Mon chéri

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En sortant de la salle sur demande, Harry vérifia que personne ne passait dans le couloir, et sourit à Hermione. Presque au même moment, Severus Rogue sortit des ombres entre deux armures.
Si la lionne eut un mouvement de recul, Harry sourit largement, brandissant le diadème victorieusement.

Sans faire de commentaire sur la jeune Gryffondor, Severus hocha la tête presque imperceptiblement.
- Allons-y.
Harry enlaça brièvement Hermione pour la saluer et rejoignit le professeur sans la moindre crainte.

Avec une grimace en direction de l'objet, dont il sentait les émanations maléfiques, Severus pesta.
- Hors de question de ce balader au vu et au su de tous avec ce truc. Nous allons devoir ruser et passer par la cheminée de Minerva.

Harry hocha doucement la tête sans protester, se contentant de suivre l'homme. Cependant, alors qu'ils allaient emprunter les escaliers, l'adolescent le stoppa en agrippant sa manche.
Severus fronça les sourcils pour dévisager le gamin et attendit une explication, sans dire le moindre mot. Il nota que le Gryffondor semblait plongé en pleine réflexion, et il s'apprêtait à le bousculer un peu - mieux valait qu'ils ne soient pas vus dans les couloirs de Poudlard - quand Harry soupira et se redressa, passant une main un peu tremblante sur son visage.
- Nous devrions le détruire ici.

A une époque, Severus aurait répondu sèchement au jeune homme, sans même se préoccuper de savoir si sa réflexion était pertinente ou non. Cependant, les choses avaient changé. Son opinion sur le fils de James Potter avait changé.
Il tira le garçon dans un couloir abandonné, pour ne pas rester en plein milieu du passage et rester repérables.
- Explications.

Harry ne parut pas gêné par le ton sec, et il soupira.
- Je repensais au journal en seconde année. Je l'ai détruit, vous saviez ?
Le maître des potions grogna un assentiment, sans pour autant voir où le gamin voulait en venir. Harry continua, hésitant.
- D'après ce que j'ai compris, je n'ai pu le détruire que parce que je... j'ai planté un croc de basilic directement dedans. Le venin a...
Severus répondit d'un ton agacé.
- Rien ne survit au venin de basilic, Harry.

L'adolescent gloussa et lui jeta un regard malicieux.
- Sauf moi visiblement. Je n'aurais pas pensé à utiliser son crochet s'il n'avait pas été planté dans mon bras.
Les yeux de l'homme s'écarquillèrent un bref instant, et il se renfrogna rapidement.
- Toujours à faire l'intéressant, Potter.

Harry se mit à rire, nullement vexé.
- Vous allez avoir l'occasion de découvrir la Chambre des secrets.


Sans un mot de plus, le professeur de potions suivit le jeune homme, fixant son dos d'un air pensif, se demandant jusqu'à quel point Dumbledore avait caché des éléments de ce qu'il avait vécu comme aventures. Il savait qu'il avait retrouvé la jeune Weasley lorsqu'elle avait été portée disparue, mais Dumbledore avait habilement éludé l'existence de la Chambre des Secrets, tout comme la blessure de Basilic qu'il semblait avoir récolté.

Lorsqu'ils entrèrent dans les toilettes du troisième étage, Severus plissa les yeux et regarda autour de lui, un sourcil étonné levé. Il frissonna lorsque Harry prononça les mots qui permettaient d'ouvrir la Chambre en fourchelang, et après une hésitation, suivit le gosse dans les profondeurs de l'école.

Ils progressèrent en silence, Harry regardant autour de lui d'un air songeur, comme s'il revivait des souvenirs. Puis ils entrèrent dans la chambre proprement dite, et Severus ne put cacher son ébahissement. Il hoqueta en voyant les restes de l'immense serpent, et il avança lentement, stupéfait.
- Tu as fait face à ce monstre ?
Les yeux fixés sur le reptile, Harry fredonna en signe d'acquiescement. Il tendit la main pour toucher la peau desséchée et il soupira.
- Le... l'horcruxe l'a jeté sur moi. Il était prêt à me tuer. Sans l'aide de Fumseck...
Severus posa une main sur l'épaule du jeune homme et secoua la tête. Il approcha de la gueule monstrueuse et imagina un gamin de tout juste douze ans devant. Il n'avait jamais eu conscience à quel point ils avaient été près de perdre le garçon...

D'un geste brusque pour masquer son trouble, il arracha un crochet, notant l'emplacement vide. Celui que Harry avait pris dans le bras d'après son récit. Il se retourna en faisant tournoyer ses robes et tendit l'objet au brun.
- Je te laisse faire ? Je préfère avoir les mains libres pour garder tes arrières en cas de problème.
Harry posa le diadème sur le sol et prit le crochet en déglutissant, serrant convulsivement le poing dessus. Inquiet, Severus l'observa.
- Tout va bien ?

Les yeux verts un peu vagues se levèrent vers lui et le jeune homme hocha la tête, un peu perdu. Il se laissa tomber à genoux à côté de l'horcruxe et leva le bras, prêt à planter le crochet dans le saphir brillant.


Avant de pouvoir aller jusqu'au bout de son geste cependant, une fumée sombre entoura l'objet, et Severus s'agenouilla vivement et l'attira à lui, le ceinturant par la taille, éloignant Harry de ce phénomène pour le moins inquiétant.
Harry pouvait cependant encore atteindre le diadème, en étirant un peu le bras.

Très vite la fumée se dissipa pour laisser place à une silhouette fantomatique. Harry écarquilla les yeux, le souffle coupé, et resta totalement figé, incapable de se reprendre.
Devant lui, se tenait la silhouette de sa mère, telle qu'il l'avait vu autrefois dans le miroir du Rised ou même dans le cimetière lors de la résurrection de Voldemort.

Lily Potter le regardait avec douceur, souriante, et elle tendit la main. Cependant, un frisson dévala l'échine de Harry et il recula contre son professeur pour éviter le contact, incrédule.
L'apparition ne sembla pas s'en formaliser, et un murmure retentit.
- Mon chéri... Ne fais pas ça.

Harry jeta un coup d'oeil au diadème puis au visage maintenant triste de sa mère. Il déglutit, perdu, et tourna la tête vers Severus Rogue.
L'homme avait longuement été son professeur détesté, il avait eu du mal à lui accorder sa confiance, pourtant les choses s'étaient arrangées entre eux, même si tout n'était pas parfait. Cependant, en le voyant à cet instant totalement défait, visiblement au bord des larmes, tremblant, Harry se raidit.

Voir cet homme fort, presque invincible à ses yeux, dans cet état fut l'électrochoc qu'il fallait au jeune homme. Avec un hurlement de rage, il leva le bras et se jeta en avant en l'abattant brusquement, plantant le crochet de Basilic dans le saphir du diadème, sans pour autant échapper à l'étreinte ferme de son professeur.

Un hurlement strident retentit alors que la silhouette fantomatique disparaissait, et Harry haleta avant de perdre connaissance, des larmes coulant sur ses joues.

Prompt : soif de sang insatiable

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