Chapitre 14 - toum

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*toum*

Je me réveille en sursaut et me redresse dans mon lit en clignant des paupières. Un rien me réveille, toujours la même vieille habitude. Ce bruit provient de derrière la porte, comme si quelqu'un avait donné un léger coup contre le bois, ou comme si on venait de s'y adosser, provoquant ce minuscule bruit qui m'a tiré de mon sommeil. Je suis aussitôt persuadée que c'est quelqu'un, je le ressens, et mon instinct ne me trompe jamais.

Cette surprise inattendue m'a complètement éveillée, j'ai les yeux grands ouverts et je suis prête à bondir de mon lit si un intrus s'aventure dans la chambre. Je regarde Mikasa qui dort à poings fermés : elle semble n'avoir rien entendu. Je m'étonne de m'être endormie si vite après avoir gagné ma chambre, une fois le repas avec toute la bande terminé. Je m'attendais à me retourner dans mon lit, me morfondant dans ma colère contre la décision d'Erwin, mais en fait en me couchant j'étais plus contrariée qu'en colère et j'ai réussi à m'endormir facilement.

Un grincement me fait définitivement sauter en face de la porte, en garde. Grâce aux rayons de la lune filtrés par la fenêtre, je vois la poignée se tourner vers le bas comme lorsque l'on ouvre la porte, et je m'apprête à bondir sur la personne qui va apparaître dans le cadran de bois. Mais rien. La poignée se stoppe, comme si la personne derrière la porte hésitait à ouvrir, puis elle remonte lentement. L'intrus s'est décidé à ne pas entrer.

Il fait bien mais c'est trop tard : il est absolument hors de question que je me rendorme alors qu'à tout moment un petit lardon du bataillon peut s'amuser à entrer dans la chambre et faire je ne sais quoi à moi ou à Mikasa. Je veux en avoir le cœur net, quitte à frapper quelqu'un, à crier et à réveiller tout le château à cette heure aussi tardive. Je m'approche à grands pas, saisis la poignée et ouvre la porte d'un coup sec.

Il fait presque complètement noir dans le couloir, si ce n'est qu'à l'exception de quelques torches en fin de vie qui baignent les murs d'un faible halo. Je m'apprête à sauter sur la silhouette en face de moi, mais lorsque je vois son visage je m'arrête net dans mon élan.

Livai se tient devant moi, les cheveux complètement ébouriffés et une bouteille d'alcool à la main, vêtu seulement d'un t-shirt blanc et d'un pantalon souple noir, tout comme moi (ce sont les pyjamas fournis par le bataillon). Lorsque j'apparais devant lui, il lève sur moi des yeux de chien battu, et j'en ai presque pitié. Une sensation étrange de contrariété me chatouille la nuque et je m'empresse de fermer la porte derrière moi, avant de me retourner vers lui.

- Mais qu'est-ce que tu fous là ? je murmure sur un ton quand même désagréable.

Ce n'est pas parce que je ne peux pas parler fort que je dois être gentille avec lui. Il lève maladroitement son index en l'air, comme pour me mettre en garde, et dit d'une voix lente :

- C'est pas b-bien de flirter avec son major. Je devrais...

Il est interrompu par un hoquet, et je fais tout de suite le lien entre ce hoquet et la bouteille d'alcool qu'il serre dans sa main.

Il me plaque tout doucement contre la porte en posant sa main libre à gauche de ma tête. Je me sens bizarrement aussitôt nerveuse à cause de ce geste doux qui ne ressemble pas du tout à ceux d'il y a quelques jours. Je laisse échapper un murmure incertain, comme pour lui demander ce qu'il fait.

- Livai ?

En guise de réponse, il s'approche de moi et laisse tomber sa tête sur mon épaule en continuant :

- Je devrais te p-punir.

Je n'ose bouger, et je n'ose pas non plus le repousser, surprise par ce comportement, par cette nouvelle facette du caporal que je découvre.

Embrasse-moi gamineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant