A ta place

Autoroute pour l'enfer

Quelque chose s'était terriblement mal passé.

Plus exactement, à un moment donné, les évènements avaient échappé à tout contrôle et ils s'étaient retrouvés en mauvaise posture.

Au début, ça n'avait été qu'une tâche simple, se rendre dans ce lieu précis, et récupérer l'objet qui y était dissimulé.
En théorie, rien de bien dangereux. Ni même de très palpitant.

Et puis alors que Sirius venait de faire une stupide plaisanterie, faisant rire les deux adolescents qui les accompagnaient tandis que Severus le fusillait du regard, il s'étaient soudain retrouvés sur une autoroute pour l'enfer, essayant d'éviter une pluie de sorts offensifs.

C'était peut être un hasard qu'ils aient été surpris précisément à cet endroit le jour où ils décidaient de sortir de leur retraite. C'était peut être juste le fait que Voldemort surveillait de près certains lieux stratégiques.

Ils s'étaient montrés prudents pourtant. Même Harry prenait garde à ne plus prononcer le nom de Voldemort à cause du tabou, ses yeux verts brillants de colère à chaque fois qu'il évoquait son ennemi.
Ils n'avaient parlé à personne depuis le soir où Drago - celui qui avait été un jour Scorpius - avait avoué son secret et leur avait révélé tout ce qu'il savait sur la guerre.

Severus avait profité de l'inconscience de Dumbledore pour forcer son bureau et le fouiller de fond en comble, mettant la main sur les souvenirs du Directeur concernant Tom Jedusor sous l'oeil exorbité de Minerva MacGonagall.

Il y avait eu une conversation houleuse quand les deux adultes avaient tenté de tenir à l'écart les deux adolescents pour les protéger. C'était la première fois que Harry s'opposait à son parrain, et finalement Sirius avait plié, avant d'aller s'enfermer de longues heures dans sa chambre, bouleversé.
Face à l'air buté du gamin, Severus s'était demandé comment il avait pu le confondre un jour avec James Potter.

La décision avait été prise, et après avoir visionné tout ce que Dumbledore savait de Tom Jedusor, ils avaient décidé de récupérer en premier la bague des Gaunt.
Little Hangleton était un endroit désert, presque abandonné. La masure des Gaunt n'était qu'un amas de planches à peine jointes, exposée aux ravages du temps. Pourtant, l'endroit ne semblait pas avoir été investi par des pilleurs, comme si l'atmosphère de Magie Noire qui s'en dégageait suffisait à en assurer la sécurité.

Si les deux adolescents avaient obtenu d'accompagner Severus et Sirius, ils restaient pour autant prudents et obéissaient à chaque ordre, comprenant que ce n'était pas une plaisanterie, mais bel et bien une affaire sérieuse.
Ils venaient de récupérer la bague, et Harry avait réprimé une grimace écoeurée en se frottant sa cicatrice sous l'oeil inquiet de son parrain. Scorpius allait dire quelque chose - quelque chose qu'il pensait important et qu'il n'avait pas pensé à mentionner plus tôt - quand ils avaient entendu des cracs distincts de transplanage autour d'eux.

La seconde d'après, ils étaient entourés de rafleurs.

Il y avait eu un instant de calme total, où chacun était resté figé. Puis, l'un des rafleurs avait émis un rire hystérique, reconnaissant Severus, Harry Potter et le fils Malefoy. Il avait semblé extatique à l'idée qu'il serait celui qui ramènerait les traîtres et l'élu à Voldemort.

Scorpius avait serré sa baguette entre ses doigts, déterminé, et Sirius avait attaqué avec un rugissement de rage.

L'enfer s'était ensuite déchaîné.

Severus avait poussé les deux garçons à l'abri relatif d'un arbre et avait commencé à se battre lui aussi.
Fasciné, Harry avait observé son parrain et son professeur se battre, avant de lancer lui-même des sorts pour tenter de les aider.
Sirius se battait comme un chien fou, semblant jeter des sorts dans toutes les directions, totalement imprévisible. Il était mortellement efficace, et il fallait quelques secondes seulement pour comprendre qu'il était dangereux.
A ses côtés, Severus était son exact inverse. Chacun de ses mouvements semblait être étudié pour être le plus mortel possible, et chaque sort qui sortait de sa baguette touchait sa cible. Il bougeait peu contrairement à Sirius qui gesticulait, malgré tout, les deux hommes faisaient des ravages dans les rangs ennemis.

Près de Scorpius, Harry se défendait de son mieux, lançant des sorts visant à gêner les rafleurs. L'un de ses experlliamus frappa durement l'homme qui allait lancer un sort dans le dos de Severus, le mettant hors d'état de nuire.
Le Maître des potions se tourna brusquement et hocha la tête avec un demi-sourire, approbateur. Harry lui retourna un large sourire heureux, satisfait d'avoir pu aider, et surtout d'avoir reçu les félicitations implicites de son professeur.

Finalement, le dernier de leurs agresseurs fut à terre, et ils soufflèrent un instant, regardant les hommes inconscients. Sirius et Severus échangèrent un coup d'oeil tendu, et le potionniste grogna.
- Ils ne doivent pas révéler qu'ils nous ont vu ici.
Sirius posa la main sur l'épaule de son ancien ennemi, et hocha la tête, l'air sérieux.
- Je sais.

Harry fronça les sourcils, prêt à demander des explications, mais Severus pinça un instant les lèvres, avant d'annoncer sa décision.
- Black. Ramène les garçons au Square. Je vous rejoins quand j'ai terminé ici.

Les deux hommes échangèrent à nouveau un long regard, comme s'ils se comprenaient sans avoir à parler. Harry voulut prendre la parole, mais Scorpius le stoppa en attrapant sa main.

Le blond était plus pâle qu'à son habitude, et semblait légèrement mal à l'aise. Cependant, son regard était décidé lorsqu'il fit signe à Harry de ne rien dire.
Le Gryffondor plissa les yeux, réfléchissant puis il pâlit, comprenant soudain.

Son professeur allait mettre à mort les rafleurs, pour les protéger. Pour protéger leur secret.

Autrefois, Harry aurait peut être protesté et plaidé pour la vie des hommes à terre. Mais... il avait eu le temps de comprendre qu'il y aurait des morts inévitables.
Il savait que si Voldemort découvrait qu'ils étaient au courant de l'existence des horcruxes, la guerre serait perdue pour eux. Le Mage Noir rassemblerait les objets ou en créerait d'autres, le rendant immortel.

Ce qui le gênait n'était pas la mort de ces hommes. C'était que son professeur allait une fois de plus sacrifier son âme au nom d'une guerre interminable, pour l'aider.
Il voulut protester, mais il comprit que ce n'était pas le moment. Alors, juste avant que Sirius ne les fasse transplaner Harry fixa les yeux sombre de l'homme.
- Soyez prudent professeur.
Il eut le temps de noter l'éclair de surprise avant de disparaître.

Prompt de demain : Passager clandestin