Tour à tour

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Scorpius erra un long moment seul dans les couloirs, sans se préoccuper de savoir s'il courrait un danger ou non. Il avait pris la fuite devant Harry, gêné par des remerciements qu'il estimait ne pas mériter.
Il avait certes suivi Severus Rogue lorsque celui-ci s'était précipité sur le terrain pour secourir le Gryffondor blessé, et il avait réceptionné le corps de Harry, mais... avant cela, il avait paniqué.
Il était resté immobile, accroché aux robes du potionniste, incapable de faire quoi que ce soit alors que son ami risquait d'être grièvement blessé...

Et puis... Il avait eu Albus comme meilleur ami. Avec lui, les choses semblaient si simples et naturelles. Il le prenait dans ses bras, chahutait, et lui ébouriffait les cheveux sans la moindre gêne.
Avec Harry... Même s'il ressemblait à Albus comme deux gouttes d'eau, il avait toujours le coeur battant et les joues rougissantes, l'impression d'avoir l'estomac qui se tordait. Il n'arrivait pas à se montrer naturel avec lui.
Au départ, il avait pensé qu'inconsciemment il gardait en mémoire que Harry était le père de son meilleur ami. Un père héroïque et Auror, un homme puissant et respecté.

Mais il s'était fait à sa nouvelle vie. Il abandonné peu à peu son ancienne identité pour se glisser dans la vie de son père, et il était devenu proche de Harry, surtout après leur été au Square Grimmaud. Il avait l'impression de penser en permanence au Gryffondor, voulant le protéger de la guerre.

Plus tôt, à l'infirmerie, il avait eu envie de le serrer dans ses bras, et de le secouer pour s'être mis en danger volontairement. Il s'était perdu un instant dans son regard et dans son sourire, avant de se reprendre.
Scorpius soupira et se dirigea à pas lents vers les cachots quand il vit passer un homme avec un chien.

Il n'y aurait pas vraiment prêté attention s'il n'avait pas reconnu l'animal. Parce que l'énorme chien noir n'était pas un animal ordinaire, mais bel et bien la forme animagus de Sirius Black.
En voyant l'étrange duo prendre la direction du bureau de son parrain, il écarquilla les yeux. Ce moment d'hésitation lui permit d'identifier l'homme : une poufsouffle de leur année eut un large sourire avant de s'exclamer.
- Bonjour professeur Lupin !
L'homme eut un sourire amusé, et hocha doucement la tête.
- Bonjour Miss Abott. Mais je ne suis plus professeur vous savez...
La jeune fille gloussa et s'éloigna, tandis que l'homme - le fameux Lupin dont Harry lui avait déjà parlé - repartait vers les cachots en secouant la tête, visiblement surpris d'être si bien accueilli.

Aussitôt, Scorpius fit demi tour et partit en courant pour aller voir Harry. Quelque soit la raison de la présence de Sirius à Poudlard, il n'avait pas vraiment envie que leurs parrains ne s'entretuent.

*

En apprenant que Sirius était à Poudlard, le visage de Harry s'éclaira. Cependant, il eut la même réaction inquiète que Scorpius en apprenant que l'animagus se dirigeait vers les cachots en compagnie de Remus Lupin.
Décidé, Harry se leva du lit de l'infirmerie le plus discrètement possible - bien décidé à échapper à la terrible Madame Pomfresh - et grimaça en voyant son pyjama trop grand. Il se précipita derrière le paravent pour se changer et quelques secondes plus tard, il rejoignait son ami, vêtu d'un jean trop grand et d'un tee-shirt froissé, ses cheveux plus en bataille que jamais.
Presque malgré lui, Scorpius tendit la main, comme pour aplatir sa tignasse rebelle, mais se ravisa au dernier moment, les joues rouges, et il quitta la pièce, intimant l'ordre au brun de se presser.


Le trajet jusque dans les cachots se fit dans le silence, et les deux garçons échangèrent un regard tendu devant la porte du bureau.
Harry haussa les épaules, un peu indécis.
- Il n'y a pas de hurlements et... la porte semble intacte.
Scorpius plissa le nez, ne semblant pas vraiment convaincu par les arguments.
- Les sorts de silence existent.

Harry grogna et avança, pour poser la main sur la poignée. Il jeta un coup d'oeil au blondinet près de lui, mais celui-ci se mordillait la lèvre, les yeux fixés sur la porte. Aussi, le Gryffondor tenta d'ouvrir pour se heurter à une résistance surprenante.
Le Serpentard réfléchit un instant avant de lancer un sort sur la porte tout en se justifiant.
- C'est mon père qui me l'a appris...
Bien évidemment, Scorpius ne préciserait pas en quelle année il avait appris ce sort...

La porte s'ouvrit et les deux garçons entrèrent rapidement, pour se retrouver cible de l'attention de trois hommes installés avec une tasse de thé et conversant civilement.
Harry regarda tour à tour son parrain, puis son professeur, avant de sourire à Remus, heureux de le revoir.

*

Au moment où les deux garçons firent irruption dans son bureau brusquement, l'air affolés, Severus retint un ricanement moqueur. Avec un rictus, il prit sa voix la plus doucereuse - celle qu'il réservait pour les élèves ayant transgressé le règlement - pour demander des explications.
- Et bien... Je peux savoir ce qui nous vaut cette... brutale intrusion ?
Il regarda avec délectation Harry Potter rougir d'un coup, et se tortiller, mal à l'aise, craignant les reproches qui allaient pleuvoir sur lui.

Pour une fois, Black restait silencieux, un sourire amusé aux lèvres, visiblement curieux lui aussi d'avoir une explication. Lupin quand à lui, avait le nez plongé dans sa tasse de thé, mais ses yeux pétillaient d'amusement.

Voyant qu'il n'aurait aucun soutien de son parrain et de Remus, Harry souffla et fronça les sourcils, l'agacement remplaçant la crainte d'avoir une retenue.
- Et bien, savoir que Sirius Black et Severus Rogue étaient dans la même pièce nous a légèrement inquiété. Nous ne voulions pas voir nos parrains respectifs s'entretuer...

Remus gloussa, visiblement incapable de garder son sérieux plus longtemps. Severus marmonna quelques paroles indistinctes avant de hausser les épaules. Il devait avouer qu'il était surpris de l'inquiétude des deux adolescents et pour une fois, il n'était pas réellement en colère.
Comme à son habitude, Black tourna la situation en dérision.
- Oh ça va, je ne vais pas vous l'abîmer votre professeur !

Harry jeta un coup d'oeil rapide en direction du Maître des potions, et il afficha un soulagement visible. Quand au blondinet, il leva les yeux au ciel, mais il souriait.

Puisque les adultes ne semblaient pas leur tenir rigueur de leur intrusion, Harry enlaça son parrain, avec un sourire ravi tandis que son professeur l'observait pensivement.

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