Chapitre 32 - COMPTEEEZ SUR NOUS !

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Moi, Jean, Conny et Sacha n'avons pas cessé de chanter une seule seconde depuis que nous avons atteint le mur. Nous avons fait monter nos chevaux et grimpé le mur sans cesser de hurler, mais avons dû la mettre en sourdine pour qu'Erwin nous précise les ordres. Il nous a tenu un fier discours sur le courage que doit tenir le soldat du bataillon qui nous, je cite, « éclairera jusqu'à la fin de cette opération et jusqu'à notre dernier souffle de combattant ». C'était très cliché comme phrase, mais aussi très encourageant. Très digne d'Erwin, quoi.

Le bataillon entier est posté tout en haut du mur. Nous commençons à faire descendre nos chevaux dans la zone non-sécurisée car cela prend du temps. Nos trois chefs, Livai, Hanji et Erwin, semblent très concentrés, tout comme Mikasa, Armin et Eren. Moi et mes trois autres amis sommes les seuls à être excités. Nous avons peur, mais nous exciter comme nous le faisons nous permet de reculer cette peur assez loin pour qu'elle n'engloutisse pas notre courage.

Quant aux gens du mur Rose, c'est très surprenant. Bien que je ne savais pas du tout qu'Erwin en était le major avant, je connaissais le bataillon et je savais ce qu'il faisait. Je savais également à quel point personne ne l'aimait. J'avais entendu des histoires comme quoi à chaque retour d'expédition le bataillon se faisait huer d'injures à cause toutes ses pertes. J'avoue que lors du départ et de l'arrivée de mes deux premières expéditions, les habitants semblaient nous regarder d'un mauvais œil. Aujourd'hui, c'est bien différent : la population du mur Rose est agglutinée au bas du mur et hurle pour notre réussite.

Les gens sont tous là, poings en l'air, applaudissant, criant de quoi nous donner du courage, nous suppliant de revenir entiers, hurlant que nous allons réussir cette mission et que nous allons reconquérir le mur Maria. Je ne sais à quoi est dû ce changement, il a dû se passer certaines choses dont je ne suis pas au courant, mais chaque nouveau cri me donne des frissons sur tout le corps. Je me sens un peu comme une héroïne qui s'apprête à faire quelque chose de brave.

Je ne sais pas trop si je vais réussir ou non, si je vais mourir ou survivre, ce que je vais faire ou ne pas faire, si je vais être utile ou non, mais je suis certaine d'une chose. Ces cris de détermination de la part des habitants me revigorent de la moelle des os jusqu'à la dernière couche de la peau. J'ai toujours peur, certes, mais ma conviction et mon courage sont démultipliés grâce à leurs encouragements.

Je m'approche du bord du mur entre mes trois amis. Nous hurlons de toutes nos forces pour que toute l'agglutination de gens nous entende :

- COMPTEEEZ SUR NOUUUS !

A ma plus grande joie, des habitants nous entendent et nous acclament en sautant sur place. J'ai beaucoup moins de mérite que mes trois amis car je ne suis pas là depuis la chute du premier district, depuis le départ, mais ces gens m'acclament comme si. Nous continuons de crier en brandissant nos lames pour leur montrer à quel point nous sommes prêts et heureux de nous faire acclamer.

Un hurlement bien plus fort, grave et long que tous les nôtres résonne du haut du mur, pas loin de nous. Ce hurlement est si puissant que toute la population se tait pour l'écouter jusqu'à la fin. Je tourne la tête, voit d'abord Hanji qui Erwin d'un drôle d'air, puis Livai qui le scrute avec d'énormes yeux, puis Erwin, le poing en l'air, la bouche grande ouverte, les sourcils froncés de détermination, qui reprend son souffle. J'ai une seconde de bug.

Puis la totalité de nos acclamateurs agglutinés au bas du mur, ces centaines et centaines de personnes, presque des milliers, qui s'étaient tues d'un coup, se mettent à hurler de toutes leurs forces pour répondre au cri de guerre d'Erwin. Erwin se remet à hurler, en même temps qu'eux et je ressens la profondeur de sa détermination jusqu'au plus profond de mon cœur.

Embrasse-moi gamineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant