Embrasse-moi gamine

Chapitre 26 - Je vais trouver ton point faible.

A peine me suis-je plantée derrière la porte que celle-ci s'ouvre en grand. Livai apparaît, dans son pyjama complet, l'air inexpressif, comme si rien ne s'était passé. Bon, au moins il est trop tard pour que je fasse demi-tour.

- Comment fais-tu pour toujours savoir que je suis derrière la porte de la pièce où tu te trouves ? je lance en tentant de paraître naturelle.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Je m'ennuie encore et je n'arrive pas à dormir.

Livai me referme littéralement la porte au nez, mais j'arrive à caler mon pied contre le mur avant qu'il ne puisse la fermer complètement. La porte se cogne dans mon pied.

- Aie !

Il fait exprès, aimable comme il est, de tirer vers lui pour m'écraser le pied contre le coin du mur.

- AIE ! Livai ! Arrête !

Je tire la porte vers moi et cours à l'intérieur de la chambre. Il est très froid, on dirait qu'il est fâché ou de très mauvaise humeur. Est-ce à cause de ce qu'il s'est passé ? Il me regarde mi blasé mi fâché.

- Sors de là.

- Ha ! je m'exclame en regardant son petit bureau rempli de papiers. Tu es encore en train de faire ces trucs chiants. Tu n'en as pas marre ?

- Qui a dit qu'être caporal était amusant ?

- Je peux t'aider ?

- Tu es bizarre aujourd'hui gamine à vouloir m'aider.

- Je m'ennuie. C'est tout. Ne te fais surtout pas d'idées. Et puis c'est toi qui es bizarre.

Je lui lance un regard qui veut froidement dire « à m'embrasser tendrement pour être aussi cruel » auquel il me répond d'un regard encore plus froid qui signifie « je te déteste sale gamine de merde » auquel je réponds par un autre regard qui l'insulte. Même si je joue à ce petit jeu de regard, je fais tout pour ne pas laisser ma douleur paraître sur mon visage. Je vais me venger. Je vais me venger. Mais pas tout de suite. Encore un peu de patience.

- Tch.

- C'est quoi ? je m'étonne en saisissant les papiers.

- Bas les pattes ! s'écrie Livai en se précipitant vers moi. Pas touche.

Je tente de brandir les papiers en l'air et de l'empêcher de les récupérer pour l'énerver mais il me broie les deux poignets alors j'abandonne très vite.

- Arrête de me faire mal tout le temps ! Tu ne jures vraiment que par la violence.

- J'ai dit pas touche, se plaint-il en replaçant ses papiers avec exactitude sur la secrétaire. Tu n'as qu'à pas me désobéir aussi souvent.

Je pars m'installer dans le fauteuil qui trône dans la chambre près de la secrétaire et tente de trouver une position confortable. Livai me juge du regard.

- Comment tu peux dormir dans un truc pareil ?

- Est-ce vrai qu'il n'y avait pas de lit là où tu travaillais avant ?

- Où je travaille, je le rectifie gravement. Je suis toujours agent. Je fais juste une pause. Et ouais. On n'a pas le temps de dormir, nous. Quand on est enfant ou ado, on a une chambre, mais plus à partir d'un certain âge. On passe notre temps à courir partout. On ne peut que trouver un canapé de temps en temps.