A ta place

Enfer

Scorpius cligna lentement des yeux en observant Blaise Zabini, et resta silencieux un long moment, essayant de déterminer comment il allait expliquer la situation dans laquelle il se trouvait.
Il pouvait toujours tenter de mentir et prétendre qu'il était Drago Malefoy, mais il savait que son père avait été très proche du métis face à lui durant son adolescence, et qu'il serait vite démasqué.

Choqué par la situation à laquelle il venait d'assister, il s'était montré terriblement imprudent. Quelques minutes dans le corps de son père, et voilà qu'il commettait une première erreur. Lui qui était prêt à changer le destin de son père, il venait de tout gâcher...

Face à lui, Blaise sembla s'impatienter, puisqu'il se saisit de sa baguette pour la pointer sur Scorpius.
Ce dernier hoqueta et secoua la tête.
- Je... Je ne comprends pas.
- S'il s'agit de polynectar, d'ici quelques minutes, ça fera une heure que je ne t'ai pas quitté. C'était pour ça que tu as eu besoin de t'absenter pendant l'épreuve ? Pour aller reprendre une gorgée de potion ?

Scorpius allait vivement protester mais la mention de polynectar éveilla un vague souvenir en lui. Il fronça les sourcils, ignorant l'air suspicieux de Blaise, essayant de se souvenir, avant d'écarquiller des yeux horrifiés.
- Polynectar ! Le professeur... le nouveau, celui qui a transformé... qui m'a transformé en fouine... c'est un Mangemort sous polynectar.

Blaise lui agrippa le bras, le teint légèrement gris et dévisagea avec attention le blondinet qui lui faisait face. Il grommela.
- Tu n'es définitivement pas Drago.
Scorpius ne l'écouta pas et le fixa d'un air suppliant.
- Il faut... il faut aller l'aider. Potter. Maintenant !

Le serpentard croisa les bras sur sa poitrine, visiblement déstabilisé par les réactions du garçon face à lui.
- Drago... ou qui que tu puisses être. Potter est probablement l'élève de Poudlard le plus en sécurité puisqu'il doit être dans les robes de Dumbledore une fois encore.
- Mais... C'est...
Scorpius haleta, au bord de la crise de panique. Il était loin d'avoir la capacité de son père à masquer ses sentiments, et contrairement à Drago Malefoy, il avait eu une enfance protégée, loin de la Magie noire et des préceptes de Voldemort.

Blaise soupira lourdement, visiblement vaincu. Son père lui avait toujours dit que l'homme qu'il appelait Oncle Blaise avait toujours eu une curiosité débordante.
- J'accepte de te suivre, mais tu vas devoir te montrer sacrément convainquant. Tu n'as pas l'air d'être sous polynectar, et je dois avouer que je suis particulièrement curieux de découvrir ce qui se passe.
- Je... Harry Potter ne doit pas être blessé. Il doit... Il est celui qui va vaincre le... Seigneur des Ténèbres.

Blaise Zabini sursauta violemment et regarda autour de lui, inquiet. Puis, sourcils froncés, il tira Scorpius à sa suite, jusqu'à ce qu'ils soient dissimulés par les premiers arbres de la forêt interdite. Il jeta un assurdiato autour d'eux et grogna.
- Tu veux te faire tuer espèce d'idiot ? Ce genre de paroles alors que ton propre père porte la marque avec fierté...

Scorpius se frotta le visage, et d'un coup, il comprit dans quel enfer son père avait grandi.
Il avait écouté toute son enfance les histoires de son père lui racontait, mais il n'avait pas réellement compris à quel point les choses avaient été dangereuses.
La guerre était restée pour lui quelque chose d'un peu abstrait. Il savait qu'il y avait eu des morts, mais il n'avait pas compris que les enfants avaient été aussi impliqués.

Le jeune garçon passa une main hésitante sur son bras gauche.
- Je ne veux pas que... Je ne veux pas porter la marque. Écoute, je veux bien te raconter pourquoi j'ai l'air aussi étrange, mais il faut vraiment aller porter secours à Harry Potter. Maintenant.
Blaise plissa les yeux.
- Tu sais réellement ce qui va se produire ?
Scorpius n'hésita même pas.
- Oui. Je le sais. Et je ne veux pas que les mêmes erreurs ne soient reproduites.

Le métis soupira et brisa le sort autour d'eux avec un grognement agacé.
- Parfait. Je te suis. Mais je veux des explications claires et détaillée. Je veux savoir qui tu es également.
Scorpius releva la tête comme son père le lui avait appris, et il fixa Blaise d'un air plein de défi.
- Je suis un Malefoy.

Blaise soupira et attrapa le poignet de Scorpius avant de le tirer à sa suite, partant à grands pas en direction du château de Poudlard. Il marmonnait et le blondinet put distinctement entendre qu'il lui laisserait le loisir d'expliquer à Potter les raisons de sa soudaine envie de sauvetage.

Ils arrivèrent dans le couloir désert de l'école au moment où le professeur Maugrey entraînait Harry Potter à sa suite, le pressant de question. Le Gryffondor semblait un peu perdu, et il était visiblement exténué et en état de choc.
Scorpius eut un sursaut en cherchant une solution pour changer ce qui s'était autrefois produit, alors que Zabini jurait sourdement entre ses dents. Les deux Serpentard virent clairement le professeur de Défense boire une gorgée de ce qui se trouvait dans la petite gourde qui ne le quittait jamais, et Blaise jura de nouveau, visiblement convaincu par l'histoire de son camarade.

Scorpius allait se jeter en avant sans avoir la moindre idée de ce qu'il allait faire, mais Blaise le retint fermement et il s'éclaircit la voix.
- Potter !

Harry sursauta et le professeur - celui qui se faisait passer par un professeur - sembla inquiet, scrutant le couloir derrière eux. De sa voix la plus autoritaire possible, Blaise continua, visiblement sûr de lui, tandis que Scorpius dévisageait avec attention le père de Albus - celui qui serait le père de Albus - avec inquiétude. Il avait l'air si vulnérable en cet instant... si dévasté...

- Le Directeur Dumbledore nous a envoyé te chercher, apparemment il a encore des questions à te poser.

Le Gryffondor plissa les yeux, visiblement prêt à protester - comme si Dumbledore allait accorder sa confiance à deux Serpentard après ce qui venait de se produire - mais il sembla perturber par l'expression sur le visage de Malefoy. Plus tard, il serait incapable de décrire exactement ce qui l'avait fait suivre ses deux camarades plutôt qu'un professeur, mais il admettrait que les deux garçons lui avaient probablement sauvé la vie.

Lorsque le jeune homme fit un pas vers eux, Scorpius en fut si soulagé qu'il vacilla presque. Seule la poigne de Blaise l'empêcha de montrer sa faiblesse, et le blondinet lui en fut ridiculement reconnaissant.
Harry Potter les rejoignit et alors qu'ils partaient, les deux Serpentard encadrant le Sauveur du monde magique, le professeur de Défense l'interpella.
- Je vous attend dans mon bureau lorsque vous en aurez terminé, Monsieur Potter.
Le brun acquiesça, mais Scorpius se jura farouchement que Harry Potter ne resterait pas seul un instant, et que le prochain bureau qu'aurait cet homme serait une cellule à Azkaban, entouré de Détraqueurs.

Prompt de demain : Utopie