Portes du paradis

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Scorpius n'osait plus lever la tête après les mots de Sirius.

Il sentait le poids du regard de Harry et celui de Severus sur lui, attendant une explication. Sirius le regardait avec confiance, l'encourageant silencieusement, comme s'il voulait le convaincre que tout irait bien.
L'adolescent se frotta les yeux, un peu perdu.
Il soupira et secoua la tête.
- Je...

Il se mordit les lèvres en s'interrompant brusquement, jetant un bref coup d'œil à Harry entre ses cils. Le brun semblait inquiet, et ne le quittait pas des yeux.
Sirius intervint, doucement.
- Ne t'en fais pas, tout ira bien. Ça ne changera rien.

En voyant les mains de Severus se crisper en poings, Scorpius soupira lourdement, ayant l'impression que les portes du paradis se fermaient devant lui. Il s'était glissé dans la vie de son père, il avait pris sa place et fait en sorte de tout changer .
S'il avait regretté sa vie d'avant, il s'était rapidement pris d'affection pour Blaise et Harry, sans oublier Sirius, et même Severus.

C'était devenu sa vie, et il arrivait à être heureux malgré les circonstances. Mais il avait l'impression que lorsqu'il avouerait la vérité à son sujet, il perdrait tout. Harry, leur amitié si particulière, et Severus qui était toujours près de lui, dans l'ombre.


Harry se pencha vers lui, et tendit la main, mais Scorpius posa ses mains sur ses yeux, comme s'il n'avait pas vu le geste. Le brun eut l'air blessé et recula dans le siège, fixant alternativement son parrain et son ami, essayant de comprendre.
Severus grogna.
- Que se passe-t-il ici ?

Scorpius laissa tomber ses mains, et soupira, vaincu.
- J'ai menti.
Sirius laissa échapper un son qui ressemblait à un jappement moqueur et intervint.
- Ne sois pas si dramatique ! Ils vont imaginer le pire maintenant.
Malgré lui, le blondinet gloussa et se détendit légèrement. Il hocha la tête, décidé et reprit, d'une voix un peu plus ferme.
- Je ne suis pas Drago Malefoy.

L'instant d'après, la baguette de Severus était contre sa gorge, et les yeux d'obsidienne brûlaient de rage alors que Sirius maintenait l'homme. Harry était resté immobile, le dévisageant avec attention, comme s'il n'était pas réellement surpris.
L'animagus pesta, furieux.
- Bon sang, Snivellus ! Laisse-le s'expliquer avant d'agir comme un foutu idiot !

Le Maître des potions s'écarta à contrecœur et Scorpius hésita, avant de continuer.
- Je... J'ai lancé un sort. De la Magie Noire, mais... je voulais juste améliorer les choses. Et je suis revenu ici.
Severus pesta.
- Revenu ? Tu viens du futur ? C'est une plaisanterie n'est-ce-pas ?
- D'où je viens, la guerre est terminée. La paix est revenue. Mais... Mais mon père souffrait de ses erreurs, et j'ai juste voulu l'aider.

Il y eut un grand silence, puis Harry prit la parole, d'un ton neutre.
- Qui est ton père ?
Scorpius baissa la tête, et soupira.
- Drago Malefoy.

Severus laissa échapper un juron rageur. Le jeune homme soupira.
- Mon père... il avait dû prendre la marque. Il n'avait pas vraiment eu le choix, et il n'a rien fait pour y échapper. Je crois qu'il... Il voulait juste survivre comme il pouvait. Je crois qu'il ne se rendait pas compte des conséquences.

Tout le monde était pendu à ses lèvres, et Scorpius continua, chuchotant presque, révélant le secret qu'il protégeait depuis son arrivée dans cette temporalité.
- A la fin de la guerre, il a échappé à Azkaban. Il... il a fait comme si tout allait bien, et il a continué de vivre en ignorant les insultes. Il s'est marié. Il a eu un fils - moi. Je suis entré à Poudlard, et je pensais qu'il allait bien. Aussi bien que possible. Mais ma mère est morte, et ça a brisé mon père. Il... Le jour où j'ai lancé le sort, je l'ai retrouvé ivre, baignant dans son sang après qu'il ait tenté d'arracher la marque sur son bras.

Il sentit la main de Sirius se poser en douceur sur son épaule, mais il continua.
- Mon père ne m'a jamais caché ses erreurs, et ses regrets. Il m'a raconté... Enfin. Il essayait réellement d'être quelqu'un de bien.

Scorpius frotta ses mains sur son pantalon, nerveux, avant de poursuivre.
- Je venais d'enterrer ma mère et je ne voulais pas perdre mon père. J'ai trouvé ce sort, dans la bibliothèque de mon grand-père Lucius. Changer son destin... je pensais que je pouvais éviter à mon père de prendre la marque. Mais je ne pensais pas me retrouver à sa place, ici. Dans son corps.

Severus jura brusquement.
- Espèce d'idiot ! Sais-tu seulement ce que tu as fait ?
L'adolescent leva les yeux vers le parrain de son père, et ses yeux gris pétillèrent un bref instant de malice.
- Je suis ici depuis la fin du tournoi des trois sorciers. J'ai une assez bonne idée des conséquences.
- Tu as remplacé ton père, et en faisant ça... tu n'existeras jamais ! Celui que tu étais... tu as juste sacrifié ta vie, stupide gamin !

Le blond haussa les épaules d'un air indifférent en fixant le potionniste.
- Ça je le savais en lançant le sort.
Severus chancela légèrement, choqué de la réponse. Le jeune homme s'expliqua, d'une voix calme.
- Je ne vais pas dire que ma vie d'avant ne me manque pas. Mon père me manque, mon meilleur ami aussi. Mais... mon père méritait vraiment une autre chance, je voulais que... Ce n'était pas juste que le monde magique lui reproche ce qui s'est produit alors qu'il n'était qu'un enfant !

Severus quitta la pièce à grands pas, furieux, suivi de près par Sirius, laissant les deux adolescents seuls. Scorpius resta silencieux, tête baissée, refusant de regarder Harry et de risquer de lire le rejet dans ses yeux.
Après tout, il lui avait menti sur son identité, alors qu'ils devenaient proche, et le brun avait toutes les raisons d'être en colère...

Cependant, il oublia tout lorsque Harry vint s'asseoir à ses côtés, et qu'il l'enlaça en silence, le serrant fermement contre lui. Les larmes aux yeux, Scorpius s'accrocha à lui avec désespoir.

Après un long moment, Harry gloussa doucement, sans s'écarter ou faire mine de le lâcher.
- Finalement, tu t'appelles comment ?
- Scorpius.
- Enchanté Scorpius. Ravi de te rencontrer.
- Tu ne m'en veux pas ?

Sentant l'incertitude dans la voix du blond, le brun resserra son étreinte.
- T'en vouloir de quoi ? De m'avoir aidé ? De protéger ceux que tu aimes ? Je suis juste... content que tu me fasses confiance.


Prompt de demain : de retour

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