c'était pire depuis que Ron jouait également. Il ne lui serait pas venu à l'idée de manquer un seul match, d'oublier de les encourager.


Lorsque le cognard avait commencé à agir de façon étrange, Hermione s'était figée. Elle se rappelait trop bien de l'initiative de Dobby et de son cognard ensorcelé visant à "protéger" Harry.
La protection de l'elfe avait valu à Harry une nuit à l'infirmerie et une dose de poussos pour réparer les dégâts de Lockard.

Elle avait joué des coudes pour s'approcher du bord des tribunes, baguette en main, essayant de trouver si quelqu'un semblait en train de lancer un sort à la balle. Et puis, elle avait entendu des cris, et elle avait vu l'expression de Harry.
Hermione connaissait cette expression, celle qui signifiait qu'une idée stupide et probablement kamikaze venait de naître dans le cerveau dérangé de son meilleur ami. Avant de voir ce qu'il allait faire, Hermione laissa échapper un hoquet horrifié, et s'engouffra dans les escaliers pour descendre sur le terrain, à toute vitesse, au risque de se rompre les os.

Elle arriva sur le bord du terrain à temps pour voir la manoeuvre de Harry et le choc terrible qui la laissa figée d'horreur. Son meilleur ami commença à tomber, mais elle resta immobile, incapable de réagir, elle qui pensait pouvoir garder son sang-froid en toutes circonstances.
Elle ne savait pas quel sort lancer pour rattraper son ami sans le blesser davantage, craignant de faire une erreur.

Elle faillit s'effondrer à genoux sur le sol quand leur professeur de potion, toujours calme et maître de lui même, agit pour sauver Harry une fois de plus.
Elle regarda Drago Malefoy se précipiter. Un Malefoy différent, plus accessible, moins dur peut être. Elle l'observa avec attention, n'osant pas regarder le corps inconscient de Harry.

Hermione se reprit soudain et avança lentement, blême. Le professeur Rogue lui jeta un coup d'oeil rapide, et marmonna, d'un ton sec.
- Rien de grave. Une nuit à l'infirmerie et il sera comme neuf.
Soulagée, la lionne hocha la tête avec gratitude et suivit l'étrange cortège de deux Serpentard portant un Gryffondor inconscient.

Ron la rejoignit, choqué.
- Il était trop loin de moi. Je n'ai pas eu le temps...
La jeune fille lui prit la main et la serra, en signe de réconfort.
- Tu ne pouvais rien. Il... Je crois qu'il a fait exprès, il savait ce qu'il faisait.

Le rouquin déglutit et son teint passa au vert, imaginant probablement la même chose que Hermione. Leur ami au sol, le corps disloqué. La Gryffondor eut un soupir tremblant.
- Il ira bien. Rogue a dit que... Que c'était pas grave.

Ron hocha la tête, et resta silencieux alors qu'ils avançaient en direction du château, espérant pouvoir rejoindre leur ami au plus vite.
D'un coup, il jeta un coup d'oeil en biais à son amie et osa poser la question qui lui brûlait les lèvres.
- J'ai vu Malefoy arriver pour... pour attraper Harry. Je... Tu crois qu'il est sincère ?

Hermione eut un petit sourire mystérieux, malgré son teint blême et son inquiétude visible.
- Un regard dit plus que des mots, Ron. Et je peux t'assurer que même s'il est doué pour jouer un rôle, Malefoy n'aurait jamais pu simuler la panique. Je crois qu'il était aussi inquiet que nous pour Harry. Réellement.
Ron fronça les sourcils sans répondre, réfléchissant.

Juste avant de passer les portes de Poudlard, il s'arrêta un instant.
- Harry était vraiment paniqué après son cauchemar, quand il a découvert que Malefoy était une cible. Je crois qu'il s'est attaché à ce fichu serpent visqueux et d'après ce que tu me dis, c'est heureusement réciproque.

Hermione gloussa.
- Oh Ron, ne montre pas tant de surprise. Tu as vu comme moi à quel point Harry était heureux à la rentrée. Il n'a jamais été aussi souriant, aussi détendu. Et il avait pris du poids par Merlin ! Rien que pour ça j'aiderais Harry à protéger Malefoy sans poser de questions. Et ne fais pas semblant de jouer les méchants protecteurs, je sais que tu penses la même chose.

Le rouquin marmonna pour la forme puis haussa les épaules.
- C'est difficile d'accepter que cet abruti congénital depuis la première année soit devenu... fréquentable ? Il a changé d'un coup, Hermione, comme s'il était...
- Quelqu'un d'autre. Je sais. Mais Harry lui fait confiance et il le connaît par coeur. Et Sirius l'a accepté d'après ce que Harry a dit, sans parler du professeur Rogue. Je ne suis pas sûre que quiconque puisse tromper cet homme.

Les deux amis échangèrent un regard entendu, et Ron plissa le nez, en une expression butée.
- J'ai le droit de ne pas aimer ça.
Hermione ricana moqueusement, et lui donna un coup d'épaule amical.
- Et bien va dire ça à Harry. Il risque de devenir infernal si tu critiques son serpent domestique...

Prompt de demain : Blanche Neige

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