Jalousie

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A Poudlard, les choses étaient calmes. Aussi calme que puisse être une école emplie d'adolescents surexcités.

La guerre pouvait faire rage dans le monde magique, à l'intérieur du château millénaire, les cours continuaient.
Les enfants vivaient, nouaient des amitiés, se disputaient. Ils connaissaient leurs premiers émois, vivaient leurs premières déceptions amoureuses.

Ils tentaient de briser le règlement, d'échapper à la surveillance des professeurs. Ils faisaient leurs devoirs avec plus ou moins de sérieux. Au sein de Poudlard, la guerre était entre parenthèses.

Si le départ soudain de Harry Potter avait semé le trouble parmi les maisons, les adolescents avaient vite conclu que le jeune homme allait bien. Après tout, la Gazette n'avait rien annoncé de terrible et leurs vies étaient toujours les mêmes.
Ils étaient bien plus satisfaits d'apprendre que les cours de potions étaient annulés pour une durée indéterminée. Selon la Directrice adjointe McGonagall, Severus Rogue s'était absenté pour "raisons personnelles".
Ainsi, beaucoup de rumeurs parcouraient les couloirs de Poudlard, mais aucune ne s'approchait de la vérité. Qui aurait pu penser que Severus Rogue, la chauve-souris des cachots, avait quitté Poudlard pour aider Harry Potter, le Gryffondor à qui il avait retiré le plus de points dans sa carrière probablement ?

Hermione Granger, pour sa part, ne s'inquiétait pas pour son ami Harry et elle savait exactement où était son professeur. Elle aurait pu s'en réjouir, d'être la seule à avoir l'information. Mais son esprit était entièrement dévoré par la jalousie de voir son ami Ron roucouler avec cette pimbêche de Lavande Brown.

Voldemort pouvait bien débarquer à Poudlard, elle s'en moquait bien. Elle vivait dans un tel état de fureur qu'un mage noir - tout cruel qu'il fut - ne lui faisait pas peur.


La jeune fille voulait juste retrouver sa vie d'avant. Avant que Harry ne quitte Poudlard, que leur trio ne se sépare. Depuis, tout allait mal.
Et puis, Ron avait soudainement décidé qu'il était temps pour lui de vivre de nouvelles expériences dans les bras de Lavande.

Hermione restait à l'écart, les regardant roucouler, se crispant à chaque fois que la voix insupportablement haut-perchée de Lavande appelait son tout nouveau petit ami. Elle rougissait de colère dès qu'elle les voyait s'embrasser - ce qui arrivait si souvent que Neville lui avait demandé si elle était fiévreuse.

Elle pensait avant toute cette histoire être dotée d'une bonne réserve de patience. Une réserve suffisante pour supporter Harry et Ron dans leurs pires jours, lorsqu'ils oubliaient leurs devoirs, demandaient à copier sur elle ou posaient des questions stupides - auxquelles ils auraient pu avoir des réponses en ouvrant simplement leurs livres de cours.
Elle pensait que survivre à toutes leurs aventures et les empêcher de se tuer - ou de les faire virer de l'école - serait le pire qu'elle aurait à affronter.
Cependant, elle devait se rendre à l'évidence : elle n'était pas prête à supporter la dinde gloussante blonde qui lui provoquait des cauchemars.

Par prudence, elle évitait de brandir sa baguette en direction de la jeune fille - un sort pouvait partir si rapidement après tout...


Hermione se retrouvait donc isolée au sein de sa propre maison, et l'absence de Harry lui pesait. Pour ne pas devenir folle, elle se convainquit qu'elle s'inquiétait terriblement de lui, et elle décida qu'elle lui serait probablement utile.
Après tout, elle avait pris de l'avance dans tous ses cours, et elle pensait être capable de s'absenter quelques semaines sans que ça ne porte préjudice à son avenir. Et puis, elle pourrait toujours justifier qu'une expérience pratique valait des heures d'apprentissage théorique...

Surtout, le principal argument restait qu'auprès de Harry, elle serait loin de Ron et de sa dinde qui semblait greffée à son côté. Elle n'entendrait plus les gloussements stupides de Lavande et n'aurait plus à regarder Ron se ridiculiser alors qu'il faisait les yeux doux à sa belle.

Ainsi donc, après s'être retenue une énième fois de séparer les tourtereaux d'un sort particulièrement vicieux, elle s'était isolée dans son dortoir et avait sorti encre et parchemin pour envoyer une lettre à Harry.
Si elle s'était retourné en quittant la salle commune, elle aurait probablement remarqué que Ron n'était pas aussi attentif à Lavande qu'elle le pensait. Elle aurait remarquait qu'il la suivait du regard avec un air nostalgique et un peu de tristesse dans le regard, regrettant visiblement le temps béni de leur complicité sans nuages.


Une fois dans son dortoir, Hermione rangea ses affaires d'un sort. Elle n'aimait habituellement pas le désordre mais depuis le départ de Harry, elle avait prit l'habitude de faire en sorte que sa malle soit toujours prête, comme si elle devait partir dans la minute.
Chaque soir, elle rangeait tout comme si elle quittait Poudlard, ne gardant que le strict minimum à portée de main.

Si ses camarades de dortoir avaient remarqué sa nouvelle habitude, personne n'avait osé faire la moindre remarque ou poser la moindre question.

Puis, avec un soupir épuisé, Hermione se pencha sur son parchemin, sourcils froncés, et elle commença à écrire sa lettre à destination de Harry. Rapidement, son courrier se transforma en vibrant plaidoyer où elle argumentait les avantages qu'il aurait de l'avoir à proximité - même s'il n'était pas seul.
Elle lui jurait qu'elle ne s'imposerait pas, qu'elle resterait discrète, et que s'il le voulait, il ne se rendrait pas compte de sa présence.

Elle plia et cacheta son message sans le relire, de peur de se trouver pathétique et de manquer de courage. Puis, elle posa soigneusement le courrier sur sa table de nuit, sans pour l'instant écrire le destinataire dessus - elle n'oubliait pas que Harry était en danger et que la discrétion était pour lui la meilleure des protections.
Trop déprimée pour se rendre au repas et supporter ses camarades bruyants, elle se changea rapidement, et elle se glissa entre les draps frais de son lit. Il était ridiculement tôt, bien sûr, mais la journée l'avait épuisée émotionnellement et elle préférait se lever avant tout le monde pour travailler. Au moins, à l'aube, Ron dormait et elle n'avait pas à constater encore et encore qu'ils se parlaient à peine.

Une larme coula le long de sa joue, et elle l'essuya rageusement, avant de se tourner et de fermer les yeux, récitant dans sa tête le dernier cours d'histoire de la Magie pour essayer de s'endormir.

Prompt de demain : Alliance

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