Marque des Ténèbres

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Le dîner ce soir-là était particulièrement morne et silencieux. Ils avaient appris par hasard que Bellatrix Lestrange cachait quelque chose dans son coffre puisque Scorpius s'était souvenu que son père lui avait une fois raconté que Harry Potter avait cambriolé Gringotts l'année où il avait disparu de Poudlard.


Bien que l'horcruxe soit localisé, il était hors de portée, et Harry ne voyait pas comment il pourrait cambrioler de nouveau Gringotts : dans cette réalité présente, il semblait qu'il n'ait pas tous les éléments pour le faire.

C'était donc un obstacle de plus, et tous se demandaient comment ils allaient pouvoir venir à bout de cet écueil, sans oser pour autant verbaliser leurs doutes à haute voix.


Harry remuait lentement la nourriture dans son assiette, n'ayant pas vraiment faim. Il souhaitait plus que tout voir la guerre prendre enfin fin, mais tout semblait se dresser contre lui.


Soudain, Severus haleta, et lâcha ses couverts. Leur bruit en retombant dans l'assiette de porcelaine les fit tous sursauter et Harry se tendit, aussitôt en alerte.

Le Maître des potions agrippa son bras gauche - celui qui portait l'hideuse Marque des Ténèbres - et gémit sourdement, affolant les deux adolescents. Ils avaient vu leur professeur blessé mais jamais aucune plainte n'avait franchi la barrière de ses lèvres, comme s'il était insensible à toute douleur.

L'homme blêmit, plantant presque ses ongles dans son bras douloureux, et prit une inspiration sifflante, comme s'il essayait de se maîtriser.
Alors qu'il gémissait à nouveau, plus longuement, le peu de couleur qui restait sur son visage le déserta et il glissa lentement de sa chaise, avant de tomber au sol. Il se replia sur lui même, autour de son bras, comme pour faire barrage à l'ignoble douleur.

L'instant suivant, l'homme perdait connaissance.


Sirius et Scorpius s'étaient précipités vers lui, inquiets, sans se rendre compte que Harry était resté à sa place, tendu.
Le brun porta soudain une main tremblante à son front, sur sa cicatrice si célèbre et commença à crier, alors qu'il avait l'impression que quelque chose lui déchirait le crâne.

Il entendit Sirius jurer, affolé, tandis que Scorpius se précipitait sur lui, en criant son prénom.
Perdu dans un monde de douleur, Harry ne put réagir, continuant de crier, priant pour qu'il puisse rapidement sombrer dans l'inconscience et avoir un peu de répit.

D'un coup, la douleur s'estompa, lui permettant de reprendre conscience du monde qui l'entourait. La douleur pulsait toujours sourdement dans sa tête mais à un niveau bien plus supportable.
Cependant, en regardant autour de lui, l'adolescent prit conscience qu'il était une fois de plus dans l'esprit de Voldemort et qu'il voyait au travers de ses yeux.

Spectateur impuissant, il regarda les Doloris pleuvoir sur les Mangemorts alors que Voldemort hurlait fou de rage. Visiblement, son espion venait de lui apprendre que les trois sorciers qu'il espérait capturer avaient quitté Poudlard pour un lieu secret, les mettant hors de sa portée.

Il pestait contre ses larbins incapables qui n'étaient pas foutus de récupérer deux gosses et un Mangemort blessé en disgrâce. La fuite de Severus l'avait rendu fou de rage et il avait décidé de le mettre à mort à la première occasion, histoire de rappeler à tous qu'il était le Maître, et qu'il était tout puissant.

Une fois de plus, Lucius fut celui qui reçut le plus de sorts, parce que l'un des fugitifs était son propre fils. Bien qu'ayant reçu sa part de douleur, Bellatrix riait et tapait des mains, visiblement ravie de contempler la cruauté de son Maître.


Harry s'affola légèrement, ne voulant pas assister à cette débauche de Doloris. Voldemort était si furieux qu'il ne semblait pas en état de parler - et donc d'échapper des éléments importants. Voir les corps s'arquer sous la douleur et entendre les cris d'agonie - même s'ils étaient l'ennemi - rendait le jeune homme nauséeux et il voulait juste oublier tout ça.

Soudain, Nagini glissa aux côtés du Mage noir et celui-ci baissa sa baguette pour contempler son serpent. Il commença à siffler Fourchelang, et Harry resta figé par la surprise quelques instants.
Il savait que l'homme adorait son familier. Il s'était toujours demandé pour quelle raison l'homme qui semblait incapable d'éprouver le moindre sentiment d'amour était autant attaché au reptile. Cependant, Voldemort venait d'appeler Nagini son "âme soeur".

Avant de découvrir l'existence des horcruxes, Harry aurait probablement laissé passer ces mots. Mais désormais, en sachant qu'il avait fractionné son âme, il était évident que Nagini était un des horcruxes.
La présence du serpent qui s'enroula paresseusement aux pieds de son Maître permit à ce dernier de se calmer, et il baissa sa baguette, fixant ses Mangemorts de ses yeux rubis.

Harry constata que les fiers sang-purs si prompts à torturer sans états d'âmes avaient l'air bien peu vaillants en cet instants. Affaiblis par la douleur, ils regardaient craintivement le Mage Noir à qui ils avaient prêté allégeance.
Dans leurs yeux, il n'y avait plus vraiment de fierté, juste de la peur.


Avec un soupir de soulagement, Harry retrouva son corps, battit des paupières. Il leva la main pour frotter sa cicatrice encore sensible puis se redressa, un peu hébété.
Sirius lui tendit un verre d'eau, inquiet, et Harry le remercia d'un sourire. Le liquide frais apaisa sa gorge douloureuse d'avoir hurlé, et il soupira.
- Il était furieux. Visiblement il a découvert que nous n'étions plus à Poudlard. Il veut également que le professeur Rogue soit tué.

Harry fronça les sourcils et regarda autour de lui, surpris de ne pas voir l'homme en noir dans la pièce. Sirius lui posa une main sur l'épaule.
- Rogue est... il dort. Sa marque a failli le rendre fou de douleur et je lui ai fait avaler une potion de sommeil sans rêves. Il est bien moins agité depuis quelques minutes, donc il lui reste à récupérer et dormir ne pourra que l'aider.

L'adolescent hocha la tête.
- Il torturait tous ses Mangemorts. Les uns après les autres, parce qu'ils n'avaient pas réussi à nous localiser.

Sirius émit un rire bref, semblable à un aboiement.
- Et bien gamin, je ne vais pas dire que je les plains. Ils se sont mis eux même dans cette situation après tout. Ne t'occupes pas des conséquences de leurs actes.

Prompt de demain : La plus haute tour

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