Chapitre 7 - Je te jure que...

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- Dis, San tu comptes vraiment aller à l'expédition de demain ? Je veux dire tu n'es là que depuis ce matin donc comment vas-tu faire ? me demande Jean d'un air intrigué.

- Je ne sais pas mais ça paraît logique que je ne vais pas venir. Je vais demander ça à la grande perche tout à l'heure.

Il me regarde avec de gros yeux :

- Si les instructeurs t'entendaient parler du major comme ça !

- Il n'y a que moi qui ai le droit de l'insulter, je plaisante en tirant la langue. Bon, en attendant je vais me reposer, je n'ai pas vraiment dormi cette nuit et je manque de sommeil.

Je salue la petite bande et me lève pour rejoindre le dortoir. Nous avons passé tout l'après-midi à papoter, allongés en étoile dans l'herbe. Ces gosses m'ont fourni ma distraction et j'admets qu'ils sont tous très sympathiques. Ils m'ont posé mille et une questions sur l'agence, mon enfance, mon travail, sur mes talents au combat et sur Erwin. Ils sont très curieux, mais très sympathiques.

Ils m'ont aussi tous raconté leur histoire, un par un, et comment ils sont arrivés dans ce bataillon de suicidaires. Le trio des traumatisés, Sacha dite « patate girl » par son fidèle acolyte à qui on a fortement déconseillé de rentrer chez elle avant d'avoir fait quelque chose de sa vie, Jean dit « le cheval » par Eren qui n'a pas pu faire bouger ses jambes pour partir en courant lorsqu'on lui a demandé s'il voulait rejoindre le bataillon, le petit Conny en qui personne ne croyait... Seules Christa et Ymir sont restées assez brèves lors de leurs présentations. Ils m'ont aussi tous raconté comment est-ce qu'ils avaient vécu les destructions des murs.

J'ai entendu des histoires très intéressantes, d'autres très tristes, mais ces mômes sont forts et ça se voit au premier coup d'œil. Ils font semblant de se taper dessus les uns les autres mais au fond ils se serrent les coudes face à ce monde cruel et plein de mystères. C'est beau à voir et ça met du baume au cœur. M'enfin bref, toutes ces histoires m'ont fatiguée et je décide d'aller dormir un peu avant le repas. Je rejoins ma chambre en croisant quelques soldats qui me félicitent de ma prestation contre le caporal remontant à quelques heures plus tôt. Je leur réponds d'un signe de tête amusé. Lorsque j'entre dans ma chambre, je me précipite sur mon lit et m'endors presque instantanément.

J'ouvre brusquement les yeux lorsque j'entends toquer à la porte. Un rien me réveille, c'est une vieille habitude d'agent.

- San ? demande une voix que je connais trop bien à présent.

J'essuie un filet de bave au coin de ma bouche et passe ma main dans mes cheveux en bataille. La porte s'ouvre sans que je n'en ai donné l'autorisation. Je prends une grande inspiration et m'étire longuement alors qu'Erwin passe sa tête par la porte. Je l'observe. Cela me fait toujours bizarre de le voir, dès qu'il apparaît devant moi je suis stupéfaite de voir comme il a changé et grandi.

- C'est l'heure de manger, m'informe-t-il d'une voix monotone.

- J'ai pas besoin d'un escorte.

Il ouvre la porte en grand en guise de réponse. Je soupire.

- Bon ! Puisque t'insistes.

Je me lève, le rejoins, et nous nous mettons en marche dans le couloir sans rien nous dire. En vérité, j'ai beaucoup de choses à lui dire, mais je ne sais pas par laquelle commencer, je ne sais pas comment choisir mes mots donc je préfère me taire. C'est lui qui rompt le silence le premier :

- Tu m'en veux toujours ?

- Un peu.

Il ne répond rien et nous continuons à marcher en silence. Je me résous à lui avouer :

Embrasse-moi gamineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant